Figure polarisante s’il en est, Allen Iverson est un joueur mythique de la NBA. Et le documentaire éponyme qui vient d’être diffusé ce week-end par Showtime est un fort bel hommage à l’immense carrière du lutin démoniaque des Sixers.
Des vidéos inédites et intimes du jeune Iverson
Scoreur insaisissable et personnalité marquante des années 2000, The Answer avait bien besoin de ce type de documentaire pour remettre en ordre tous les événements confus qui ont marqué son parcours en NBA. Si les dernières étapes, et sa fin de carrière en queue de poisson à Denver, Detroit, Memphis (voire Besiktas) sont traitées très succinctement en toute fin, la jeunesse et la carrière NBA d’Iverson sont elles dépeintes avec toutes les nuances que les oeuvres de maître exigent.
En l’occurrence, le premier point fort du documentaire, c’est de revenir sur l’enfance difficile du jeune Allen dans les « projects » d’Hampton, en Virginie. Alors que son père est plus souvent derrière les barreaux qu’à ses côtés, Iverson trouve plusieurs soutiens indéfectibles avec son coach de lycée (et sa femme professeur), ou encore Gary Moore, qui deviendra plus tard son agent (et le producteur du documentaire). Le jeune Allen devient même le grand frère d’un des seuls gamins blancs du quartier, s’assurant toujours que ce dernier ne soit pas maltraité.
Grâce à des vidéos « maison » où l’on peut voir aussi bien Iverson jeune papa se faire baver dessus ou Iverson la veille de son jugement en train de préparer son discours, on découvre une autre facette de la star planétaire. Si l’un des représentants de Reebook ne se prive pas de reconnaître que le jeune Allen avait carrément pris la grosse tête dans ses vingt ans, on voit surtout Iverson le gamin qui s’en est sorti par la force de son caractère, l’aide de quelques voisins bienveillants et son travail acharné pour devenir champion de l’Etat de Virginie, et en football et en basketball.
The Answer… remis dans le contexte !
L’épisode de la baston du bowling, puis le long processus judiciaire et le séjour pénitencier d’Iverson, sont ainsi traités avec force et détails, dont une interview d’un des matons d’Iverson qui décrit notamment les cartons entiers de courriers (et de sous-vêtements féminins) que recevait la prison pour l’athlète star (il avait alors 18 ans !). De la même manière, on comprend mieux avec ces extraits de film comment la Virginie dans laquelle a grandi Iverson était (est ?) encore aux prises avec son passé esclavagiste et ses clichés racistes. Ironie (cruelle) de l’histoire, Iverson a très rapidement quitté les lieux lors de cette fameuse baston car il avait précisément peur d’être pris pour cible, étant le seul et unique personnage public pris dans ce triste fait divers.
On comprend également mieux quel est le contexte général de la fameuse sortie d’AI contre les entraînements. En fait, la star des Sixers en a gros sur la patate lors de cette interview de fin de saison: non seulement son équipe vient de perdre en finale NBA contre les Lakers, mais Iverson vient de perdre son meilleur ami qui s’est fait assassiner. Comme un symbole de sa carrière, son attitude n’a pas été comprise pour ce qu’elle était. Iverson, l’éternel incompris.
« Je suis contrarié pour une seule et bonne raison. Je suis ici [devant les medias]. J’ai perdu [la finale NBA]. J’ai perdu mon meilleur ami. Il est mort. Et j’ai perdu cette année. Tout va de mal en pis pour moi… Et je n’ai vraiment pas envie de me faire ch*** avec tout ça ! »
C’est peut-être brut de pomme, surtout si le clip est coupé habilement (et comptez dessus aux USA) mais la vérité est bel et bien qu’Iverson revient de loin. Si on est frustré de ne pas en savoir plus sur sa fin de carrière et ses choix un peu étranges, on ne peut que jubiler d’en avoir appris un peu plus sur le passé d’une légende du basket. Désormais papa à temps plein, et ce sans aucun problème d’argent, Allen Iverson est un spectateur fréquent au Wells Fargo Center, profitant toujours d’un accueil aux petits oignons.