Retraite anticipée
Après une nouvelle série de Finals à couper le souffle, le premier MVP de l'histoire est sur le toit du monde et l'avenir semble radieux. Pourtant, lui et les Hawks n'arriveront jamais à confirmer dans les années qui suivront.Au cours de la saison 1958-'59, Pettit éclabousse encore une fois la ligue de son talent en s'emparant du titre de meilleur marqueur avec 29,2pts de moyenne, agrémentés de 16,2rbds ce qui le place second derrière son rival des hommes en vert, Bill Russell. Logiquement, Bob décroche le second titre de MVP de sa carrière, loin devant la concurrence avec 317pts sur les 410 possibles. Il mène les Hawks en Playoffs après une saison magnifique à 49V-23D. Malheureusement, ils se feront surprendre lors des Western Division Finals face aux Lakers d'un Elgin Baylor Rookie of the Year et déjà stratosphérique pour sa première post season avec plus de 28pts de moyenne sur la série !
Les années passent et le temps ne semble pas avoir d'emprise sur la productivité de Pettit, qui lors de la saison 1960-'61 rentrera dans le club très fermé des joueurs avec au moins 20pts et 20rbds de moyenne sur une saison (27,9pts, 20,3rbds), ce qui ne va pas l'empêcher lui et ses Hawks de chuter 2 fois de suite en Finals face aux Celtics en 1960 et 1961.
De gauche à droite: Bob Pettit - Bob Cousy - Med Park - Jack Nichols
En 1962, Pettit décroche son 4ème titre de MVP du All Star Game, un record égalé uniquement en 2011 par Kobe Bryant, après avoir marqué 25pts et gobé 27rbds. Wilt Chamberlain aura pourtant noirci la feuille avec 42pts et 24rbds, mais l'équipe All Star de l'Est perd et le match des étoiles se déroulant à St-Louis, il fallait offrir à la foule ce qu'elle attendait : le couronnement de leur star.Mais cela sera la seule satisfaction de cette équipe des Hawks pour l'année 1962, qui deviennent les premiers dans l'Histoire à passer d'un bilan à plus de 50 victoires (51V-28D en 1961) à un bilan de plus de 50 défaites la saison suivante, alors qu'ironiquement Pettit signe sa meilleure saison au scoring avec un average de 31,1pts.
Les deux saisons suivantes seront chacune un véritable crève-coeur, avec à chaque fois une élimination en 7 matchs dans les Western Division Finals contre les Lakers de Jerry West et Elgin Baylor, puis les San Francisco Warriors de l'alien Chamberlain.
Au cours de la saison 1964-'65, Bob Pettit se blesse à la jambe et se voit limité à 50 matchs dans la saison, mais qu'importe : il était temps de ranger les Converses au vestiaire, et il avait déjà tout prévu.
«Je l'ai dis à Ben Kermer [le propriétaire des Hawks] 2 ans à l'avance : « Ben, fais tes plans, je pars dans 2 ans. Je quitte le basket, je vais travailler dans le domaine bancaire à Bâton rouge. ». »
A seulement 32 ans, Robert Pettit quitte la NBA en étant le premier joueur à dépasser les 20 00pts en carrière, et en étant le second meilleur rebondeur All Time à ce moment. 1 titre NBA, 2 fois MVP, 11 fois All Star, 10 All NBA 1st Team et 1 fois ALL NBA 2nd Team, le palmarès de Pettit est évocateur et il sera intronisé au Hall of Fame en 1970, et élu parmi les 50 meilleurs joueurs de l'Histoire en 1996.
Si beaucoup de joueurs essaient de rester plus ou moins impliqués dans le monde de la NBA, à la télévision ou à la radio, Pettit n'en avait pas la moindre volonté.
« J'avais un job à la American Bank qui m'attendait, et j'y ai pris beaucoup de plaisir […] J'en avais assez. C'est assez peu commun, mais j'ai pris autant de plaisir dans ma vie post-basketball quedurant ma carrière de joueur. Je ne sais pas combien d'athlètes professionnels peuvent faire le même constat, j'ai beaucoup de chance. »
Et si malgré une carrière exceptionnelle le nom de Robert Pettit est de toute évidence un peu oublié lorsque l'on parle des meilleurs joueurs de l'histoire de ce sport, l'intéressé confiait en 2012 :
« Je ne me sens pas négligé le moins du monde. Ça ne me tracasse pas si je lis mon nom ou non. J'ai vécu 11 belles années, une merveilleuse partie de ma vie, et je suis très heureux de la manière dont les choses ont tourné. Je n'ai pas de sentiments négatifs quand je vois tout l'argent ou toute la pub d'aujourd'hui. Je pense que c'est une importante évolution qui arrive dans chaque sport. Je n'y pense pas. »
La légende de Bob Pettit n'est pas des plus clinquantes. La légende de Bob Pettit n'est pas une de ces histoires d'enfant désoeuvré que le basket à sauvé de la rue et des gangs. C'est simplement l'histoire d'un homme que rien ne prédisposait à devenir joueur, et qui a fait du mot « travail » une devise.