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Portrait | Dennis Rodman, le ver est dans le fruit

NBA — Sept fois meilleur rebondeur de la ligue, cinq fois champion, deux fois All-Star et deux fois Défenseur de l’année, Dennis Rodman (62 ans ce 13 mai) a prouvé que l’on pouvait devenir une star NBA sans marquer de points.

dennis rodman

Pour le grand public, Dennis Rodman est d’abord ce personnage déjanté qui défraya la chronique au cours des années 1990. Detroit a rendu justice au basketteur, en lui retirant son maillot en 2011. Le monde du basket aussi, en l’intronisant au Hall of Fame en 2011 également.

Il est des blessures qui ne cicatrisent jamais. Comme une enfance malheureuse.

« Je ne me souviens plus de moi étant jeune. J’ai quelques rares photos, c’est tout. J’étais un enfant paumé, dans un univers en totale destruction. Autour, tout n’était que gangstérisme et pauvreté. »

Difficile de croire que « The Worm » (le Ver) ait pu être un garçon timide et introverti. Au début de la décennie 1990, il songea même à en finir avec la vie. Mais à partir de cet instant, il vécut la sienne à fond.

« Dennis la menace » devint l’archétype du « bad boy » : rebelle, indomptable, déjanté, extravagant, provocateur et inconscient. Avec sa nonchalance, son air go­guenard et son sourire narquois, il amusait autant qu’il agaçait.

Pour la NBA, c’était une plaie permanente. Professionnel de l’agression physique et verbale, roi de la faute technique, prince de l’expulsion… L’énergumène a tous les talents. Et tous les culots. Perturbateur-né, il excellait dans l’art de « foutre la merde ».

Pour les plus jeunes, Dennis Rodman est un héros. Il est de toute évidence timbré. Il fait peur autant qu’il intrigue. Son look résume toute la singularité du personnage. Les piercing et les tatouages ne suffisent plus, alors il se teint les cheveux au gré de ses humeurs, de ses envies et de ses lubies.

Dans l’univers très policé de la NBA, le bonhomme détonne. « The Worm » fait sensation là où on ne l’attend pas. Sur les plateaux de cinéma, sur les rings de catch, dans les magazines pour adultes, au lit avec Madonna. En décembre 1996, « Rolling Stone » le propulse à sa Une, affublé de cornes, langue pendante. Rodman créature de Satan ? Pas besoin de mise en scène.

Pour beaucoup, il fut l’incarnation même du Mal. À la fois inquiétante et fascinante…

À l’aéroport de Dallas, il porte les bagages

Dennis Keith Rodman naît le 13 mai 1961 à Trenton (New Jersey). Sa maman se prénomme Shirley. Son père, Philander, est un vétéran de la guerre du Vietnam. Il fut pilote Air Force pendant 17 ans. Mais Philander abandonne le foyer quand Dennis n’est âgé que de 3 ans.

Plus tard, on retrouvera sa trace aux Philippines, où il s’occupe d’un bar. On découvrera aussi qu’il a eu… 27 enfants, avec quatre femmes différentes ! Pour nourrir toute sa petite famille —Dennis a deux soeurs, Debra et Kim—, Shirley doit quant à elle occuper plusieurs boulots. Parfois quatre en même temps…

Au sujet de ce père absent, Dennis Rodman se montrera impitoyable : « Je ne l’ai pas vu depuis plus de 30 ans. Voici ce que j’en dis : un homme a aidé à me mettre au monde. Ça ne signifie pas pour autant que j’ai un père. »

La famille vit dans l’un des quartiers les plus dangereux de Dallas. Dennis en souffre d’autant plus qu’à la maison, il n’y en a que pour ses soeurs cadettes. Sa mère les considère plus douées que lui au basket. D’ailleurs, Debra et Kim seront toutes les deux All-American.

Dans cet univers exclusivement féminin, il étouffe. C’est un ado mal dans sa peau. Avec les filles, il ne sait pas comment s’y prendre. Il ne connaîtra sa première expérience sexuelle qu’à 20 ans, avec une prostituée. « Pas un souvenir mémorable », avouera-t-il ensuite.

