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Mary Patrux, bien dans son basket

Mary PatruxAvant de présenter « NBA Extra », Mary Patrux (37 ans) a sillonné les salles de basket d’Île de France, où son shoot l’a porté jusqu’aux portes de l’INSEP. Basket USA a rencontré la journaliste afin de retracer son parcours, des parquets franciliens aux plateaux de beIN Sports.

A 10 ans, elle aperçoit « Dieu »…

Porte de Saint-Cloud, 1er septembre 1990. Ils sont des milliers de fans à avoir suivi la rumeur qui circule depuis quelques jours dans la capitale, des milliers de croyants à s’être rassemblés pour tenter d’apercevoir ce que Bruno Gaccio appellera, quand il le recevra dans son émission Nulle Part Ailleurs huit ans plus tard, « ce qui se rapproche le plus d’un Dieu sur cette pauvre terre ». Michael Jordan est à Paris. Un peu plus de 1500 chanceux parviennent à franchir les portes de la salle Géo André où, toute la soirée durant, George Eddy tentera de rassurer la star des Bulls, qui a un temps envisagé d’annuler sa participation. Les organisateurs ont sous-estimé son impact sur les supporters français. Le gymnase est comble, le public surchauffé.

Dehors, ils sont plus de 8 000 fans déçus à être restés en rade derrière les vitres, certaines explosent sous le poids des spectateurs. Une petite fille de dix ans est dans la foule. Elle arbore fièrement un t-shirt de « MJ » que son père lui a ramené des Etats-Unis.

« Mon père m’avait emmené, mon frère et moi, en nous expliquant qu’on allait découvrir le plus grand joueur de basket de la planète, raconte Mary Patrux, le regard égaré dans ses souvenirs. Il pensait être dans la branchitude absolue, faire partie des rares personnes en France à savoir que Jordan était un grand joueur. Il s’était trompé. Je l’ai aperçu, mais nous sommes restés derrière la vitre. »

Ce soir-là, la future journaliste découvre la folie Jordan, l’ampleur de l’impact populaire et le potentiel médiatique sans limite de la NBA hors des frontières états-uniennes.

Fidèle à Franconville

On a rencontré Mary Patrux à la sortie de NBA Extra, un vendredi de reprise après le All-Star break. Trois semaines plus tôt, elle rentrait de Cracovie, en Pologne, où elle a couvert le championnat d’Europe de handball. Puis c’était la Caroline du Nord, un aller-retour express de trois jours pour réaliser avec Jacques Monclar une longue interview de Nicolas Batum, le montage dans la foulée. Au septième et dernier étage de la Factory, le bâtiment qui abrite les locaux de beIN Sports, elle reçoit avec sa fille, Louise, qui à six ans tape déjà la balle dans un club de la région parisienne. Bon sang ne peut mentir.

Mary Patrux est née à 1979 à Lesquin, dans la banlieue lilloise où son père, Michel, venait de s’installer. Commercial, il avait dans ses plus jeunes années joué au Bataillon de Joinville, au PUC et à Denain. Eric Beugnot a été son équipier, Jacques Monclar son adversaire.

« Il ne voulait pas me forcer à jouer au basket, raconte sa fille. A vrai dire, il ne m’en a même pas parlé avant de m’avoir fait tout essayer : la danse, le judo, la natation. Mais je m’ennuyais partout. Alors un matin, on est allé au gymnase et j’ai participé à mon premier entraînement. J’ai tout de suite accroché. »

Dans les années 80, la famille déménage dans la région parisienne, à Cergy-Pontoise. En benjamine, Mary Patrux fait les sélections départementales. Presque toutes les joueuses qu’elle y affronte viennent du même club, le meilleur de la région : Franconville. Elle a huit ans quand elle y prend sa licence, sans savoir qu’elle y restera près de vingt ans.

« Les filles de Franconville sont devenues mes copines et elles le sont encore aujourd’hui. J’ai grandi avec elles. On est sorti en boîte ensemble, on s’est retrouvé à nos mariages, on a vieilli ensemble… Pour moi, c’était impensable de jouer ailleurs. »

Si elle admire en rêvassant le poster grandeur naturel de Jordan accroché au plafond de sa chambre, elle se passionne aussi pour le basket français. Elle regrette encore le jour où ses parents l’ont obligé à aller à l’école alors que Stéphane Ostrowski, son idole de jeunesse, conduisait un clinic dans le club de son enfance – le t-shirt signé qu’elle avait récupéré ce jour-là à la sortie des cours constituait un bien maigre lot de consolation.

Les premiers titres des Bulls, le Nike Tour à Paris avec Charles Barkley, le sacre européen de Limoges sont autant de marqueurs qui balisent sa jeunesse. La compétition grignote tout son temps libre.

