Matchs
NBA hier
Matchs
hier
MIA83
CLE138
GSW102
HOU101
Pariez en ligne avec Unibet
  • IND1.3MIL3.55Pariez
  • NEW1.44DET2.72Pariez
  • 100€ offertsLa suite →

Portrait | Dikembe Mutombo, « Not In My House »

NBA – Avant Rudy Gobert, l’intimidateur numéro 1 de la NBA, c’était Dikembe Mutombo. L’un des premiers africains à s’imposer en NBA, mais aussi l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire.

Dikembe Mutombo

« Quand il se tient derrière toi, tu prends un coup de vieux. Si tu veux entrevoir le panier, tu as intérêt à bouger dans la raquette. »

L’homme qui s’exprime ainsi est David Robinson. Même « l’Amiral » s’est laissé surprendre par le géant congolais lors de leur première rencontre. D’ailleurs, il a fini le match les lèvres en sang. En un seul mois, Dikembe Mutombo est devenu le centre d’intérêt de la NBA. Nous sommes au cœur de l’hiver 1991-92. « Deke » est rookie à Denver. Il ne craint personne et fait peur à tout le monde. « La seule chose que je sais sur lui, c’est qu’il est immense », affirme Larry Brown, le coach des Spurs.

Il semble que rien ne puisse résister à Mutombo. Pas même les meilleurs pivots de la Ligue, transformés en nains. Face à Robert Parish (Boston), Dikembe signe 21 points et prend 12 rebonds. Contre Hakeem Olajuwon (Houston), il se régale avec 27 points et 17 prises. Le grand David Robinson se fend d’un médiocre 5/15 aux tirs. Coulé, « l’Amiral ».

« Nous ne pensions pas qu’il pourrait s’imposer sous les panneaux aussi rapidement », confie Rob Babcock, l’entraîneur des Nuggets. « Au rebond, il n’a certes pas l’instinct naturel d’un Moses Malone ou d’un Paul Silas mais il est tellement grand qu’il peut attendre derrière son adversaire. Ensuite, sa rapidité et sa volonté font la différence. »

Plus on voit jouer Mutombo, plus on se demande comment les Nets et les Kings ont pu l’ignorer pendant la Draft 1991 et permettre ainsi aux Nuggets de le récupérer en quatrième position (sont choisis avant lui Larry Johnson, qui file à Charlotte, Kenny Anderson et Billy Owens). « En fait, personne n’a eu les tripes de parier sur lui », déclare, amer, le coach des Nets, Bill Fitch.

Dikembe est élu rookie du mois de novembre et remporte le Shick Award qui récompense le joueur ayant le plus contribué au succès de son équipe. Justes récompenses. Avec 20 points, 15 rebonds et 3 contres de moyenne, le centre des Nuggets est sur un nuage depuis le début de sa carrière pro.

« Beaucoup de recruteurs ne l’avaient jugé que sur ses performances en match avec Georgetown. Moi, je l’ai vu à l’entraînement plusieurs fois. Il réalisait des mouvements extraordinaires », raconte Bernie Bickerstaff, le GM de Denver, et père de l’actuel coach des Cavaliers. « Son coach, John Thompson, m’avait dit qu’il ferait un malheur en NBA. »

Comparé à Bill Russell

En réalité, Thompson avait tout simplement comparé Mutombo à Bill Russell, le pivot légendaire des Boston Celtics. Celui qui remporta 11 titres en 13 saisons. Et de fait, Dikembe rappelle fortement les pivots d’antan, ces géants à la fois marqueurs, rebondeurs et intimidateurs. Mutombo ajoute au tableau une variété de gestes impressionnante.

« Je n’ai jamais vu un mec bosser autant. Il reste toujours après les entraînements pour travailler un geste particulier », observe Scott Hastings, son back-up dans le Colorado.