Pour le jeu non plus, Dennis Rodman n’a aucune prédispo­sition particulière. « Je n’étais même pas foutu de réussir un lay-up. »

À la South Oak Cliff High School, il passe son temps sur le banc ou dans les tribunes. Il rêvait de faire du foot américain, mais sa taille (1m68) l’en a empêché. À sa sortie du lycée, il fait la plonge dans un resto avant de bosser à l’aéroport de Dallas. Il passe le balai et porte les bagages. Le jour où il vole deux montres et se retrouve au poste, sa mère lui lance un ultimatum. Soit il trouve un job ou une école, soit il intègre l’armée comme papa.

Mais Dennis ne veut pas choisir. Alors, Shirley le met à la porte. Comme il a subitement pris des centimètres (18 !), il décide de retenter sa chance au basket…

Comme un poisson dans l’eau à Detroit

Un ami de la famille le met en relation avec le coach d’un collège de Gainesville. Il est bon sur le parquet, mais beaucoup moins en classe. Un bulletin de notes déplorable l’expédie à Southeastern Oklahoma State. Dans cette université de seconde zone, Dennis Rodman sera élu All-American à trois reprises (25.7 points et 15.7 rebonds en carrière).

Invité au Portsmouth Invitational, un camp pré-draft, il termine MVP et tape dans l’œil des recruteurs de Detroit. Les Pistons le retiendront finalement au second tour de la Draft 1986, en 27e position.

Rien, peut-être, n’aurait été possible sans le soutien des Rich, que Dennis considère comme sa famille de substitution. Il a rencontré Byrne Rich en bossant dans un camp de basket. Byrne est traumatisé par la perte de son meilleur pote dans un accident de chasse. Ils deviennent inséparables. Le garçon en rupture de ban est adopté par cette famille blanche de l’Amérique rurale.

À « Motown », Dennis Rodman trouve un deuxième foyer. Les hommes de Chuck Daly gagnent le surnom de « Bad Boys » en pratiquant un basket physique et rugueux, pour ne pas dire violent. Ce ne sont pas des enfants de chœur et Dennis non plus. Le natif du New Jersey est un guerrier qui apporte une dimension bestiale, quasi-animale, au jeu. Il se sent très vite chez lui.

Durant sa saison sophomore, « The Worm » démarre 32 matches. Lors des Finals, les Pistons mènent 3-2 face aux Lakers. Ils sont à -1 à 8 secondes de la fin du Game 6. Joe Dumars rate la cible. Rodman est trop court pour transformer le rebond offensif en panier du titre.

Lors du Game 7, Los Angeles possède 15 points d’avance dans le dernier quart-temps. L’écart retombe à -6, avec quatre minutes à jouer, puis -2 à une minute la fin. Mais une faute du N°10 de Detroit sur Magic Johnson scelle l’issue de la rencontre.

Capable de défendre sur un meneur ou un pivot

Dennis Rodman est retenu pour la première fois dans la All-NBA First team en 1989 (9.0 points et 9.4 rebonds de moyenne). L’échange Adrian Dantley — Mark Aguirre, conclu en février de cette même année, s’avère décisif. Pendant les playoffs, les Pistons déroulent : les Celtics et les Bucks sont « sweepés », les Bulls du meilleur scoreur de la ligue (Michael Jordan) sont défaits en six matchs, puis les Lakers encaissent un 4-0 lors des Finals.

Pourtant victime de douleurs dorsales, « The Worm » se montre toujours aussi intraitable en défense et vorace aux rebonds.

Le départ de Rick Mahorn à Minnesota, dans le cadre de l’expansion Draft fait craindre le pire pour Detroit. Mais Dennis Rodman saisit sa chance. Titulaire lors des 43 derniers matchs de la saison 1989/90, le néo-All-Star s’adjuge carrément le titre de Défenseur de l’année. L’équipe se balade contre Indiana (3-0) et New York (4-1) avant d’écarter Chicago sur le fil (4-3).

La domination implacable des « Bad Boys » se matérialise par un deuxième titre consécutif, acquis face à Portland (4-1).

