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1985 – 2015 : George Eddy raconte 30 ans de basket sur Canal+

george-eddyPour tous les fans français de la NBA, son accent américain est une formidable madeleine de Proust qui rappelle Michael Jordan, des nuits blanches et des Finals d’anthologie. Après avoir commenté pendant 30 ans le basket sur Canal+, George Eddy a pourtant vu tous les droits TV filer vers d’autres chaînes. Entre choix économiques et réorientation stratégique, « Mister George » ne pourra bientôt plus être entendu en France puisqu’il officiera uniquement sur Canal+ Afrique. C’est une page qui se tourne pour les fans de basket américain, qu’il a tous influencés, d’une manière ou d’une autre.

Vous êtes arrivé à Canal+ en 1985. Comment ça s’est fait ?

J’étais encore joueur au Racing et j’étais l’un des tous premiers abonnés à Canal+ parce que j’ai vu qu’ils allaient faire du sport américain. Quand j’ai regardé la documentation de la chaîne avec mon abonnement, je me suis dit : ‘Zut, ils vont passer du basket américain et je ne sais pas qui va pouvoir commenter ça. Moi, j’habite à Paris, je connais bien la NBA et je parle français correctement’. Sans trop y croire, j’ai donc envoyé mon CV à Charles Biétry. Mes potes au Racing me disaient que je n’étais pas assez connu et que je ne serais jamais pris. J’ai quand même envoyé mon CV et j’ai bien fait parce que deux semaines avant le premier match, il n’avait toujours pas trouvé de commentateur et j’ai eu ma chance comme ça.

« Je disais souvent que j’étais 50% journaliste et 50% comédien »

En 1985, Internet n’existait pas [pour le grand public], comment vous arriviez à vous documenter par rapport aux joueurs ou aux équipes ?

C’était toute une aventure ! Les gens ne se rendent pas compte parce que la vie a tellement changé depuis mais on se documentait uniquement avec l’Herald Tribune, USA Today ensuite et Sports Illustrated. Après, quand je faisais mes voyages aux Etats-Unis, j’ai ramené les guides NBA qui étaient bourrés de statistiques et d’informations. On a ramené tout ce qu’on pouvait ramener, pour le foot US également. Au tout début, les matchs étaient en différé. On recevait les cassettes d’un match qui avait lieu une semaine avant donc c’était diffusé avec 10 jours de retard. Et moi, je m’occupais de tout : choisir le match, faire le montage, dérusher et commenter. Quand je commentais le match, je l’avais déjà vu trois ou quatre fois. L’idée qu’on pouvait regarder un match qui avait lieu 10 jours avant, ça paraît venir d’un autre monde.

Comment vous faisiez pour garder l’enthousiasme sur un match que vous commentiez mais que vous aviez déjà vu trois ou quatre fois ?

Je disais souvent que j’étais 50% journaliste et 50% comédien parce que je connaissais le résultat. Mais bon, j’avais bien compris dès le début que mon job était de vendre le basket à un nouveau public pour les intéresser à des sports américains. En étant enthousiaste et en mettant en valeur les belles actions, avec mes expressions et ma voix, ça participait à populariser ce sport.

Les premières Finals sur place, c’était en 1991.

Oui, Michael Jordan face à Magic Johnson. C’était le tournant parce que ça faisait déjà six ans qu’on diffusait la NBA mais c’était la première fois qu’on se déplaçait aux Etats-Unis pour la finale. À l’époque, il n’y avait que trois TV étrangères sur place : le Mexique, l’Italie et nous. En fait, Charles Biétry s’est inspiré de ce que faisait la télévision italienne depuis quelques années avec la NBA et la NFL. Ils étaient en avance sur nous avec le fameux coach, Dan Peterson, qui était la voix du basket américain en Italie. Charles Biétry a bien fait d’importer la NBA puisque ça fait notre bonheur depuis 30 ans.

« Ma direction a été sur le cul de voir tous ces abonnés qui regrettaient la fin de la NBA et maintenant du basket sur Canal+ »

Depuis 30 ans, vous étiez en effet le « gourou d’une secte de noctambules ». C’est une définition qui vous convient ?

Oui, même si je ne m’en suis pas vraiment rendu compte. Récemment, avec tous les commentaires élogieux que nous recevons puisque c’est la fin de 30 ans de basket sur Canal+ France, je m’en rends davantage compte, surtout sur la génération des années 1990. C’était vraiment l’époque glorieuse pour le basket à tous les niveaux. Limoges est champion d’Europe, la « Dream Team », Michael Jordan six fois champion… J’ai été vraiment étonné du nombre de messages sympathiques que David Cozette et moi avons reçu. Je pense que ma direction a été sur le cul de voir tous ces abonnés qui regrettaient la fin de la NBA et maintenant du basket sur Canal+ France. Au moins pour le moment.