« Les vacances scolaires, c’était simple : j’avais un stage avec les sélections à Bondy, puis un tournoi inter-zones contre le Nord-pas-de-Calais ou la Picardie ; l’été, j’étais à Temple-sur-Lot pour me perfectionner avec l’équipe d’Île de France ; les voyages, je les faisais aux Etats-Unis avec mon frère pour des camps de basket, à New York et Boston, avec Robert Parish. »

Ses adversaires la surnomment « Nellie Oleson »

Ailière, pas du genre à aller se frotter aux « grandes, en bas », Mary Patrux est une pure shooteuse. Son boulot, c’est de marquer des points : de rapides recherches permettent de retomber sur quelques compte-rendus du Parisien aux boxscores rudimentaires mais éloquents (ici, ou ).

En revanche, sur les parquets, elle râle. Beaucoup. En Normandie où elle joue parfois, ses adversaires la surnomment « Nellie Oleson », du nom du personnage antipathique, manipulateur et vaniteux de La Petite maison dans la prairie. Elle est la leader d’une équipe qui « faisait déjouer les gros, mais perdait contre les derniers », conséquence somme toute logique d’un groupe qui « ne jouait pas pour faire carrière, mais pour se retrouver et aller au barbecue après ».

Elle ne peut pour autant se passer des entraînements et de la compétition, même quand elle débute ses études d’histoire à la Sorbonne. Napoléon qui la passionne le matin, la Révolution française l’après-midi, et à 18h, à Saint-Lazare fissa pour arriver à temps au gymnase de Franconville, puis retour à Paris vers minuit. Trois jours par semaine, plus les matches du week-end.

« J’ai toujours aimé l’ambiance de club. Les réunions avec les parents, les enfants. Les rencontres du dimanche après-midi à 15h30. Les déplacements en car. Tout ça me semblait très naturel. Ça rythmait ma vie, et ça m’a fait très bizarre quand j’ai arrêté. »

Hervé Mathoux, Cyril Linette et Vincent Duluc comme professeurs

Son parcours de joueuse s’achève par des détections à l’INSEP, sans suite (« je n’ai pas su être bonne au bon moment »), et des demi-saisons sabotées par ses études et ses premières obligations professionnelles. Pendant sa maîtrise d’histoire, Mary Patrux s’impose en effet une lecture du dictionnaire des noms propres et un fichage compulsif du Monde, rigueur payante puisqu’elle lui permet intégrer l’IPJ (Institut pratique du journalisme) où ses professeurs s’appellent Vincent Duluc, Hervé Mathoux et Cyril Linette.

Elle accepte toutes les propositions de stage, de piges et de petits boulots qui s’offrent à elles: BFM Radio, RTL, Infosport mais aussi Radio Protestante, Ouest-France où elle effectue la veille judiciaire à Lannion, et même un été au service photocopie du ministère des Affaires étrangères. Elle achève ses études par un stage à Eurosport, qui débouche sur une embauche – et sur un mariage, puisqu’elle y rencontrera son mari.

« J’étais tellement bien dans cette boîte que je ne pouvais pas travailler ailleurs. C’était ma maison. J’admirais mes collègues, qui pour la plupart étaient des encyclopédies du sport sur le foot, le biathlon et le saut à ski. C’était l’école de la rigueur, toujours carré, sans guerre de pouvoir. C’est comme ça que j’imaginais ce métier. Je n’aurais pas pensé quitter Eurosport, mais il est arrivé une période où je ne me sentais plus désirée. »

A la recherche d’un nouvel emploi, Mary Patrux apprend un jour que Charles Biétry s’apprête à prendre en main la direction éditoriale de l’Equipe TV. Son mari la prévient : « Je pars faire les courses : quand je reviens, tu l’as appelé. » Elle s’exécute. Biétry lui donne rendez-vous un quart d’heure plus tard dans ses locaux.

« Il regarde mon DVD, puis me demande : ‘vous pouvez commencer quand?’ En une après-midi, c’était réglé. Un truc de fou. »

Très vite, elle est promue présentatrice du Forum, un magazine hebdomadaire d’une heure destiné à revenir sur la carrière d’un sportif. Elle garde en mémoire les rencontres avec Nikola Karabatic (« il était tout timide… »), Alain Boghossian (« qu’est ce qu’on s’est marré… »), Laura Flessel, Jean Alesi. Et Tony Parker, évidemment.

« Depuis toute petite je regardais les Jeux olympiques et ses champions : là, ils étaient tous en face de moi. Chaque semaine, il y avait l’angoisse de ne pas trouver d’invité, mais jamais je n’ai eu personne. Avec le recul, c’était une période d’épanouissement total. »

BASKETBALL : Emission NBA Extra - 22/10/2015

Et puis, le projet beIN Sports est arrivé, venu de nulle part si ce n’est de la volonté de Charles Biétry, qui choisit de la solliciter à nouveau. La chaîne achète ses premiers droits, deux matches de Ligue 1 par semaine, mais vise déjà la Ligue des champions. En janvier 2012, beIN commence à embaucher : une semaine plus tard, Mary Patrux signe son contrat dans un parking à l’arrière d’une voiture. Matricule 0003. Dans des bureaux provisoires, la voilà qui participe pour la première fois à la création d’une chaîne et à l’élaboration d’une grille des programmes, sans savoir quelles seront ses garanties.

