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« Dunk or Die », plus qu’un principe de vie pour Kadour Ziani

Interview – Figure immanquable dans le monde du dunk, Kadour Ziani a eu droit à un documentaire qui revient sur son parcours. « Dunk or Die », un « must see » !

Sa sortie est toute fraîche et on vous le recommande chaudement, c’est « Dunk or Die« , le documentaire choc sur la carrière de Kadour Ziani, réalisé par son complice, Nicolas De Virieu.

Riche d’images d’archives issues de la collection personnelle du dunkeur, ce film retrace le parcours des plus chaotiques du jeune Ziani depuis ses débuts dans sa cité du Vert Bois à St Dizier jusqu’aux tournées mondiales de la Slam Nation et ses exploits aux concours de dunks en France, et au delà.

Bien rythmé, sur une bande son aux petits oignons, le film reçoit des témoignages très touchants des proches de Ziani, tant et si bien que c’est un parcours initiatique qu’il nous est donné de voir. Un bel exemple de réussite, et une bonne dose de sincérité !

« Il faut organiser le dunk comme une discipline à part entière »

D’abord, retour sur un événement. Il y a une semaine, vous étiez au All-Star Weekend de Cleveland pour y faire un peu de promotion. Une première, pour vous ?

En fait, c’est mon troisième All Star Game, j’avais déjà fait celui de Los Angeles et celui de Chicago. Celui-là, il est spécial parce que c’est la continuité d’une relation avec Comsport, avec Jérémy (Medjana) et Bouna (Ndiaye). La concrétisation de l’espoir fondé en moi. Eux aussi, ils ont fait leurs débuts avec [la Slam Nation]. Et puis, il y a Rudy [Gobert] qui était là aussi pour sa troisième sélection All Star. Il y a plein d’événements, plein de choses à célébrer, avec les 75 ans de la NBA en plus de ça ! Dimanche, j’ai eu un cours d’histoire car j’étais placé juste derrière le banc, derrière LeBron. J’étais en mode TNT, je diffusais ce que je voyais sur Insta et je ne parlais pas. J’étais scotché. J’avais plein de stars à côté de moi, j’avais Dominique Wilkins juste à côté, Clyde Drexler. Je n’en pouvais plus ! J’assistais au temps mort et CP3 jouait au coach. C’était vraiment un grand moment ce All Star Game, avec la sortie du film en plus. On a bien profité de ce moment-là, tous ensemble, en se demandant aussi ce que serait la prochaine étape. Comment utiliser ça pour la suite… J’ai passé un peu de temps aussi avec Fabrice Gautier, on a eu des discussions de folie sur la kiné, sur les nouvelles méthodes, sur la question du fitness aux Etats-Unis. Avec lui, on parlait des différentes positions de mobilité… Ouais, ça parlait chinois [rires].

Vous étiez donc avec le gratin du basket tricolore !

Il y avait aussi la BAL (Basketball Africa League) avec Amadou Gallo Fall qui travaille avec les jeunes en Afrique. On veut essayer d’utiliser le dunk pour trouver des talents et promouvoir le sport. Faire des événements pour essayer de créer une plateforme pour faire du dunk une vraie discipline, au même titre que le 3×3. La communauté mondiale du dunk a maintenant une histoire, un héritage. Les dunkeurs pros se sont organisés avec la World Dunk Association, avec un comité, des ambassadeurs. Il y a des échanges, des discussions pour qu’on s’organise et que ça devienne vraiment sérieux. Un vrai sport qui soit standardisé, avec des juges pros, des décisions objectives. On est en train de s’organiser.

Depuis combien de temps faites-vous partie de ces initiatives avec la BAL ? 