Les joueurs – Tony Parker, Boris Diaw, Nicolas Batum… – ont aussi grandi en écoutant vos commentaires et ils disent que ça a également nourri leurs rêves de NBA.

Comme la NBA n’existait quasiment pas en France, un jeune basketteur avait du mal à savoir de quoi il s’agissait. Dans les années 1990, il y avait également le phénomène playground et plus de 300 ou 400 terrains ont été construits à travers la France. Il y avait ce côté sport de banlieue avec des tournois de 3×3, qui s’accompagnaient du marketing de Nike autour de Michael Jordan. Ça a inspiré Tony, Nicolas, Boris et même ceux qui sont venus après comme Rudy Gobert ou Evan Fournier. C’est pour ça que je les considère comme mes fils spirituels. Je ne peux pas dire mes petits frères car je suis trop vieux mais j’aimerais bien être considéré comme le grand frère de ces générations qui constituent l’équipe de France actuelle.

Cet été, Michael Jordan était à Paris et on a pu voir qu’il avait une popularité toujours extraordinaire auprès du public, provoquant des mouvements de foule qui l’ont empêché de se présenter au Quai 54. Est-ce que vous pensez être en partie responsable de cette popularité ?

C’est ce qu’il m’a dit, très gentiment. Il m’avait dit qu’on avait beaucoup aidé à populariser la NBA en France mais par rapport à lui, c’est comme pour tout, j’ai été un accompagnateur privilégié qui essayait de faire ça le mieux possible pour tous les acteurs, les spectateurs, les coaches. En étant objectif et j’espère compétent. Très rapidement, j’ai demandé ma carte de presse et j’ai essayé de devenir journalistiquement beaucoup plus fort, à force de côtoyer Biétry, Denisot, Pierre Lescure, Gildas, De Caunes, tous ces grands noms qui ont créé Canal+ et l’esprit Canal.

« Tout ça ne pouvait que m’attrister »

Par rapport à l’esprit Canal, justement, comment avez-vous vécu l’abandon progressif du basket, qui était pourtant un sport qui a accompagné la création de la chaîne ?

Forcément, pas très bien. Je me suis battu en interne pour garder la NBA, la Pro A, l’équipe de France. Je n’ai pas été entendu mais ce sont des choix stratégiques de différentes directions qui se sont succédé depuis 30 ans. J’ai vu passer beaucoup de patrons différents. Ces dernières années, la stratégie a souvent changé, notamment Sport+ qu’on devait relancer, renforcer et mettre en HD avant de le faire disparaître sèchement. Tout ça ne pouvait que m’attrister mais j’ai toujours essayé d’encaisser les mauvais coups et de repartir de l’avant. J’ai été très heureux de commenter la Pro A ces trois dernières années avec David Cozette et j’espère qu’on a fait progresser l’intérêt du public français pour le basket français. Je pense qu’on a bien réussi avec l’équipe de France lorsqu’on voit les audiences record qu’on a accumulées sur les matchs de l’Eurobasket 2015.

Est-ce que c’est plus dur émotionnellement, de commenter un match de l’équipe de France que de commenter un match NBA ou de Pro A ?

Je ne sais pas si c’est plus dur mais c’est souvent des matchs couperet. Ça accentue le côté émotionnel et puis je connais tous les joueurs et le staff depuis 20 à 30 ans donc je me sens totalement impliqué dans tout ce qu’ils font. Avec David Cozette, nous sommes les supporters n°1 de l’équipe de France depuis toujours. En plus, on a vécu des choses grandioses depuis cinq ans et même en remontant aux JO 2000. Peut-être que la charge émotionnelle et la tension nerveuses sont plus fortes sur un match couperet où il n’y a pas de lendemain si on est éliminé. Mais c’est là où il faut rester objectif et professionnel et j’espère qu’on a réussi à le faire, notamment lors du dernier France-Espagne.

On se souvient que vous vous étiez pourtant énervé à l’antenne, lors de France-Russie en 2007.

C’était particulier parce qu’on n’avait pas fait les Jeux olympiques de 2004 en vendangeant le match de la médaille de bronze contre une équipe italienne très diminuée. Ça faisait déjà quatre ans sans Jeux olympiques. Là, on est tout proche de passer contre une forte équipe russe et ça file entre nos doigts pour des lancers francs manqués, une nouvelle fois. Je me suis peut-être laissé aller à dire un juron ou deux lorsqu’il était évident qu’on allait perdre contre les Russes en 2007 et ce qui m’a fait plus mal encore, c’est qu’on n’a pas été sérieux dans les matchs de classement et qu’on n’a même pas pu aller au tournoi pré-olympique.

