Dans un match perdu de douze points (85-73) face au Canada, médaillé de bronze à la dernière Coupe du Monde, Vincent Collet n’a pas pu manquer la stat qui tue, celle des balles perdues (20).
Qui a non seulement plombé ses Bleus déjà pas très confiants dans leurs montées de balle, mais qui a également donné un surplus de confiance (dont ils n’avaient pas besoin) aux extérieurs adverses, à l’image de Shai Gilgeous-Alexander (23 points, 5 rebonds, 5 passes) et RJ Barrett (21 points, 4 rebonds).
Bien qu’on soit à une semaine du match d’ouverture face au Brésil, le sélectionneur de l’Équipe de France prône la patience. Son groupe continue de progresser, même si les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances…
« On peut rater une ou deux possessions mais pas en enchaîner trois, quatre, cinq à la suite »
Vincent, qu’est-ce qui a manqué à votre équipe pour prendre sa revanche face au Canada ?
Il nous a manqué plusieurs choses. D’abord, il a manqué des points dans le secteur extérieur avec des tirs ouverts qu’ils nous laissent mais qu’on ne convertit pas lorsqu’ils font l’écart. Avant ça, j’ai regretté que lorsqu’on est passé devant en début de deuxième mi-temps, on a cafouillé trois ou quatre possessions consécutives alors qu’on continuait à bien défendre. On aurait pu avoir un momentum dont on s’est donc privé par la même occasion. Malgré tout, on est revenu, en étant tout près à la fin du troisième quart-temps mais on sentait qu’on y croyait déjà beaucoup moins. On pioche un peu car offensivement, on a des solutions qui sont limitées. Mais en première mi-temps, on a progressé. C’était mieux que les matchs précédents, même que le scrimmage de mercredi. On n’a pas encore la constance sur l’intégralité du match.
Leur impact physique, surtout sur les lignes extérieures, vous a fait très mal, notamment dans la mise en place du jeu offensif. Comment expliquez-vous ces 20 balles perdues, fatales à ce niveau ?
On avait mieux répondu mercredi [lors du scrimmage à huis clos]. Vous savez, ce qu’on a fait mercredi, pour nous, c’était un match. Sauf qu’il n’y avait pas de public. Il y avait des arbitres et une table de marque. On a mieux répondu mais ce qui nous a fait mal, c’est leur ligne arrière. Même si la défense a été consistante sur la durée du match. Quand ils ne savent plus trop quoi faire, ils ont cette chance de pouvoir s’en remettre à Shai [Gilgeous-Alexander], mais aussi à [Andrew] Nembhard qui a fait aussi beaucoup de chantiers, sur des actions individuelles. Nous, on a marqué 4 points en un-contre-un, et eux 20, c’est énorme. L’autre grosse différence se situe sur les balles perdues. Eux marquent 25 points sur nos balles perdues et nous seulement 9. C’est plus que l’écart final. C’est la première stat qui saute aux yeux, sachant qu’on marque le même nombre de paniers [25], avec la même réussite aux tirs [45%]. Ils ont davantage de lancers francs [26/30 contre 15/20]. On prend à peu près le même nombre de rebonds, même un peu plus pour nous [33 contre 31], le même nombre de passes décisives [22 à 20 en faveur du Canada, ndlr] mais voilà, il y a dix balles perdues d’écart.
Malgré ce troisième revers de suite qui plombe forcément un peu le moral, estimez-vous que le groupe avance dans le bon sens ?
Clairement, on avance, mais on voudrait que ce soit plus rapide. Il y a quand même des progrès. Mais il faut que ces progrès soient plus constants. On a encore des périodes où on ne fait pas assez et surtout, elles peuvent durer. Il faut aussi qu’on gagne en sérénité. On peut avoir une ou deux possessions moins bien négociées mais pas en enchaîner trois, quatre, cinq à la suite, comme ça a été le cas quand on avait pris l’avantage. On doit gagner en maturité mais surtout en sérénité.
Quel est l’état d’esprit de vos troupes à cet instant ? Quel a été votre mot d’ordre après cette défaite ?
On ne va pas lâcher l’affaire. C’est ce que j’ai dit aux joueurs dans le vestiaire. Le plus important et le plus difficile dans cette situation-là, on le sait, on n’est pas bête, on vient de perdre trois fois consécutivement, donc forcément que ça nourrit des inquiétudes et c’est légitime. Mais on ne doit pas abandonner, bien au contraire. Cela doit nous booster. La compétition commence dans huit jours et il faudra que l’on soit prêt pour le premier match. On sait que si l’on négocie bien le début de notre compétition, contre des équipes qui sont de bonnes équipes mais qui ne sont pas celles qu’on a jouées cette semaine et la semaine dernière, les choses peuvent vite évoluer. On doit continuer à avancer.
« Nos intérieurs, même s’ils sont dominants, ils ont besoin d’être alimentés »
Quels sont les motifs de satisfaction selon vous ?
Il y a des choses positives. Comme le passage de Nando en première mi-temps. Il confirme ce qu’il nous avait déjà montré mercredi, qui monte en puissance. Il faut garder le cap. Dans ces moments-là, il est facile de vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain mais c’est là qu’il faut qu’on soit solide. Bien sûr être conscient du chantier et du travail qu’on doit encore accomplir mais pour l’instant, on est vivant. Il faudra être en mode combattant mais sur ce point-là, je trouve que mes gars se comportent plutôt très bien.
Au sujet des carences du secteur extérieur, voire du poste de meneur en particulier, n’est-ce pas tout aussi handicapant de ne pas marquer de points mais encore plus de ne pas réussir à faire la passe pour le secteur intérieur, qui est notre point fort clairement identifié ?
C’est marrant parce que c’était justement mon dernier point. C’est clairement une des choses sur lesquelles on doit encore progresser, c’est dans l’alimentation [du secteur intérieur]. Toutes les équipes ne sont pas parfaitement équilibrées. En l’occurrence, les Canadiens penchent vers leur backcourt, nous c’est l’inverse. Mais la grande différence, c’est que les arrières et les meneurs, ils n’ont besoin de personne alors que nous, nos intérieurs, même s’ils sont dominants, ils ont besoin d’être alimentés. On a beaucoup travaillé là-dessus. C’est mieux que l’année dernière mais ce n’est pas encore suffisant. Il faut que la balle arrive plus [au poste bas]. De mémoire, sans avoir revu les images, il y a au moins quatre fois en deuxième mi-temps où on a la position préférentielle pour recevoir, mais la balle reste dans les mains du joueur extérieur.
Vous avez essayé l’association de Rudy Gobert, Victor Wembanyama et Guerschon Yabusele en deuxième mi-temps, qu’en avez-vous pensé ?
Je pense que vous n’allez pas tarder à la revoir…
Il ne vous reste désormais plus qu’un match de préparation à disputer, ce dimanche face à l’Australie, est-ce que la victoire va être obligatoire, pour la confiance notamment ?
Elle l’est, elle l’est [répète-t-il]. Je l’ai dit aux joueurs. Ça ne sera pas moins difficile donc on doit être prêt à toute éventualité mais on doit surtout se battre comme des chiens pour aller la chercher.
Propos recueillis à Orléans