En poste depuis quelques semaines, Adam Silver fait face à Donald Sterling pour sa première crise majeure. En 1984, David Stern avait également dû faire face à un gros conflit quelques mois après sa prise de fonction… et c’était face à ce même Donald Sterling pour l’une des batailles juridiques les plus violentes de l’histoire de la NBA.
En 1981, Donald Sterling avait ainsi racheté les San Diego Clippers pour 12,5 millions de dollars. L’avocat avait promis de garder l’équipe à San Diego mais il change vite d’avis et, en juin 1982, il signe un contrat de trois ans avec une option de 20 ans supplémentaire avec la Los Angeles Coliseum Commission.
Un premier déménagement avorté
Le but est de faire déménager la franchise à Los Angeles pour qu’elle joue au Los Angeles Memorial Sports Arena, abandonné par les Lakers en 1967, qui ont posé leurs valises au Forum d’Inglewood.
« La Los Angeles Coliseum Commission et les San Diego Clippers ont présenté un projet puissant et complet qui démontre pourquoi les Clippers doivent déménager à Los Angeles et pourquoi ils ne peuvent pas avoir de succès à San Diego », explique l’avocat Howard Daniels, chargé de convaincre la ligue.
Mais l’opposition est forte et Donald Sterling n’arrive pas à convaincre la ligue de la nécessité de ce déménagement, surtout que les Lakers sont déjà à Los Angeles. Il tente quand même de passer en force et Larry O’Brien, le commissionner de l’époque, s’énerve.
« Donald Sterling a montré un culot incroyable en essayant de nous mettre un pistolet sur la tempe ».
La NBA porte l’affaire devant la justice et réclame 10 millions de dollars à la Los Angeles Coliseum Commission, accusée d’avoir incité Donald Sterling à déménager. Le propriétaire contre-attaque alors en réclamant 120 millions de dollars à la NBA ! L’engrenage est lancé et la ligue demande une enquête pour connaître les dessous de l’accord entre Donald Sterling et la la Los Angeles Coliseum Commission. David Stern, alors bras droit de Larry O’Brien, ouvre aussi une enquête sur la gestion financière des Clippers.
Les foudres de Larry O’Brien et David Stern
Donald Sterling est ainsi accusé de ne pas avoir payé ses factures à la ligue, à ses joueurs et à différents hôtels et compagnies aériennes. En conséquence, un comité d’enquête est chargé de voir si le propriétaire peut rester à la tête des Clippers et étudie des moyens de le remplacer au cas échéant.
« C’est un cas très complexe mais nous ne voulons pas l’étudier avec la menace de procès », explique ainsi David Stern, alors bras droit de Larry O’Brien.
Finalement, la ligue remporte ce premier bras de fer et, le 10 septembre 1982, Donald Sterling annonce dans une conférence de presse expéditive qu’il ne réclame plus 120 millions de dollars à la ligue. En échange, la NBA accepte également de mettre fin à ses poursuites et les Clippers restent à San Diego.
« Cette annonce ne diminue en aucun cas la volonté de la Coliseum Commission et des Clippers d’exercer leur droit légal de déménager la franchise à la Los Angeles Memorial Sports Arena », assure Glenn Mon, porte-parole de la Los Angeles Coliseum Commission.
Une amende qui sonne comme une victoire
Et en effet, deux ans plus tard, Donald Sterling signe un nouvel accord avec la firme. David Stern est aux commandes depuis peu et le propriétaire des Clippers tente un nouveau coup de force. Il décide d’implanter sa franchise à Los Angeles malgré les avertissements et profite du flou de l’article 9 de la constitution qui régit les déménagements et qui date de 1946. David Stern tente d’empêcher la manœuvre en modifiant l’article, obligeant désormais tout déménagement à être approuvé par une majorité de propriétaires. Mais la ligue perd un temps précieux à changer sa constitution et semble agir de façon rétroactive.
« La règle est désormais inscrite quelque part afin qu’on puisse la voir », s’agace-t-il. « J’ai entendu dire que les Clippers avaient respecté la loi sur les déménagements parce que nous n’en avions pas. Je laisse au juge le soin de le confirmer ».
Donald Sterling s’en moque. La NBA ne peut plus rien lui reprocher sur le fonctionnement financier de sa franchise et il a la main. Il confirme le déménagement et David Stern répond alors en lui réclamant une gigantesque amende de 25 millions de dollars. C’est le premier vrai test pour le nouveau patron de la ligue qui entend se montrer très ferme. Mais le propriétaire des Clippers, mordant avocat lui aussi, contre-attaque une nouvelle fois et réclame cette fois 100 millions de dollars à la ligue. Finalement, David Stern finit par accepter le déménagement si Donald Sterling laisse tomber sa plainte contre la NBA.
En échange, le patron baisse son amende à six millions de dollars. Une somme énorme, surtout en 1984, alors que Donald Sterling n’était pas aussi riche qu’aujourd’hui. Mais qui résonnait bien comme une victoire.