« Aujourd’hui, chaque journaliste doit commenter un match par jour pour le rentabiliser »

Dans l’interview pour Le Monde, vous dites que vous aviez conscience d’être devenu un peu caricatural dans les années 1990. Comment vous faisiez pour rester lucide sur vos commentaires et vous adapter ?

Je lis les critiques, qui m’apportent des informations lorsqu’elles sont constructives. En fait, je ne me suis pas trop rendu compte de ce côté caricatural mais c’est quelque chose que j’ai lu récemment et ça sonnait plutôt juste. Le problème, c’est qu’on t’entend pendant 30 ans et qu’avec les « Badaboum ! », les « coast-to-coast » et toutes ces expressions, les gens peuvent se dire que je me repose toujours sur les mêmes choses. J’ai pris ça en compte et ces dernières années, en vieillissant, j’ai essayé d’être moins « olé olé » et plus dans l’analyse technique. Je laissais David Cozette faire les grandes envolées lyriques, comme il sait le faire. Si on donnait l’impression de se répéter, c’est aussi que les gens oublient qu’au début, on faisait un match par semaine alors que c’est plutôt quatre ou cinq ces dernières années. ça peut devenir lassant et c’est pour ça que j’ai toujours été d’accord pour partager les commentaires avec Monclar et les autres, afin de ne pas mobiliser le micro. Ça peut devenir un problème mais aujourd’hui, on est dans la rentabilité donc chaque journaliste doit commenter un match par jour pour le rentabiliser. Et avec Internet, c’est clair que la quantité prime largement sur la qualité dans tout, et notamment dans les commentaires sportifs.

Maintenant, vous allez commenter sur Canal+ Afrique. C’est un peu comme un retour à vos débuts sur Canal+ ?

Oui, c’est ce défi qui m’intéresse. Canal+ Afrique, c’est nouveau et c’est l’avenir de la croissance du groupe. Ils ont dû passer de 1.3 à 2 millions d’abonnés en un an et ils espèrent arriver très vite à 3 millions. J’ai en plus toujours eu des atomes crochus avec le public africain qui m’a souvent témoigné beaucoup de respect. Je pense que les commentaires de George Eddy sur la NBA ont circulé par VHS dans des tas de maisons de l’Afrique francophone pendant 30 ans. On va essayer de séduire et fidéliser les abonnés africains. J’ai aussi vécu les débuts de TV Sport, d’Eurosport France, de Sport+, de Canal+ Sport et c’est dans la même lignée. Et puis il n’y a plus de basket sur Canal+ France donc je n’avais pas tellement le choix non plus…

Et vous n’avez pas envisagé de partir sur beIN Sports ou L’Equipe 21 ?

Si Canal+ avait manifesté l’envie de me voir partir, je serais allé sur une autre chaîne, c’est sûr. Je suis en contact permanent avec mes anciens collaborateurs qui sont désormais à beIN, MCS ou L’Equipe 21 et ailleurs. Mais à partir du moment où Canal+ a voulu me garder pour l’aventure africaine et les JO, l’été prochain, je ne voyais pas trop l’intérêt de partir.

Vous avez quand même espoir que Canal+ récupère les droits sur du basket dans l’avenir ?

Oui. J’ai vécu tellement de choses. Il ne faut pas oublier qu’on avait perdu les droits NBA en 1991, qui étaient partis sur France 3. On avait dû faire du basket universitaire. Après, on avait récupéré les Finals et le partenariat avait duré pendant 27 ans au total. J’ai vu les droits partir et revenir. On n’avait pas fait non plus les JO 2012 alors qu’on va les faire en 2016 puis 2020. En plus, c’est la dernière année du contrat de beIN avec la NBA donc je vais faire du lobbying en interne et croiser les doigts pour que la roue tourne et qu’on récupère des choses. Même chose pour l’équipe de France puisque les droits de l’Eurobasket 2017 ou du tournoi de qualification olympique, l’été prochain, seront à négocier bientôt. Comme depuis 30 ans, je vais donc essayer de suggérer aux dirigeants de se positionner. Il ne faut pas oublier que depuis 30 ans, il y a des abonnés de Canal+ qui étaient amoureux de basket et qui ont rempli les caisses du groupe. C’est clair qu’ils n’ont pas été récompensés ces dernières années.

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