La saga de Dikembe Mutombo ressemble tout à fait à un scénario hollywoodien. Tout commence en Afrique le 25 juin 1966. Kinshasa, le Zaïre (devenu République démocratique du Congo). Une famille de neuf enfants, issue de la tribu ethnique des Lubas. Papa était principal d’un lycée. Il acheva sa carrière au ministère de l’Education. Le petit Dikembe grandit en apprenant le français, l’espagnol, le portugais, l’italien et cinq dialectes africains. Les langues mais pas le basket. Ce n’est qu’à 18 ans que Dikembe Mutombo Mpolondo Mukamba Jean-Jacques Wamutombo (son nom complet…), géant de 2,18 m, découvrit le gros ballon orange. Il s’en souvient encore. « La première fois que j’ai joué, je suis tombé sur le menton. J’en porte encore la cicatrice. »

Il ne lui fallut pas longtemps pour intégrer la sélection nationale. Puis un officiel de l’ambassade des Etats-Unis proposa de lui trouver une bourse dans une université américaine. Mutombo choisit Georgetown. Il avait été impressionné par le coach, John Thompson. Le regretté Thompson promit au père de Dikembe que celui-ci décrocherait un diplôme. Question d’éducation. Mais ce n’est pas pour tout de suite. Mutombo passe sa première année à apprendre… l’anglais. Une langue de plus. Et surtout, il apprend à jouer. Dans un championnat local pour commencer et pour s’acclimater. Il marque 40 points à chaque match en smashant sur la tête de tous ses adversaires. Il est intégré à l’équipe de Georgetown mais passe son temps sur la banquette, comme remplaçant d’Alonzo Mourning. Jusqu’à ce que Thompson décale « Zo » à l’aile.

C’est le grand déclic. Elu meilleur défenseur de la Conférence Big East en 1990 et 91, « Deke » quitte les Hoyas en juin de cette dernière année avec le meilleur pourcentage de réussite aux tirs de l’histoire de la fac (64.4%). Il établit aussi le record de l’université en rejetant 12 tirs adverses sur un match. La paire Alonzo-Dikembe amuse énormément les fans de Georgetown. Ils créent le « Rejection Row ». A chaque tir contré, la silhouette d’une main est rajoutée sur la bannière placée sous le panier.

« J’ai du mal à réaliser ce qui m’arrive. Même à l’université, je n’aurais jamais pu imaginer une telle évolution. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Bill Russell. J’ai passé cinq jours avec lui, il m’a convaincu de mon potentiel. Il m’a assuré que je pouvais devenir une star », déclare fièrement Mutombo.

« J’ai prévenu Jordan qu’il ne dunkerait jamais sur moi »

Une star, c’en est devenu une. A tel point qu’il a dû changer sa signature devant toutes les demandes d’autographe. « Mutombo 55 » (son numéro) s’est transformé en « DM 55 ». Plus simple et rapide. Encore heureux qu’il n’écrive pas son nom complet… En quelques mois, Dikembe a tout compris. Même la nécessité de faire le show.

« J’ai prévenu Michael Jordan qu’il ne dunkerait jamais sur moi. Je le lui ai rappelé l’autre jour. Sa seule réponse fut de marquer un lancer franc les yeux fermés, en me disant : « Mutombo, celui-là est pour toi »… »

La Mutombomania est lancée. L’image de Dikembe est déjà utilisée par les publicitaires. Comme dans ce spot où il parle toutes les langues qu’il maîtrise. Qu’en sera-t-il en fin de saison quand il sera, à coup sûr, élu Rookie de l’année ? Même le numéro 1 de la draft 1991, Larry Johnson, devra se contenter de la deuxième place. C’est Mutombo qui l’assure très modestement : « Je n’ai pas de concurrent. Je suis unique. »

Qu’on ne se méprenne pas : « Deke » n’a pas attrapé la grosse tête. Il manque juste de lucidité…

Au printemps 1992, c’est bien « Grandmama » qui succède à Derrick Coleman comme Débutant de l’année. Mutombo n’a pas à rougir : ses 16.6 points, 12.3 rebonds, 2.2 passes et 3 contres de moyenne combleraient n’importe quelle franchise. Retenu dans la All-Rookie First Team, il termine deuxième meilleur scoreur des Nuggets derrière le small forward Reggie Williams.