Depuis le All Star Game de Los Angeles, je travaille avec la BAL pour utiliser mon histoire et faire avancer les choses en Afrique. J’ai participé à pas mal d’événements aussi lors du All Star Weekend de Chicago. Et je suis allé aussi à Dakar pour faire la promotion il y a quatre ou cinq ans. Je suis très proche avec Amadou. On a fait une vidéo conférence avec toute son équipe à la dernière rentrée aussi pour essayer de mettre en place quelque chose pour le dunk. Le Covid est arrivé et la BAL a été mis un peu en pause. Mais on va repartir. Il était dans les gradins quand j’ai gagné le concours de dunks à Bercy en 2004 et il m’a dit que mon histoire était un exemple pour la jeunesse africaine. Comme Luol Deng, comme Dikembe [Mutombo], comme Joakim Noah, comme d’autres, tu as ta part et ton rôle à jouer pour la jeunesse. Avec le dunk, ça peut aller loin. On peut faire des clinics, des académies de dunks, des concours, des détections, ça permet de voir qui a du jump, qui est bien mobile et après, on peut les envoyer à l’académie NBA. ça peut ouvrir des portes pour des bourses universitaires. Les jeunes ne vont pas aller sur le créneau du dunk s’il n’y a rien à y gagner. Il faut plus d’exposition.

On vous sent également investi d’un rôle de leader pour le dunk, en tant que discipline donc.

Oui, il faut organiser le dunk comme une discipline. On ne veut plus être des faire-valoir, on ne veut plus faire de marketing ! C’est fini ce temps-là. On n’a plus besoin de vous pour faire du marketing ! Si le dunk devient une discipline à part entière, dans le monde entier, avec une plateforme comme World Dunk Association pour répertorier tous les dunks, tous les événements dans le monde, pour honorer le passé et l’histoire. Une vraie ligue, des vrais juges, des vraies règles, un vrai tournoi dans le monde entier… Et là, il y aura une vraie fierté à être le champion du monde, le champion de France, etc. Et ça pourrait être un moyen de les amener en NBA où il pourrait jouer ce titre de champion du monde. Tu pourrais faire voter tout le monde en ligne. Les gars maintenant en NBA, ils ne veulent plus faire le concours de dunks parce qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner… Le dunk a beaucoup servi la NBA mais il faut aussi servir le dunk !

On a tous été déçu du dernier concours de dunks. Vous qui étiez sur place et qui êtes un spécialiste du genre, comment l’avez-vous vécu et quelles solutions pourriez-vous apporter pour relancer son intérêt ?

Les dunkeurs pros sont utilisés comme accompagnateurs pour les joueurs qui font le concours. Et ça ne marche pas. Chris Staples, jeudi ou vendredi, il a testé toute la machinerie pour voter : les écrans, les tables… Il a mis des dunks, avec le coude et autres pour tester tout ça. Il ne faut plus faire de distinction entre le dunkeur pro et le dunkeur NBA, comme je disais, il faut que ce soit organisé autour du dunk lui-même, en tant que discipline. Tout le monde sera formé aux mêmes pratiques. La NBA pourrait très bien organiser la discipline. Elle s’est tirée une balle dans le pied en amenant les dunkeurs pros qui ont fini par complexer les joueurs NBA. La solution pour sauver le concours de dunks n’est pas de l’ouvrir aux dunkeurs pros, car eux ils ne sont pas connus. Et la NBA est protectionniste, elle protège ses joueurs, elle protège son nom. Il ne faut pas qu’un dunkeur pro vole la vedette à la Ligue. Une des solutions possible, c’est que la NBA prenne en main la discipline et comme ça, ça rentre dans leur stratégie et la NBA peut se développer encore plus grâce au dunk.

Le concours a tenté beaucoup de choses ces dernières années : en équipe, avec une roue, avec des hommages, avec des juges connus. Rien ne prend, comment vous l’expliquez ?

Il n’y a pas pire que de se faire juger par un ignorant… Ils ont essayé de mettre des D-Wade ou autres pour juger le concours mais ça ne marche pas non plus parce que ça met les juges en porte-à-faux aussi. Et puis, ce n’est pas bon du tout pour un dunkeur de se prendre un 4 quand son dunk vaut un 10.