Dans sa cinquième saison NBA, « The Worm » devient définitivement titulaire au poste 3. En dépit de mensurations quelconques, c’est un athlète hors normes. On dit qu’il est capable d’éteindre n’importe quel adversaire, qu’il soit meneur ou pivot. Il est suffisamment véloce pour s’occuper d’un moustique et suffisamment puissant pour en découdre avec un malabar. C’est un kamikaze du basket, toujours à la recherche du face-à-face, toujours prompt à plonger dans les tribunes pour sauver un ballon.

Isiah Thomas, le leader des Pistons, se souvient de leur première rencontre en 1986 : « J’ai d’abord remarqué son regard d’excité. Puis je l’ai vu jouer et je me suis dit qu’il était complètement dingue. »

« C’est le joueur le plus détestable qui soit », tranchait de son côté Dominique Wilkins. « Il te démolit physiquement et mentalement. »

Sept années de suite de domination au rebond !

Les adversaires apprennent à craindre un type qui ne passe pas inaperçu avec son corps longiligne, ses oreilles décollées et ses jambes interminables. Dennis Rodman s’imposera au fil des ans comme le meilleur ailier rebondeur de tous les temps. Il mesure moins de 2 mètres (1m98 pour 100 kilos), mais aucun joueur ne possède son sens du sacrifice, sa science du placement et sa faculté d’anticipation.

En 1992, il termine pour la première fois meilleur rebondeur de la ligue, avec une moyenne ahurissante de… 18.7 prises par rencontre ! Il demeurera le roi de la spécialité jusqu’en 1998, soit sept années de suite de domination (un record NBA). Pour 16.7 rebonds de moyenne, sur cette période…

« J’en ai fait un art. Rien ne peut m’arrêter. Je pourrais prendre des rebonds avec la tête s’il le fallait. »

« Dennis a l’air fragile mais il est très puissant », expliquait le regretté Chuck Daly. « C’est un super athlète qui possède une intelligence et une volonté rares. Il s’entraîne avec des shorts lestés et se tape une demi-heure de vélo à la fin de l’entraînement. Il y a peut-être une bonne centaine de joueurs en NBA qui ont les mêmes capacités, mais Dennis est unique. Il montre au monde entier que l’on peut devenir une star sans marquer de points. »

Ces 1 530 rebonds captés sur une campagne n’ont jamais été dépassés depuis. Pas même approchés. Kevin Willis plafonna à 1 258 prises en 1992. Depuis Wilt Chamberlain en 1972 (1 572 rebonds), aucun joueur n’avait été aussi productif dans les airs.

Le 4 mars 1992 au Palace d’Auburn Hills, Dennis Rodman établissait d’ailleurs son record en carrière : 34 rebonds face aux Pacers en 45 minutes (18 offensifs, 16 défensifs). C’était la troisième meilleure performance du genre, depuis la saison 1972/73. Moses Malone avait gobé 37 rebonds en février 1979 et Charles Oakley 35 rebonds en avril 1988.

« J’ai tué la personne que je ne voulais pas être »

Au lendemain d’une défaite face aux Knicks (3-2) au premier tour des playoffs 1992, Chuck Daly remet sa démission. Pour Dennis, qui l’a toujours considéré comme son père de substitution, c’est un véritable drame. Il épouse Anicka Bakes en septembre. Cet ancien mannequin lui a donné une fille, Alexis, en 1989. Mais le couple divorce en décembre et il voit s’éloigner sa puce de 3 ans. Deuxième traumatisme. Pour avoir séché le training camp, il écope d’une amende de 68 000 dollars.

Tous ses repères ont volé en éclats. Il est au bord du précipice. En février 1993, on le retrouve endormi au volant de sa voiture sur le parking des Pistons, un fusil chargé entre les mains. Il confiera avoir songé au suicide.

