C’est donc sous les flèches du champion en titre, Miami, que les Bobcats ont dit adieu aux playoffs, mais aussi à la NBA. Cette nuit, avec l’élimination des coéquipiers de Kemba Walker, on a vécu les derniers instants de la franchise de Charlotte, version Bobcats. Dans quelques semaines, elle reprendra officiellement le nom de « Hornets », libéré par la création des Pelicans à la Nouvelle Orléans. Retour sur l’histoire d’une jeune franchise en quête de popularité.
Pour les plus de 30 ans, dont je fais partie, le nom « Hornets » est quasi magique. C’est l’époque de Larry Johnson et Alonzo Mourning, épaulé de Muggsy Bogues et de Dell Curry, le papa de Stephen. Même si les Bulls dominaient la NBA, beaucoup n’avaient d’yeux que pour cette franchise au jeu spectaculaire et aux couleurs « flashy ». Moi le premier. J’adorais les Hornets, fondés sur les terres de Duke et de North Carolina. On portait la casquette ou un T-shirt des Hornets même si on ne soutenait pas l’équipe. On était fan de Larry Johnson pour sa puissance et son enthousiasme. On ne pouvait qu’admirer Bogues qui défiait les géants du haut de son 1m60.
Les Hornets du début des années 90, c’est un peu les Warriors de l’an passé mais puissance 10. Et puis, Alonzo Mourning est parti, attiré (comme d’autres après lui) par le soleil et les millions de Pat Riley. Larry Johnson aussi. Et la magie avec. Rien ne sera plus pareil malgré les belles saisons de Glen Rice, d’Eddie Jones ou encore de Baron Davis. Pire, la franchise est endeuillée par le décès de Bobby Phills.
Les Hornets faisaient rêver…
Finalement, en 2002, la franchise déménage. La salle s’est vidée, et le propriétaire (George Shinn) est accusé de viol. Il quitte la ville avec son équipe, direction La Nouvelle Orléans. Il ne remettra plus jamais les pieds à Charlotte… En Louisiane, pays du carnaval et du vaudou, la magie ne reprend pas, et c’est finalement une tragédie (le passage de l’ouragan Katrina) qui soude la population avec son équipe. Sur le parquet, Chris Paul a repris le flambeau, et on sent que les Hornets pourraient retrouver leur popularité. J’y ai cru à l’époque de Byron Scott et de David West.
Mais, pendant ce temps-là, en Caroline du Nord, on s’active à remonter une franchise, avec Michael Jordan comme figure de proue. Son expérience aux Wizards fut un échec mais chez lui en Caroline du Nord, aux côtés du magnat Robert Johnson, Jordan veut marquer l’histoire : la première franchise NBA créée et dirigée majoritairement par un afro-américain. Le tout sur une vraie terre de basket. La sienne.
Le problème, c’est que le nom « Hornets » est pris, et ce sont les Bobcats qui sont choisis alors que la population préférait le « Flight », plus proche de l’imaginaire des Hornets. Les couleurs, le roster et le nom n’enthousiasment personne. Les erreurs de recrutement n’arrangent rien, et la franchise n’atteint jamais les sommets. Pire, elle bat des records de nullité (7 victoires en 2011/12, 23 défaites de suite), et certains se demandent même si Jordan ne saborde pas sa franchise. A titre personnel, seul le passage de Boris Diaw m’a contraint à regarder des matches. Car pour le reste…
… les Bobcats inspiraient la pitié
Et puis, en Louisiane, naissent les Pelicans, et tout redevient possible. Michael Jordan demande l’autorisation de reprendre le nom des Hornets. La NBA y est favorable, et les couleurs et le logo sont fidèles à l’équipe des années 90. En prime, l’équipe décroche les playoffs et se découvrent deux stars : Kemba Walker et Al Jefferson. Le tout sous la coupe d’un coach (Steve Clifford) qui n’aura mis que quelques mois à créer une identité. L’équipe, forte en défense, donne envie à voir, et le public revient.
En fait, je crois qu’il ne manque plus qu’une superstar dans cette équipe. Peut-être arrivera-t-elle par la draft ? Qui se souvient que les Hornets ont drafté Kobe Bryant en 1996…
Après avoir fait fuir les free agent, Charlotte version « Hornets » va donner envie. Michael Jordan a semble-t-il corrigé ses erreurs du passé (hormis sa garde-robe), et il délègue davantage. Il se passionne pour son équipe, et ça déteint sur son groupe.
Le retour des « Hornets » intervient au meilleur moment. Selon des confrères, l’ambiance est incroyablement sereine dans le groupe. Il y a une vraie volonté de créer quelque chose sur le moyen, voire le long terme, et je pense que le duo Walker-Jefferson est une très bonne base pour s’installer durablement dans le Top 8 à l’Est. On verra à la rentrée si… le buzz reprend, mais la bonne nouvelle, c’est qu’on s’arrache déjà les abonnements.