L’un des meilleurs défenseurs de l’histoire

Pendant cinq ans, le « mont Mutombo » va s’imposer comme un rempart infranchissable. Les vagues adverses viennent invariablement mourir sur ce rocher haut de 2,18 m (pour 120 kg). Entre 1991 et 96, « Deke » ne descendra pas sous la barre des 11.8 rebonds. Il tournera à 3.5 contres ou plus et rapportera toujours 11 points minimum. C’est l’un des meilleurs rebondeurs et défenseurs de la Ligue. Mais le roster reste désespérement faible autour des LaPhonso Ellis, Mahmoud Abdul-Rauf, Robert Pack et autres Bryant Stith. La franchise du Colorado est incapable de gagner plus de 42 matches. Elle connaît malgré tout son heure de gloire au premier tour des playoffs 1994. Tête de série n°8 à l’Ouest, Denver s’en va battre Seattle, n°1, chez lui dans le Game 5 (98-94). L’image d’un Dikembe Mutombo radieux, écroulé sur le parquet et tenant le ballon par-dessus sa tête, fait le tour du monde. Le Congolais a compilé 31 contres au cours de cette opposition, ce qui reste le meilleur total de blocks sur une série disputée au meilleur des cinq matches.

Faut-il s’étonner de le voir élu « Défenseur de l’année » en 1995 ? Non. Faut-il s’étonner de le voir quitter Denver l’année suivante ? Non plus. Free-agent, Mutombo choisit de rejoindre Atlanta où ses exploits défensifs seront davantage mis en valeur et mieux exploités. Il empile les distinctions individuelles (4 sélections All-Star, deux nouveaux titres de Défenseur de l’année) mais ne connaît pas la réussite collective (voir les articles sur Mookie Blaylock et Steve Smith). Une image s’imprime dans la rétine : celle d’un « Deke » faisant « Non » du doigt à son adversaire après avoir contré sa tentative. « Not in my house. »

Puis une autre : la combinaison Iverson-Mutombo lors du All-Star Game 2001 à Washington. Stephon Marbury porte la sélection Est vers la victoire (111-110). Mais l’état-major des Sixers est davantage concentré sur l’association entre « The Answer » et le seul pivot lui paraissant capable de donner la réplique à Shaquille O’Neal dans l’hypothèse d’une Finale NBA. En février 2001, au lendemain du Match des Etoiles, Philadelphie expédie Theo Ratliff en Géorgie pour récupérer le géant africain. Ratliff, blessé au moment de l’échange, n’avait pas démérité jusque-là. En récompense de ses efforts, Philly lui offre un ticket pour le néant. Au moment de boucler ses valises, il ne masque pas son amertume. Pire : son dégoût. « La NBA est un sale business… »

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Dikembe Mutombo quitte une franchise en perdition (28 victoires en 2000 et 25 en 2001) pour un futur finaliste NBA. Il s’adjuge un quatrième titre de Défenseur de l’année au printemps 2001 mais ne peut contrarier seul la domination du Shaq en Finales (4-1 pour les Lakers). Au lendemain d’une élimination au premier tour des playoffs 2002 (3-2 contre Boston), la lune de miel s’achève. Jugeant le Congolais sur le déclin alors que ses stats sont restées stables, les Sixers le cèdent à New Jersey.

Limité à 24 matches pour cause de blessure, « Deke » ne peut aider les Nets. Il assiste en spectateur au début des playoffs avant de jouer les utilités dans les Finales 2003 (2-4 contre San Antonio). Un an plus tard, après un transit par New York et Chicago (il sert de monnaie d’échange dans le transfert de Jamal Crawford mais ne dispute aucun match pour les Bulls), Mutombo emménage à Houston, comme back-up de Yao Ming.

