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Tariq Abdul-Wahad, à jamais premier (les débuts en France)

Pour le n°200 de « Mondial Basket », nous voulions interviewer Tariq Abdul-Wahad qui s’était déjà exprimé dans le n°100. Tariq n’a pas souhaité nous répondre.

Cela fait longtemps que le n°11 de la draft 1997 n’a pas causé basket. L’écriture de son autobiographie, programmée il y a plusieurs années, a été annulée. « Trop de truth dedans… », nous a expliqué Tariq qui a vécu une histoire tumultueuse avec l’équipe de France. Et qui a, semble-t-il, tourné la page de la balle orange.

Personne n’oubliera que celui que l’on connut d’abord sous le nom d’Olivier Saint-Jean devint, il y a 13 ans, le premier Français à jouer en NBA. A travers lui, ce sont des milliers d’ados qui réalisèrent un rêve impossible. Pour eux, Tariq avait ouvert et commenté son album photo.

Voici la première partie.

Mon premier ballon de basket, c’est ma mère qui me l’a mis dans les mains. Elle était joueuse au Stade Français Versailles, le club élite du basket féminin en Première division. Quand elle disputait des tournois en banlieue, je devais avoir 4 ou 5 ans. C’est là que j’ai touché mes premiers ballons. En minimes, au VBC (Versailles Basket Club), mon premier club, mon petit frère Samuel s’entraînait avec nous. Plus tard, on l’a surnommé « Kemp ». Moi, j’étais Michael…

Mon premier maillot était blanc. J’avais le n°15, comme ma mère, qui était mon idole. Elle jouait vraiment dur et toujours à fond. Cette image d’elle est ancrée dans ma mémoire. Mon premier entraîneur, Philippe Renaud, était vraiment sympa. Il est resté mon coach pendant 4 ou 5 ans. Je me souviens de ces moments-là parce que nous étions une vraie bande de potes. En retournant à Versailles, j’ai retrouvé Paul, Nicolas, Alexandre, Christophe… Nous allions en classe à Clagny, près de Versailles.

Ma première paire de baskets m’avait été offerte par ma mère. Elle me donnait ses chaussures car elle les avait gratuitement. Ça devait être des Converse Magic Johnson. Je n’ai pas acheté une paire de baskets avant un bon bout de temps.

Je me souviens parfaitement de mon premier panier important. Je l’ai marqué à Versailles. C’était contre Sartrouville. Pour la première fois, je marquais un panier important à la dernière seconde. En plus, je n’avais pas marqué de toute la rencontre ! Je me suis retrouvé dans une position où je ne pouvais rien faire d’autre que prendre le tir. J’étais heureux. Ce fut un grand plaisir de faire gagner mon équipe.

Même si j’avais déjà été sélectionné au niveau départemental dans les Yvelines, ma grande fierté, ce fut une sélection en équipe d’Ile-de-France, avec le coach Ivano Ballarini. Pour ma première pré-sélection, je vais dans la salle de Levallois. Là, je vois des géants. Je me suis dit que je ne rentrerais jamais dans cette équipe. Mon père m’avait accompagné. C’était la première fois qu’il venait me voir jouer au basket. Lui, il était plutôt football.

Plus tard, j’ai reçu un courrier qui me convoquait à Saint-Ouen-l’Aumône. C’est là que j’ai rencontré mes potes du basket : David Lesmond, Richard Papin, Khamel, Christophe, Marcel… Je jouais aussi en scolaire, en UNSS (ndlr : Union Nationale du Sport Scolaire). J’étais en pension à Rouen. Ma mère m’y avait inscrit parce que j’avais redoublé ma Troisième à cause de mes mauvaises notes. C’était dur, je ne pouvais pas m’entraîner de la semaine. Mais il fallait que je subisse ce régime.

A cette époque-là, j’étais quelqu’un qui faisait ce qu’il avait à faire, sauf travailler à l’école. Je taggais sur les murs. Smurfer, j’étais dans le mix… Ma mère s’entraînait ou entraînait et moi, j’étais toujours en vadrouille jusqu’à 10 heures du soir. J’écoutais Run DMC, Public Enemy… Ma mère avait un ami à New York qui m’envoyait toutes les dernières nouveautés. J’avais un blouson Starter des Knicks, satiné, orange fluo. Je le portais avec une grande fierté. J’adorais le basket et je savais que c’était une façon pour moi de réussir dans la vie.