« J’étais en tension avec tout le monde dans la Slam Nation ! »

Pour en revenir à votre documentaire, on imagine que c’est un travail de longue haleine, avec des images d’archives rares et très anciennes. Comment avez-vous travaillé avec Nicolas De Virieu, le réalisateur du documentaire ?

Ça s’est fait naturellement, c’est venu de manière organique. Moi, ça fait déjà longtemps que je filme un peu tout depuis que je suis gamin. J’ai engrené ma famille pour qu’ils achètent un caméscope. Je leur disais que je filmerais les mariages et autres, mais je voulais surtout me filmer moi et mes dunks ! Mais à l’époque, c’était une sacrée valise à transporter ! Mais on jouait à se regarder. Mon frère, Mohamed (paix à son âme), il avait des bobines de films de Charlie Chaplin et de Cinema Paradiso. Je me suis fait piquer par le cinéma très jeune. Quand j’ai découvert Michael Jordan, ça y est, je voulais qu’on se filme dehors. J’ai commencé à m’entraîner dur car on s’identifiait. Je voulais toujours m’améliorer et je regardais minutieusement les petit centimètres de différence, qui montraient que je progressais quand même. Je ne me trouvais pas beau mais je continuais, je voulais faire ça en mieux le lendemain. J’ai accumulé beaucoup d’images à force. Après, avec la Slam Nation, Nicolas [de Virieu] est arrivé et il a, à son tour, fait beaucoup d’images. Je lui ai dit de me filmer [rires] parce que c’était moi la star du groupe. A l’époque, j’étais à fond dans le « me, myself & I ». Je ne voulais pas d’un docu sur la Slam Nation en tant qu’équipe. Dans ma tête, c’était un documentaire sur moi !

Oui et cela est bien retranscrit dans le documentaire, avec une agressivité prononcée envers Abdoulaye Bamba, l’autre star de la Slam Nation avec qui vous avez tourné un peu partout dans le monde. Vous étiez rempli de rage et de frustration à ce moment-là ?

J’étais en tension avec tout le monde dans la Slam Nation ! Pas que Bamba ! J’étais égocentrique. Je me disais : je dois réussir. Je suis sorti de la jungle de St Dizier et je dois montrer que je suis un lion. Je m’embrouillais avec tout le monde. Je me disais que j’avais un talent à part. La caméra, vous allez comprendre pourquoi vous la braquez sur moi. Parce que je vais faire des dingueries ! Ce n’était pas la bonne méthode, parce que l’équipe est une force. Je l’ai compris au fur et à mesure. On s’entraînait les uns les autres, pour durer et pour tenir le choc. On est parti en stage à Fréjus et ils nous ont mis bien. On a répété un show très pro. On avait été conseillé par les Crazy Dunkers qui étaient bien en avance sur nous. Ils avaient déjà leur spectacle bien scénarisé, bien organisé et ça nous a beaucoup aidé. C’est venu au bout d’un an de tournée. Je me rappelle du tout premier show, on avait fait 45 minutes ! C’était n’importe quoi, c’était beaucoup trop long ! Je n’avais plus de genou après le show, on était tous crevé ! Imagine, en NBA, notre show durait 7 minutes ! On avait à peine le temps de s’échauffer et il fallait envoyer les 360 direct ! On avait un programme bien calé, avec 4 dunks par gars (7 maximum), la musique, la montée en puissance. On avait une prise de risque maximum sur un dunk spécialité, mais on devait assurer la sécurité sur les autres dunks. Les gens viennent voir des dunks, pas des ratés !

