La saison passée, pour notre traditionnel Poisson d’avril, nous avions inventé la « Nuit française », calquée sur le modèle des « Noche Latina ».
Eh bien sachez que notre blague n’était finalement pas si éloignée que ça de la réalité puisque la semaine dernière les Clippers et les Spurs ont inauguré la première « French Heritage Night. »
Des dizaines de milliers de Français habitent en Californie
Mais d’abord, un petit rappel historique puisque le traité de San Ildefonso est malheureusement snobé par les livres d’histoire français. Pourtant sans lui, l’héritage français sur les Etats-Unis serait inexistant. Quand le Premier consul Bonaparte scelle en secret en 1800 un accord avec le royaume d’Espagne, il ne sait pas encore que trois ans plus tard, la Louisiane rétrocédée sera vendue à l’Oncle Sam. Le francophile Thomas Jefferson récupère alors pour son Union un territoire équivalent à 22% de la superficie actuelle des Etats-Unis. Le legs français est encore ostentatoire à la Nouvelle-Orléans, mais plus du tout dans le midwest. Quid de l’empreinte tricolore en Californie, symbole du grand ouest fantasmatique de l’impossible rendu possible ?
En février 2014, le consul de France à San Francisco estimait à 60 000 le nombre de compatriotes installés dans la région de la baie. Cinq heures de voiture plus au sud dans la Cité des anges, ils sont officiellement dans les 10 000 selon les registres consulaires, mais a peu près trois fois plus dans la réalité. Si le luxe, la langue, la mode, la gastronomie, Paris, la Provence, le vin et le champagne tissent des liens transatlantiques attractifs très profonds, la NBA constitue également une vitrine prestigieuse : aucun autre pays étranger n’y est aussi bien représenté avec douze coqs désormais dans la basse-cour d’Adam Silver. Quel meilleur théâtre donc que le Staples Center pour célébrer l’héritage bleu-blanc-rouge à Los Angeles ?
A l’initiative de la chambre de commerce franco-américaine
Pour fêter sa première année d’existence, la chambre de commerce franco-américaine de Los Angeles avait donc décidé de profiter de la venue des Spurs de TP et Babac jeudi 19 février, pour organiser une French Heritage Night. C’est une première en NBA et Samuel Loy, directeur exécutif de la FACC a déjà annoncé un deuxième volet pour 2016, toujours en collaboration avec les Clippers.
« Nous avons voulu permettre à nos membres mais aussi à tous les Français de L.A qui aime le basket et le sport, de venir célébrer avec des angelenos un lien affectif et économique très fort », nous a expliqué Samuel Loy.
L’ancien international israélien du Mans David Blu était présent pour l’occasion, comme le consul Axel Cruau. La soirée a rassemblé 300 personnes de 17h30 à 22h30, d’abord sur le toit de l’écrin puis à l’intérieur pour assister au festival Tony Parker en première mi-temps et au récital Jamal Crawford en seconde. Après la rencontre, une cinquantaine de privilégiés ont pu discuter 25 minutes avec Boris Diaw, dans un écrin vide pendant qu’à quelques mètres, Pop s’adonnait lui à une séance assez surréaliste de coaching de vie, face à une trentaines de jeunes latinos.
Pour l’instant, cette initiative reste liée à la Chambre de commerce franco-américaine et aux Clippers, mais qui sait, peut-être qu’un jour, la NBA lancera sur tout le territoire nord-américain la première « nuit française ».