Le sport américain est friand de statistiques. Ou plutôt il en est dingue. Les geeks du sport sont toujours prêts à disséquer en détails les lignes de stats pour soutenir leur point de vue. Regarder le match n’est plus suffisant pour déterminer si un joueur est bon individuellement et collectivement, il faut que ce soit prouvé par les chiffres. Et même les lignes de statistiques classiques ne sont plus suffisamment révélatrices, il faut les enrichir, les complexifier.
S’attarder sur les chiffres peut-être synonyme de succès. De plus en plus de General Manager sont réputés pour être des véritables fondus de statistiques comme Daryl Morey des Houston Rockets. Son équipe, il l’a composé avant tout en faisant des simulations statistiques avec le succès que l’on connait. Les chiffres rassurent, ils limitent les risques et valident les théories.
Dans ce petit monde des statisticiens de la NBA, John Hollinger d’ESPN est roi. Son succès, il le doit en grande partie à sa formule magique, le « Player Efficiency Rating » (PER). Au travers de cette formule mathématique complexe, Hollinger prend en compte les points positifs (points, rebonds, contres etc.) et les points négatifs (pertes de balle, tir manqués etc.) et les ajustent en fonction du temps de jeu et du rythme des matchs (il y a moins de possessions lors d’un match pour une équipe qui contrôle le tempo que lors d’un match des Suns par exemple). Si Hollinger reconnait qu’il est impossible de prendre absolument tout en compte, il voit un avantage précis à sa formule :
« Ce que permet le PER, c’est de résumer les accomplissements statistiques d’un joueur en un seul nombre ».
L’année dernière, le classement par PER des joueurs de la NBA commençait comme suit :
N# | Nom | PER |
1 | Lebron James | 31.76 |
2 | Dwyane Wade | 30.46 |
3 | Chris Paul | 30.04 |
4 | Dwight Howard | 25.44 |
5 | Tim Duncan | 24.51 |
6 | Kobe Bryant | 24.46 |
7 | Brandon Roy | 24.34 |
8 | Tony Parker | 23.47 |
9 | Dirk Nowitzki | 23.20 |
10 | Al Jefferson | 23.16 |
Parmi les choses qui peuvent frapper dans ce classement (autre la fierté d’y voir figurer TP), c’est avant tout la position qu’occupe Kobe Bryant. Le Black Mamba ne serait pas le meilleur joueur NBA ? Il ne serait même pas dans le top 3 ? On entend d’ici les fans de Lakers crier au blasphème. Pourtant, si l’on en croit la formule, Kobe ne faisait non seulement pas partie du top 3 l’année dernière… mais il n’en a jamais fait partie lors de sa carrière ! (son meilleur score est de 28)
Alors quels arguments opposer à cela ? Et bien tout simplement que tout ne peut pas se résumer à des statistiques. Comment évaluer le leadership, la combativité, l’intimidation etc. On peut chercher autant que l’on veut à augmenter le rationnel dans le sport, l’affectif aura toujours un rôle prépondérant à jouer. Rassurez-vous fans des Lakers, ce n’est pas pour demain que la course au MVP se jouera sur un nombre.