C’est justement ce qui a manqué cette année au concours de dunks, et aux concours de dunks récemment à part pour les envolées lyriques du duo LaVine – Gordon…

Bien sûr, car il faut une stratégie pour un concours de dunks. Il faut pouvoir réussir le premier dunk, ça doit être à 100%, ça doit être la sécurité. Et après, une fois que tu es libéré, tu es rentré dans ton concours, ça te permet de prendre plus de risques. Tu as une responsabilité par rapport au public, de ne pas le désenchanter et casser l’ambiance. Au concours NBA, Cole Anthony, il a mis un quart d’heure pour enfiler ses Timberland. Il a niqué le rythme ! Il ne faut pas qu’il y ait trop de ratés car ça casse le rythme. Mais sur le dunk en lui-même, il y a l’avant, le pendant et l’après. Il faut amener son dunk, il faut réussir le dunk et il faut célébrer le dunk après. Tu n’es pas tout seul, il faut avoir la communion avec le public aussi après. Souvent en NBA, il n’y a pas l’après. Tu fais ça pour le public, non ?

Quant à vos débuts avec la Slam Nation, en 1997, vous reconnaissez que vous aviez une mentalité très individualiste, mais vous deviez tout de même intégrer une équipe, une troupe pour ainsi dire. Cela a dû être un sacré changement ?

On me donnait l’opportunité de voyager, d’avoir des sapes, des chaussures, de l’exposition… Avec ça, j’ai dit OK, je dois jouer le jeu. Je ne pouvais pas être en rupture totale avec les autres, tu ne vis pas tout seul non plus. J’ai dit, OK, faites moi rentrer dans le bus. J’avais ce côté sauvage mais j’avais aussi ce côté bout en train. Je me suis fait ma place avec l’humour. Moi et Dejan [Ristic], on n’était jamais sérieux. On foutait le bordel à chaque répétition. Pendant les trajets, on ne faisait que des conneries. L’ambiance était géniale, on dansait, on se marrait… A l’approche des shows, il y avait des moments de tension aussi, ce n’était pas toujours évident, c’était de la haute performance.

Combien de temps a duré cette période de la Slam, qui avait déjà eu droit à son propre documentaire en 2001 ?

De 1997 à 2001. Et jusqu’à 2003. Ça s’est bien calmé après les années 2000 parce que chacun avait des choses à faire et puis on n’a pas forcément cherché à renouveler les générations. Il y a eu moins d’événements et ça s’est calmé naturellement.

On vous voit un peu partout dans le documentaire, aux Philippines, en Chine et évidemment aux Etats-Unis, à New York ou Chicago. Quel est votre meilleur souvenir de voyages ?

Las Vegas, on était dans le Magic show. Il y avait des stands de tout là-bas, de Playboy, de rappeurs américains. Les Etats-Unis, c’est spécial mais Las Vegas, ça l’est encore plus ! Tu avais le côté extraterrestre de Las Vegas et puis, aux Philippines, il y avait un autre côté, plus dramatique, l’extrême pauvreté. C’est vraiment frappant de voir ces extrêmes. Pour avoir une opinion, il faut avoir de l’esprit critique et il faut avoir vu ce genre de choses. Regarder le monde dans ces extrêmes.

Justement, le documentaire a une portée un peu philosophique en ce sens que vous semblez, personnellement, évoluer à mesure que vous voyagez et que vous vous ouvrez au monde. C’est une sorte de parcours initiatique que l’on retrace dans le documentaire.

La Slam Nation, ça a été ma révélation au monde, et ma réalisation au monde, quand je m’extrais de moi-même et je sors de mon nombril. Le voyage, c’était de sortir de moi et de voir le monde. C’était un voyage intérieur. Le dunk, ça exprime ça pour moi, c’est un nouveau rapport au monde, c’est une façon d’apprécier le monde avec un nouveau code. J’aimerais que le dunk puisse être un moyen pour certains jeunes d’apprécier le monde tel qu’il est. C’est une philosophie utile.

« Même scène, j’ai été opéré à vif »

Revenons aux origines, c’était quand votre tout premier dunk ?