Il capte 22 rebonds à 41 ans !

Dans le Texas, Papy fait de la résistance et donne la leçon à tous les apprentis pivots et blancs-becs de la Ligue. Prenez-en de la graine, les jeunes ! Le 2 mars 2007, à 41 ans, il devient le joueur le plus âgé ayant capté 20 rebonds ou plus dans un match (22 contre Denver). Le 10 janvier 2008, il réussit cinq contres dans une défaite face aux Lakers (102-77) et dépasse Kareem Abdul-Jabbar pour le total de blocks en carrière. Il terminera deuxième derrière Hakeem Olajuwon (3 289 contre 3 830). Playoffs 2009. Dans le Game 1 du premier tour contre Portland (4-2), Dikembe rapporte encore 9 rebonds, 2 contres et 1 interception en 18 minutes… Le vieux sage a tout donné. Son corps dit « Stop ». Dans le deuxième quart-temps du Game 2, il est victime d’une rupture d’un tendon du genou gauche qui met un terme à sa campagne.

« C’est fini pour moi », lâche le n°55 qui annoncera officiellement sa retraite le 23 avril.

Cette longévité – 18 ans de carrière – ne suffit pas à expliquer l’immense respect inspiré par le personnage Dikembe Mutombo. Papa de six enfants (dont quatre par adoption), « Deke » est un homme éduqué, engagé et profondément bon. Il voulait faire médecine. Il quitta Georgetown avec un diplôme de linguistique et de solides prédispositions pour la diplomatie. Son action en faveur du développement du continent africain mériterait un article entier. Dikembe crée une fondation, paie des équipements, finance des infrastructures, participe à la construction d’un hôpital de 300 lits à Kinshasa (Biamba Marie Mutombo Hospital, du nom de sa mère, décédée en 1997)… Partout où il le peut, il intervient, prend la parole, agit pour montrer le bon exemple.

En 2004, DeSagana Diop, Malik Rose et Shawn Bradley l’accompagnent sur le Continent Noir dans le cadre du programme « Basketball Without Borders ». Son investissement est salué dans les plus hautes instances internationales. A l’ONU, dont il est l’un des ambassadeurs. A la Maison-Blanche. Devant le Congrès américain, où le président George Bush parle de lui, en janvier 2007, comme d’un « fils du Congo ». « Mon cœur était plein de joie », confia l’intéressé. « Je ne savais pas que le président m’adresserait de tels compliments. »

Depuis sa retraite, Mutombo continue de trainer sa grande carcasse dans les travées des salles NBA, allant même jusqu’à rechausser ses immenses chaussures pour le premier Africa Game en Afrique du Sud. Sans surprise, il a fait son entrée au Hall Of Fame 2015, optant pour David Stern pour son discours d’intronisation.

Autre preuve de l’immense respect qu’il inspire à travers la NBA, son maillot a été retiré par les Hawks, mais aussi les Nuggets en 2017.

STATS EN CARRIERE

18 ans de carrière

1 196 matches (997 fois starter)

9.8 pts, 10.3 rbds, 1 pd, 0.4 int, 2.7 ct

51.8% aux tirs, 0% à 3 points, 68.4% aux lancers francs

PALMARÈS

Défenseur de l’année : 1995, 97, 98, 2001

All-Star : 1992, 95, 96, 97, 98, 2000, 01, 02

All-NBA Second Team : 2001

All-NBA Third Team : 1998, 2002

All-Defensive First Team : 1997, 98, 2001

All-Defensive Second Team : 1995, 99, 2002

All-Rookie First Team : 1992

Meilleur rebondeur NBA : 2000, 01

Meilleur contreur NBA : 1994, 95, 96

Suivez toute l'actualité NBA sur la chaîne WhatsApp de Basket USA

Suivez nous également sur Google Actualités