Jean Mallasigné fut mon premier coach à Evreux. J’en garde de très bons souvenirs. Même si Evreux est proche de Paris, ça faisait bizarre, c’était la province. Il n’y avait pas de bus, aucun moyen de filer sur Paris. Heureusement, je venais de vivre une année à Rouen. La transition s’est faite plus facilement. Les amis, c’est vraiment important. Tu ne peux pas en avoir trop. Avec ceux que tu as, il faut vraiment donner le maximum. David (Lesmond) était à l’INSEP. Ma mère n’a pas voulu que j’y aille. En tout cas, c’est ce qui se dit. Je ne suis pas certain que l’INSEP était intéressé par moi. Je savais que David évoluait avec des joueurs de talent, j’étais content pour lui. En plus, il était surclassé.

Pour ma part, deux clubs m’avaient fait des propositions : Tours et Evreux. A Tours, ils n’avaient pas de familles d’accueil, ils hébergeaient les Espoirs dans des appartements juste en face du Palais des Sports. Mes parents préféraient une famille d’accueil. Ce qui m’a sidéré avec la mienne, à Evreux, c’est la maison. Je n’en avais jamais vu une aussi grande… J’étais en extase, stupéfait par son immensité. Très accueillants, les parents avaient deux filles et un garçon, Péguy, Delphine et François. Ce fut ma deuxième famille.

A Evreux, je touchais une indemnité mensuelle de formation de 400 francs (ndlr : 60,97 euros). J’étais en Seconde au lycée Saint-François-de-Sales. C’est là que j’ai rencontré des potes hors basket comme Amir et Alexandre qui sont restés des copains plus tard. Je garde de très bons souvenirs de ce lycée. Les jeunes qui venaient de Paris avaient un esprit de missionnaires (sic). On savait pourquoi on était là.

Je côtoyais énormément les Américains du club, les meilleurs pour moi. Etre à côté d’eux me permettait de comprendre et d’apprendre. Mike Hackett, par exemple. Il m’a envoyé un e-mail après mes débuts à Sacramento pour me féliciter. C’était comme un père pour David et moi. Il est resté une seule année à Evreux mais avec lui, j’ai appris beaucoup de choses sur la vie, le basket. Après les entraînements, on jouait en 2 contre 2. David et moi contre les Ricains. On essayait de voir si on pouvait être meilleurs qu’eux. C’était dans notre état d’esprit.

Dès ma première année, je crois que je suis rentré dans l’équipe pro pour quelques bouts de match. J’avais à peine 16 ans. En revanche, je ne me souviens pas contre qui j’ai joué mon premier match pro. Je sais simplement que j’ai eu du mal à rentrer sur le parquet. J’étais tellement nerveux que je n’arrivais pas à enlever mon survêt… Au cours de ma deuxième année, j’ai joué sur les deux tableaux, Espoirs et pros. C’était vraiment agréable parce que je me rendais compte que je progressais.

Quand le phénomène « Dream Team » est arrivé, le basket était en pleine effervescence. Je suis alors dans mes deuxième et troisième années Espoir. Je commence à être régulier sur les playgrounds. J’affronte tous les joueurs de la région parisienne. David, qui les connaît tous, me présente à pas mal de monde. J’allais parfois à Bir-Hakeim parce que mon père s’entraînait au foot là-bas. David m’a fait découvrir le CIS de Clignancourt. Nous étions des jeunes enragés de basket. Ça jouait ! Il y avait Makan (Dioumassi), Mouss Sonko, Harold, Lamine, Scottie, Gauche… On était tous sur le terrain. Seuls les plus forts et les plus spectaculaires s’imposaient.

Je n’ai jamais supporté d’être dominé. Sur un parquet, je peux devenir un killer. Geneviève Guinchard, qui m’avait déjà recommandé auprès du club d’Evreux, a fait passer le mot à Jean-Pierre de Vincenzi qui était alors entraîneur de l’équipe de France Juniors. Geneviève est la bonne fée qui s’est penchée sur mon berceau. Si elle n’avait pas téléphoné, je ne serais jamais allé dans l’équipe de France Juniors de 1992. J’ai été sélectionné puis retenu dans le groupe. On a disputé les qualifications du championnat d’Europe à Coblence, en Allemagne. C’est là que j’ai été vu par Rob Meurs, un scout qui travaillait pour la NBA.