A 16-17 ans. Comme j’étais gardien de but, j’aimais sauter [Kadour a aussi fait du saut en hauteur]. J’aimais les voitures qui sautent, les cascades, l’Homme qui tombe à pic, Starsky et Hutch, Shérif fais moi peur… Tout ça, c’était notre enfance ! J’aimais Jackie Chan aussi, Bruce Lee.

Mais vous le dites vous-même dans le documentaire, vous étiez devenu un « vrai malade mental du dunk », c’est-à-dire que vous ne faisiez que ça. Quels étaient vos objectifs à ce moment-là ?

Je voulais dépasser les références. Je voulais voir ce qui se passait, qui était le meilleur et m’en inspirer. Si Jordan faisait un moulin, je voulais faire un double moulin. S’il dunkait des lancers francs, j’allais dunker des lancers francs… sauf que moi, je fais 1m80 ! Clyde Drexler, il fait quoi ? Spud Webb, il fait quoi ? Je les étudiais, je les disséquais, c’était de la biologie.

A ce propos, comment vous fournissiez-vous en images NBA à l’époque où, sans internet et une seule chaîne (payante) qui diffusait, ce n’était vraiment pas évident ? Comment ça se passait au Vert Bois de St Dizier ?

Il y avait certains qui avait l’oseille et qui avait Canal, donc on leur passait les cassettes vidéos pour enregistrer. J’avais une cassette de 240, tu voyais la bobine ? Je lui disais d’enregistrer par dessus le match de la veille, parce qu’on n’avait qu’une seule cassette. La bobine, elle était fatiguée ! On regardait ça, et on étudiait. J’ai bouffé les têtes de lecture à force de faire avance, recule, avance recule…

Quelles étaient vos premières idoles du dunk ? 

A l’époque, je kiffais Jordan mais il y avait plein de cassettes qui sortaient avec les Superstars 1, Superstars 2, Superstars 3, Come Fly with me… On étudiait tout le monde. Jordan, Webb, Dee Brown, Kenny Sky Walker, on étudiait tout le monde. Quand j’étais à la maison, je regardais toute la cassette NBA Superstars et je me prenais pour Patrick Ewing ! Je refaisais tous les dunks, et tous les clips [il chante]. On s’y croyait. Les styles étaient différents et je mélangeais tout ça.

Vous comparez certains de vos exercices d’étirement et de travail musculaire aux gestes instinctifs des animaux. On vous voit en équilibre sur une rambarde de balcon… D’où vous vient cette méthodologie peu orthodoxe, mais celle-là même qui a forgé votre succès ?

C’est intuitif et puis quand tu n’as pas les moyens, tu t’adaptes ! Le monde est là, devant toi, utilise-le ! Je regardais les animaux, comment ils sautent, comment ils s’étirent. Toutes les preuves dont j’ai besoin, elles sont déjà en face de moi. Tu développes des capacités à force de traîner dehors. On appelait ça les aventures. On passait des journées dehors, pieds nus, à grimper dans les arbres, comme Tom Sawyer. On allait manger des fruits dans les jardins, on faisait la maraude. On se faisait courser par les gens. On partait le matin et on rentrait le soir, des vrais Gavroches.

Est-ce une routine, une préparation que vous avez peu à peu développée avec les années ?

Non, j’ai toujours fait ça ! Dans les avions, dans les bus, je ne m’arrêtais jamais. Tout pouvait devenir ma salle de gym. L’entraînement, c’est tout le temps. Sans le savoir, j’étais dans les Overcoming Isometrics, je faisais des étirements très durs mais qui n’endommagent pas les muscles. En fait, tu libères de la force qui est déjà en toi, la qualité de la fibre musculaire. J’ai développé ça naturellement au fur et à mesure de ma carrière aussi mais je ne me l’expliquais pas. Je faisais mes mouvements, mes trucs intuitivement. Je faisais le « duck walk », le gorille, le chat. J’avais la folie de me dire que je n’en ai rien à foutre de ce que vous pensez de moi. J’ai vu les résultats, et si je ne faisais pas cette routine, je n’étais pas bien, je ne me sentais pas bien physiquement.

