Chaque fan de Michael Jordan a son match ou moment favori dans la carrière de l’ancien Bull : ses 63 pts contre Boston en 86 ; sa première mi-temps contre Portland en 92 ; ses 55 pts contre les Knicks en 95 ou encore son dernier match avec les Bulls et son dernier shoot en 98.
Mais un match reste dans les mémoires de tous les fans des Bulls et de Jordan. Un match qui n’est pas marqué de l’un des ses nombreux records, mais un match qui définit à lui seul ce que fut Michael Jordan. Cette rencontre, c’est la 5ème rencontre de la finale contre Utah le 11 juin 1997.
Avant ce match, les deux équipes sont à égalité 2 victoires partout et Jordan connaît une série en montagnes russes.
Un panier au buzzer pour le premier match, suivi d’un énorme match proche du triple double avec 38 pts, 13 pds et 9 rebonds. Résultat : 2 victoires pour les Bulls.
Seulement les 2 matches au Delta Center sont plus compliqués. Deux perf’ moyennes pour lui avec 26 pts (9/22) et 22 pts (11/27).
Le match 5 de mercredi s’annonce des plus importants. Utah est sur une bonne dynamique. Seulement mardi, Michael Jordan se réveille en sueur et nauséeux. Il a du mal à s’asseoir dans son propre lit et se sent comme paralysé.
Jordan appelle alors le médecin du club. Il pense qu’on lui a administré quelque chose via sa nourriture. En fait, Jordan souffre d’une intoxication alimentaire. Pour le médecin, la star des Bulls ne peut pas jouer le match du lendemain.
Jordan reste alors dans son lit pendant 24 heures, manquant les entrainements de mardi matin et ceux de mercredi jour du match. Il est déshydraté et perd même quelques kilos. Malgré tout, 3 heures avant le début de la rencontre, il quitte lui-même l’hôtel et va à la salle.
Ce n’est qu’environ une heure et demi plus tard que Scottie Pippen voit enfin Jordan et ses propos ne sont pas rassurants.
«A aucun moment je n’ai pensé qu’il puisse être en tenue. Je ne l’avais jamais vu comme cela, il n’allait pas bien, je veux dire vraiment pas bien »
Malgré tout Jordan va dans le vestiaire, dans une salle adjacente et se concentre pour le match. Il met ensuite sa tenue et va voir Phil Jackson. Il peut et va jouer ce match. Il assure Jackson qu’il le tiendra au courant de son état de santé.
Jordan est donc titulaire et débute son match par un fadeway mais on sent bien qu’il n’est pas à 100 %. Il gère ses courses, ne propose pas d’intensité dans son jeu et dès qu’il le peut se courbe avec les mains sur les genoux.
A la fin du premier quart temps, Jordan a marqué 4 pts à 2/5 aux shoots et Chicago est déjà à moins treize, 29-16.
Et après trois minutes dans le second quart temps l’écart est monté à +16 (36-20). C’est le moment où Jordan retrouve son jeu. Il va sur la ligne des lancers, chose qu’il n’avait pas fait lors du match 4. Il enfile les paniers à mi-distance et retrouve de l’agressivité en attaquant le panier en témoigne sa claquette sur le lay-up de Pippen. Sous son impulsion (17 pts), les Bulls recollent au score. 53-49 à la mi-temps pour le Jazz.
En troisième quart temps, la fatigue et les nausées reviennent limitant une nouvelle fois son impact sur le terrain. Comme au début du second quart-temps, Utah fait le break au début du money time. Mais Jordan élève son niveau de jeu et Chicago réussit un 10-0.
A moins d’une minute de la fin, Jordan obtient deux lancers-francs. Il réussit le premier mais manque le second. Mais il prend tout de même son rebond et remet en place l’attaque.
Il reste alors 40 secondes, et le score est de 85 partout.
Jordan envoie Pippen en poste bas sur Jeff Hornacek et le Jazz commet une erreur tactique en faisant prise à deux. Le Jazz laisse Jordan tout seul à 3-pts.
Pippen voit l’ouverture et Jordan sanctionne, 88-85 pour les Bulls avec 25 secondes à jouer.
Deux actions plus tard et une nouvelle erreur du Jazz qui oublie de faire faute, Jordan s’écroule dans les bras de Pippen.
Les Bulls s’imposent 90-88 et reprennent la tête de la série. Jordan termine la rencontre avec 38 pts à 13/27, 7 rebs et 5 passes et 3 interceptions.
« C’est probablement la chose la plus difficile que j’ai jamais faite, si on avait perdu j’aurais été dévasté » déclare un Jordan épuisé
Même Jackson reste admiratif de la performance de son joueur, ainsi que Pippen :
« À cause des circonstances, avec ce match critique dans la finale, je dois dire que c’est la plus grande performance de Michael que j’ai vue. Se tenir débout était dur pour lui, ce fut un effort héroïque. Un de plus dans sa collection qui a fait sa légende » admire Phil Jackson
« Il est le plus grand et tout le monde a compris pourquoi ce soir » Scottie Pippen
Ce soir-là, Jordan a prouvé à tout le monde qu’il était l’un des plus grands compétiteurs de l’histoire du sport, et cette performance a compté le jour où il a fallu élire le titre de meilleur joueur de l’histoire.
John Hollinger, le monsieur stat d’ESPN a qualifié tout récemment cet exploit de meilleure performance individuelle de l’histoire des Finals malgré le fait qu’en termes de statistiques 15 autre matches furent supérieurs, dont 6 de Jordan lui-même.