« Cette nuit-là, je me suis dit : « Je vais vivre ma vie de la façon dont je l’entends et je vais être heureux avec cette vie-là ». J’ai tué la personne que je ne voulais pas être. J’ai tué le Dennis Rodman qui essayait de se conformer à ce que tout le monde voulait qu’il soit. »

Bloquée à 40 victoires en 1992/93, la franchise du Michigan loupe les playoffs. Le N°10 possède encore trois ans de contrat, mais il demande à être transféré. Le 1er octobre 1993, il est envoyé à San Antonio. Chez les Spurs, David Robinson est un All-Star indéboulonnable. « L’Amiral » n’a qu’un seul défaut : il est mentalement trop soft. L’arrivée de Rodman, décalé en 4, est censée y remédier. Avec ces deux-là, San Antonio tient a priori une raquette injouable.

Le hic, c’est que « The Worm » est devenu un élément totalement incontrôlable. Affranchi de toute tutelle, il prend des libertés avec la discipline. Il loupe des entraînements, se pointe à la salle juste avant le coup d’envoi. Ses frasques alimentent les gazettes. Son idylle avec Madonna s’étale à la Une des journaux. Dès le début de la saison, il fit fureur en apparaissant avec les cheveux teints en blond. Au fil des semaines, ils passent du rouge, au violet ou au bleu…

« If you don’t like me, kiss my ass »

Dans une franchise connue pour sa tranquillité, le personnage décoiffe. Arbitres et adversaires ont droit aux coups de boule et accès de fureur de celui que l’on surnomme désormais « Demolition Man », en référence au film avec Sylvester Stallone et Wesley Snipes. Quand on l’expulse, il fait tout un foin et refuse de quitter le terrain.

San Antonio se classe dans le Top 4 de la conférence Ouest, mais s’incline 3-1 contre le Jazz, au premier tour des playoffs 1994.

Excédés par un tapage médiatique qui n’est pas dans les habitudes de la maison, les dirigeants texans multiplient les suspensions. Le 10 décembre, l’enfant terrible a déjà loupé 19 matchs. Pour ceux qui voient en lui un cancer ou un poison, il n’a qu’une réponse : « If you don’t like me, kiss my ass ». Le message est clair…

Sa saison 1994/95 est limitée à 49 matchs, après un accident de moto. Assez miraculeusement, Dennis Rodman dépasse la barre des 800 rebonds (823) qui permet de figurer dans le classement des meilleurs rebondeurs de la ligue. Avec le meilleur bilan de la saison régulière (62 victoires) et le MVP dans leurs rangs (David Robinson), les Spurs abordent leur finale de conférence face aux Rockets en position de force.

Mais Hakeem Olajuwon se joue tranquillement du « front-court » de San Antonio pour tourner à 35.3 points de moyenne sur la série. Qualification de Houston, le champion sortant, en six matchs. Nommé General Manager des Spurs, Gregg Popovich commence par assainir le vestiaire, en cédant l’agitateur N°1 aux Bulls, l’ex-souffre-douleur devenu bête noire.

Le 2 octobre 1995, Dennis Rodman est donc échangé dans l’Illinois contre Will Perdue et de l’argent. Cela faisait deux ans que Chicago cherchait un remplaçant à Horace Grant, parti vers Orlando. Le pari du GM Jerry Krause fait grincer quelques dents, car le champion 1989 et 1990 a maintenant 34 ans et il est surtout réputé ingé­rable. Par chance, son meilleur pote, Jack Haley, l’accompagne à « Windy City », dans un vestiaire des Bulls qui possède déjà son lot de fortes têtes.

« La meilleure pute du bordel, pas la mieux payée… »

En quittant le Texas, « The Worm » ne trouva pas de mots assez durs pour critiquer l’absence de leader­ship de David Robinson. À Chicago, il n’y avait rien de cela. Michael Jordan et Scottie Pippen ont fait la pluie et le beau temps de 1991 à 1993. Après un break de deux ans, « Sa Majesté » est revenue remettre de l’ordre en NBA. Avec un stratège et psychologue comme Phil Jackson, le locker room chicagoan est à l’abri d’une implosion.

Dennis Rodman trouve immédiatement sa place dans un environ­nement qui lui rappelle beaucoup Detroit. Le N°10 de Bob Love a été retiré, alors il se rabat sur le 91. Un clin d’œil à son ancien maillot (9+1). Pour la cinquième fois, le toujours ailier-fort se classe N°1 aux rebonds. Les Bulls alignent la meilleure équipe de l’histoire et postent un bilan record de 72 victoires et 10 défaites.