Vous avez un rapport à la douleur qui est assez exceptionnel d’ailleurs, quand vous prenez des chutes très violentes sur des dunks ratés. Ou cet épisode aux Philippines où vous recevez des points de suture à un doigt, sans anesthésie. Et vous, vous commencez à vous étirez la jambe pendant qu’on vous recoud, une scène surréaliste ! Comment est-ce possible ?

Je me suis mis à m’étirer mais c’était pour rester engagé avec mon corps. Et puis, je voulais diriger l’attention de mon cerveau vers la jambe. Et non plus le doigt. Mais il y en a eu d’autres… On n’a pas montré ces images mais à Vichy, je me suis fait douze points de suture au gros orteil, ça c’était violent aussi ! Je faisais mes étirements et au final, même scène, j’ai été opéré à vif.

« Le succès est la meilleure revanche »

Quel est votre ressenti personnel sur ce film qui revient sur votre parcours de vie, ce n’est pas rien tout de même d’avoir un documentaire sur sa vie ?

Je suis content d’avoir pu honorer mes parents. C’est pour mon père et pour ma mère, pour toute ma famille qui en a bavé. C’est pour tous ceux qui pensent qu’ils ne sont rien, qui pensent qu’ils sont des m****s… Je le dis crûment mais c’est ça, c’est un message d’espoir aussi. Le succès est la meilleure revanche. Tous ceux qui ont galéré pour moi : Jérémy, Bouna, mes frères, ma famille, moi aussi, le gamin qui a fait des conneries. Il faut pardonner et ne pas renier non plus tout ce qui s’est passé, mais au contraire, utiliser tout ce qui s’est passé. Ça fait partie de l’évolution et c’est une fierté immense d’avoir tout ce parcours. Je suis enfin heureux car je peux maintenant aussi le transmettre.

Quels ont été les retours que vous avez reçus, maintenant que le film est sorti ?

Des retours de ouf ! Des trucs parfois assez désarmants, poignants, touchants, techniques aussi. C’est ce que je voulais, être bien compris. Parfois, ça me fait peur parce que certains ont tout compris. Mais maintenant, je ne me dis plus que je suis incompris. J’ai des enseignants qui me disent que je suis un exemple qu’ils vont utiliser dans leur classe. Des retours du quartier aussi. De tous les côtés ! Du maire de St Ouen qui m’a dit qu’il était ému. Il veut que je vienne le voir pour qu’il me serre dans ses bras. C’est super. J’ai 48 ans, ça a été long, mais ce n’est pas encore fini. Je veux qu’il y ait des Zianimaux partout !

On vous sait très friand de citations philosophiques ou en tout cas inspiratrices. Si vous deviez résumer vos lectures préférées, ce serait ?

L’Etranger de Camus. La Condition Humaine d’André Malraux. L’Être et le Néant de Jean Paul Sartre. J’aime la philosophie, Socrate, Spinoza. Mais aussi Zola, Camus, Hugo… J’aime Pierre Bourdieu aussi. J’ai écrit un alphabet avec un pasteur [lors d’un séjour à Bloomington, dans l’Indiana] et je pensais à Bourdieu, pour faire des raccourcis de la pensée, la pensée rapide. J’ai beaucoup de lectures différentes.

Pour terminer, avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs qui espèrent pouvoir, comme vous, écraser des gros tomars et planer dans les airs ? 

Le seul conseil que je puisse donner, c’est d’aller sur ma page Insta pour découvrir la Zianimal Academy. C’est mieux que des mots, c’est un programme complet, un style de vie. C’est la meilleure réponse à toutes les questions que je recevais pour améliorer sa détente et progresser au dunk. Et quand tu deviens un Zianimal, tu l’es pour la vie, c’est-à-dire que tu as accès au programme toute ta vie. Avec son lot de Zianimaleries.

Propos recueillis par visioconférence / Crédits photo : Benur Films

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