Il recherchait des talents en Europe. Il m’a invité à l’ABCD Camp, à UC Irvine, près de Los Angeles. Je n’avais pas les moyens mais des gens proches de la famille étaient prêts à me payer le billet d’avion, notamment Henry Fields. Finalement, c’est Evreux qui me l’a payé. Quand Rob m’a dit que j’aurais l’opportunité de jouer devant des coaches universitaires, c’est devenu une obsession. Je savais que je devais avoir mon bac pour partir, alors je me suis accroché.

Je suis allé à ce camp durant l’été 1992. Je prends un vol Paris-Los Angeles mais contrairement à ce qui était prévu, il n’y a personne pour venir me chercher à l’aéroport. Je ne comprends pas… Je suis un peu paniqué. Mon rêve américain commence à se concrétiser et lorsque j’arrive à l’aéroport, il n’y a personne. Je ne sais pas où je vais. J’ai juste une adresse, je me débrouille pour m’y rendre avec la navette. Quand j’arrive là-bas, c’est la panique totale. Je leur demande qui est « l’abruti » qui devait venir me chercher… On le pointe du doigt, c’était Keith Moss.

Il s’était rendu au mauvais terminal. J’arrivais sur Air France et lui s’était pointé sur American Airlines. Il cherchait un Français de 2,10 m, blanc alors que j’étais noir et que je faisais 1,98 m… C’est là que nous nous sommes rencontrés. Après ça, on ne s’est plus lâché. Keith s’est excusé. Plus tard, il est devenu mon coach personnel.

Le premier jour du camp, avant de rentrer sur le terrain, j’étais complètement paniqué. Quand j’ai vu le gabarit des mecs, je me suis demandé ce que j’étais venu chercher là. J’étais anxieux. Les meilleurs joueurs de nombreux pays européens étaient invités. Je me suis retrouvé dans la même chambre qu’un autre Français, le fils du coach Monschau. Le matin, on faisait des exercices. Le soir, on jouait des matches. Lors de ma première rencontre, j’ai cassé la baraque. Jelani Gardner me servait sur un plateau. Je n’avais qu’à courir et dunker. Ce soir-là, je me suis fait une place au soleil.

A la fin du camp, j’ai été sélectionné dans la All-Star Team. Sur les 200 joueurs, j’étais parmi les 20 meilleurs. C’était inimaginable. Quand ils ont appelé mon nom à la fin, je n’y croyais pas. Je me suis dit : « Ce n’est pas possible ! » Là, en regardant ces gars qui me paraissaient intouchables, je me suis dit que j’étais aussi fort qu’eux. J’ai compris que je venais d’obtenir ma bourse pour l’université.

Je suis rentré en France et les lettres sont arrivées à une cadence infernale. 80% des facs m’ont sollicité. Tenez, un scoop : un soir, j’ai demandé à ce qu’on me coupe les cheveux. Devinez qui s’y est collé ? Antonio McDyess… Il m’a fait un petit dégradé. Dès la fin du camp, je suis parti rejoindre l’équipe de France Juniors qui était en stage au Temple-sur-Lot. Je suis arrivé en pleine confiance et avec un maximum de souvenirs. Le championnat d’Europe se déroulait en août. On a surpris tout le monde en montant sur la plus haute marche du podium. Champion d’Europe, c’est une sensation indescriptible !

J’ai reçu des centaines de lettres. Je devais faire un choix. J’ai visité cinq campus. Je suis allé à Louisiana State, Providence, Michigan, North Carolina et Iona, une petite fac de New York. C’est là que je voulais aller au départ. Je ne cherchais pas une grosse université. La période de recrutement a duré une année. Tout le monde est venu me rendre visite. Je pense qu’à Evreux, ils ont réalisé que j’allais partir. C’était évident. Quand un coach comme Dale Brown quitte les States pour venir assister à ton match, à tes entraînements et que tout le monde le sait, l’issue est inéluctable.

A suivre…

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