Comme d’habitude, Dennis juge son salaire insultant. Dans la version provocante, ça devient : « Je suis la meilleure pute du bordel, celle qui fait le plus de passes, mais celle qui est la moins bien payée… »

« The Worm » est le joueur que l’on préfère avoir dans son équipe plutôt que dans celle d’en face. Mais il n’est pas forcément le coéquipier que l’on a envie d’inviter à une soirée. Au sujet de la cohabitation avec Michael Jordan et Scottie Pippen, il expliquait : « Sorti du jeu, Michael part dans une direction. Moi dans l’autre. Lui va au Nord, moi au Sud. Et Scottie est juste au milieu. C’est un peu l’équateur. »

Il le répéta en 1997, lors de son passage sur le plateau de Canal+, avant l’Open McDonald’s de Bercy. Ces gars s’entendaient à la perfection sur les parquets, mais ils ne menaient tout simplement pas la même vie en dehors.

Le 16 janvier 1996 contre Philadelphie, le fan N°1 du groupe Pearl Jam réussit son premier (et unique) triple-double en carrière : 10 points, 20 rebonds, 10 passes. Avec Michael Jordan et Scottie Pippen, il intègre le meilleur cinq défensif. Jamais une équipe n’y avait placé trois joueurs.

Dans le Game 2 des Finales 1996 contre les Supersonics, Dennis Rodman égale le record NBA d’Elvin Hayes, en captant 11 rebonds offensifs (sur un total global de 20 prises). Dans le Game 6, toujours au United Center, il égale sa propre performance : 11 rebonds offensifs, sur un total global de 19 prises.

« Nous avons contrôlé Dennis durant quatre matches. Dans les Games 2 et 6, c’est lui qui a fait gagner Chicago », commentait George Karl, le coach vaincu de Seattle.

Catcheur dans l’âme

Au printemps suivant, Dennis Rodman s’adjuge un sixième titre de meilleur rebondeur de la ligue (16.1 rebonds à 36 ans, un record d’ancienneté !). Son année est marquée par un célèbre pétage de plombs : le 15 janvier 1997, pendant un match face aux Wolves, il assène un violent coup de pied à Eugene Amos, un photographe posté au bord du terrain.

Il échappe, certes, à la faute technique mais pas aux foudres de la ligue : 11 matchs de suspension sans salaire, soit une perte totale d’un million de dollars, à laquelle s’ajoute le versement d’une somme de 200 000 dollars à la victime, en guise d’arrangement à l’amiable. Les sponsors du zèbre se frottent les mains, car ses frasques ont rapporté 6.8 millions de dollars de publicité.

En playoffs, Dennis Rodman apparaît moins saignant. Karl Malone lui pose des problèmes insolubles lors des Finals, mais la différence se fait ailleurs. Quatrième bague pour « The Worm », qui monte sur un ring de catch en juillet avec son pote Hulk Hogan pour fêter ça. Dans les magasins de jouets, les poupées à son effigie font un carton.

Le « Ver » s’offre un septième et dernier titre de meilleur rebondeur en 1998. Chicago atteint de nouveau les Finals face au Jazz. Rodman mène la vie dure à Malone durant les trois premiers matchs de la série… avant de s’éclipser pour un combat de catch à Detroit, avec son compère Hogan. Une pige qui couvre largement l’amende infligée par les Bulls (20 000 $).

Dans le Game 4 contre Utah, Dennis gêne encore l’ailier-fort le « Mailman ». Il le force à commettre une faute et sécurise la victoire des Bulls (86-82), aux lancers francs. On connaît la suite : Bryon Russell à terre dans le Game 6, un tir de Michael Jordan pour l’éternité. Et pendant l’intersaison, Malone et Rodman se retrouveront sur un ring de catch mais, comme le combat vient après les Finals, le spectacle a tout de suite moins de saveur…

Son mariage avec Carmen Electra dure… 10 jours !

