Désormais davantage connu pour son travail de dirigeant, puisqu’il est l’un des dirigeants les plus influents depuis quarante ans, Jerry West (84 ans, ce 28 mai) a surtout été un formidable joueur. Si Michael Jordan et Kobe Bryant n’existaient pas, celui qui est devenu le « Logo » serait sans doute toujours le meilleur arrière de tous les temps (même si Dwyane Wade a son mot à dire).
Un simple regard sur ses stats individuelles le prouvent : 27.0 points, 6.7 passes et 5.8 rebonds de moyenne en saison régulière, ou 29.1 points, 6.3 passes et 5.6 rebonds de moyenne en playoffs. En cumulé, il a inscrit 25 192 points en saison régulière (23e plus gros total de l’histoire) et 4 457 points en playoffs (9e plus gros total).
À ce jour, il reste également le meilleur marqueur de l’histoire des Finals, avec ses 1 679 points !
« Le grand Sisyphe du basket »
Seulement, la statistique la plus frappante de la carrière de Jerry West demeure son terrible 1/9 en Finals. Avant de remporter (enfin) une bague, en 1972, il avait connu l’échec à sept reprises et il l’a connu une fois de plus en 1973. Le plus cruel dans tout ça ? Les Finals de 1969, perdues dans les ultimes secondes de ce Game 7 pourtant disputé à Los Angeles, face aux Celtics de Bill Russell.
Pour autant, en dépit de cette défaite et grâce à ses 37.9 points de moyenne sur la série (avec 4.7 rebonds et 7.4 passes), « Mr. Clutch » est devenu le tout premier MVP des Finals de l’histoire, mais aussi le seul vaincu de cette liste, aujourd’hui composée de 53 noms (pour 31 joueurs).
Pire encore : afin de fêter ce trophée, plus qu’amer pour un tel compétiteur, le magazine « Sport » lui offre une voiture… verte, de la même couleur que l’ennemi de Boston…
« Ce moment marque Jerry West de manière indélébile, de manière existentielle, comme le grand Sisyphe du basket », écrit Roland Lazenby dans l’introduction de sa biographie, signée en 2009.
En avance sur son temps
Un sort terrible pour un tel joueur.
Comme souvent lorsque l’on évoque les légendes du sport, Jerry West était en avance sur son temps. Techniquement irréprochable, il frôlait la perfection avec son shoot très pur et un dribble très sûr. Sa défense était également très coriace. Si le tir à 3-pts était apparu plus tôt, l’iconique arrière de Los Angeles aurait été à coup sûr une menace offensive bien plus terrifiante et quelques autres records seraient clairement tombés dans sa besace.
Malgré cette poisse qui lui collait tant à la peau, mais qui n’était toutefois pas aussi prononcée que celle de son ex-coéquipier Elgin Baylor (0/7 en Finals…), le « Logo » était aimé et respecté. D’ailleurs, tous ceux qui l’ont connu se sont indignés de sa représentation en névrosé colérique et vulgaire dans la série « Winning Time ».
En mars 1971, au cours d’une « Jerry West Night », l’homme qui l’a privé de tant de titres, Bill Russell, lui a d’ailleurs rendu un superbe hommage.
« Jerry, j’ai écrit un jour que le succès était un voyage et que le plus grand honneur qu’un homme puisse recevoir, c’était le respect et l’amitié de ses pairs. Tu as ça plus que n’importe quel homme que je connaisse. Jerry, tu es, à tous les sens du terme, un vrai champion », peut-on lire dans le « Book of Basketball » de Bill Simmons.