Initialement prévue sur la matinale, finalement chargée de présenter le football avec Darren Tulett, Mary Patrux est appelée à la rescousse sur NBA Extra pendant les Finales 2013, afin de compenser l’absence des envoyés spéciaux. « C’était provisoire, mais la saison d’après, je suis restée. Finalement, c’est devenu définitif. » 

« Le concept de parité m’insupporte, ça doit se décider sur les compétences »

Aujourd’hui, la quotidienne a trouvé son rythme de croisière. L’équipe se retrouve tous les matins vers 8h30 pour décrypter les matches NBA de la nuit et en discuter en conférence de rédaction, à 9h – « celui qui arrive en retard n’a plus un sourire de ma part de toute la journée », précise Mary. Après 10h, chacun remplit sa mission jusqu’au direct, à 12h45. Le format de l’émission imaginée par Xavier Vaution et Rémi Reverchon a évolué depuis son lancement. NBA Extra dure 45 minutes cette saison, et forge son identité sur deux éléments majeurs : un ton souvent décalé qu’affectionne la bande de consultants (Jacques Monclar, Chris Singleton et Eric Micoud), et une place accrue accordée au débat.

« Avant, on n’avait rien le temps d’approfondir et c’était frustrant vu la qualité des consultants, développe Mary Patrux. On a réussi à changer ça, mais on aimerait amener cette évolution encore plus loin, lancer de vraies discussions de fond sur la NBA. »

La présentatrice ambitionne aussi d’aller davantage à la rencontre des joueurs français aux Etats-Unis, de poursuivre l’élan impulsé par les longs entretiens avec Batum au début du mois et Parker l’an passé.

« Je veux montrer à quel point ces gars sont reconnus. Tu vas à San Antonio, Tony Parker, ça dépasse tout ce qu’on peut imaginer : il faut le voir pour y croire. J’aimerais montrer que ce sont des gens intéressants qui ont un vrai recul sur cette ligue, d’autant qu’ils sont tous incollables sur leur sport. J’ai envie qu’on entende ces joueurs sur notre chaîne, qu’on crée l’événement avec un truc à nous, qu’on produit. On peut même voir plus loin : on a fait les Français, passons le cap, allons chercher une star américaine. »

La discussion se poursuit, dérive sur des sujets aussi variés que son engagement politique (« j’ai grandi avec des valeurs de gauche et je m’y retrouve à l’âge adulte »), sa conception du féminisme (« je n’irai pas m’engager pour la journée de la femme, ni militer pour mettre une fille à la télévision juste parce qu’il y a trop de garçons : le concept de parité m’insupporte, ça doit se décider sur les compétences ») et son rôle officieux de présidente du fan club de Stephen Curry (« il est déjà le MVP de cette saison, c’est terminé, on ne discute pas »).

batum-patrux

L’ancienne shooteuse de Franconville aurait évidemment aimé suivre elle aussi une carrière pro, « ne serait-ce qu’une année, pour voir ce que ça fait ». Mais après avoir couvert des disciplines aussi variées que le tennis, le beach soccer et le saut à skis à Eurosport, découvert le format magazine à l’Equipe, elle a d’une certaine manière trouvé le compromis parfait à beIN : un quotidien NBA en plateau, entrecoupé d’événements omnisports sur le terrain. Elle se réjouit déjà de couvrir les championnats de France de natation fin mars et les Mondiaux de handball en France l’an prochain. Surtout, elle n’attend que les Jeux, « ce Disneyland du sport ».

« J’aime voir l’évolution d’une équipe pendant une compétition, la manière dont chacun réagit au sein du groupe au fil des jours. J’admire les efforts, les sacrifices, la capacité de certains athlètes à se programmer et à être performant le jour J, à se relever d’une déception. J’aime tout ce qui humanise les sportifs, ce qui te ramène à la réalité et que tu oublies, parfois, quand tu couvres un Championnat qui se joue à 10 000 kilomètres de Paris.  »

Vingt-sept ans après l’avoir aperçu porte de Saint-Cloud, Mary Patrux a évidemment voulu profiter de sa présence à Charlotte, au début du mois, pour revoir Michael Jordan. Las : l’histoire des rendez-vous manqués s’est poursuivie. Elle a une nouvelle fois dû se contenter de le deviner, « de dos, de loin et dans le noir ».

Crédit photos : PANORAMIC 

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