Dans son autobiographie « Bad as I wanna be » (Mauvais comme j’entends l’être), parue en 1996, rien n’était épargné au lecteur le plus averti. Dennis Rodman affirmait être bisexuel et précisait que Madonna n’avait pas droit aux caresses buccales… Durant la tournée de promo, il annonça qu’il s’apprêtait à épouser une femme belle et intelligente. Le jour suivant, il arriva habillé en mariée et expliqua qu’il était l’heureux élu(e).

Une autre tentative plus sérieuse —encore que…— eut lieu en novembre 1998. Mais son union avec Carmen Electra fut annulée au bout de… 10 jours. Le mariage avait été programmé de longue date, mais l’agent du joueur le dénonça en expliquant que l’on avait forcé son client à boire. L’ancienne femme de Rodman, Annie, sortit elle aussi un bouquin, « Worse than he says he is » (Pire que ce qu’il prétend être).

« J’avais de grandes attentes », y explique-t-elle. « Elles ne furent pas comblées. Au lit, il restait toujours 10 secondes sur l’horloge des 24… »

Dennis Rodman est coupé le 21 janvier 1999. Sa soeur, qui s’occupe de ses in­térêts, lui décroche un contrat chez les Lakers. Il joue 23 matchs avec le N°73, avant d’être remercié à la suite d’un accrochage avec Kurt Rambis. Le 3 février 2000, à presque 39 ans, il retourne chez lui et s’engage à Dallas. Expulsé à deux reprises en 12 matchs, il se met rapidement à dos coéquipiers et supérieurs.

La tête brûlée des parquets demeura un aspirateur à rebonds inépuisable à un âge avancé, en dépit d’une hygiène de vie déplorable. Au final, il disputa 11 fois les playoffs et ne perdit qu’une seule des six Finals auxquelles il participa. Il capta au moins 20 rebonds dans un match à 159 reprises (plus 8 en playoffs) ; au moins 25 rebonds à 33 reprises ; au moins 30 rebonds à 5 reprises. Et il atteignit les 10 rebonds offensifs à 45 reprises (plus 7 en playoffs).

Parmi les 76 meilleurs joueurs de l’histoire

Après sa sortie du circuit NBA, Dennis Rodman rejoua au basket à partir de 2003. On le vit en ligue mineure ABA, en Finlande, en Angleterre, aux Philippines, en Belgique… En 2008, il publia une autobiographie enrichie, « I should be dead by now » (Je devrais être mort maintenant). Il en assura la promo allongé dans un cercueil…

Catcheur, acteur de cinéma, personnage de télé, « The Worm » a vécu mille et une vies. C’est un noceur qui aime les nuits chaudes et les trips décalés. Il courut par exemple dans les rues de Pampelune pour échapper au taureau…

On lui prête une aventure avec les plus belles femmes du monde, de Cindy Crawford à Naomi Campbell, en passant par Michelle Moyer, qui lui donne un fils, D.J, et une fille, Trinity (devenue la footballeuse la mieux payée des États-Unis). Il se marient en 2003, le jour de ses 42 ans. Le couple s’installe à Newport Beach (Californie)… où la police a dû intervenir plus de 70 fois pour des nuisances sonores. Il fut aussi arrêté pour conduite en état d’ivresse et Dennis effectua plusieurs cures de désintoxication.

Même si Greg Monroe l’a encore porté ensuite, les Pistons ont retiré son maillot le 1er avril 2011. Et le 13 août 2011, Dennis Rodman a signé son entrée au Hall of Fame, en faisant pleurer tout l’auditoire.

« C’est juste irréelLes votants ont dû oublier toutes les choses négatives et se dire que j’avais quand même changé un tout petit peu le jeu. Je n’étais pas un bon scoreur. Je n’étais pas le meilleur athlète. Mais j’ai fait partie de la machine. »

Aujourd’hui, comme sur un terrain, Dennis Rodman reste ce personnage ambivalent et insaisissable, capable de coacher une équipe de strip-teaseuses, tout en jouant les diplomates avec le Président nord-coréen. Mais son impact est tel que la NBA l’a nommé parmi les 76 meilleurs joueurs de tous les temps. En étant le seul du lot à tourner à moins de 10 points de moyenne (7.3), mais en disposant de la 10e meilleure moyenne au rebond de ce groupe (13.1).

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