Alors que le début de saison approche, Basket USA met un coup de projecteur sur les rookies qui vont arriver en NBA.
D’où viennent-ils ? Quelles sont leurs principales forces ? Leurs grosses faiblesses ? Comment leurs coachs peuvent-ils les utiliser dès la saison prochaine ? Après Ben Simmons, Brandon Ingram, Jaylen Brown, Dragan Bender, Kris Dunn et Buddy Hield, place aujourd’hui à Jamal Murray, sélectionné par les Nuggets.
Jamal Murray : le bon complément pour Emmanuel Mudiay ?
Alors que John Calipari conseillait aux Sixers de le choisir et qu’il se déclarait lui-même comme le meilleur joueur de la Draft, Jamal Murray a finalement atterri à Denver, avec le 7e choix.
Une place finalement plutôt logique pour le Canadien, qui a démontré son talent et ses qualités de shooteur lors de son unique année à Kentucky mais qui peut être ralenti, notamment défensivement, par son profil de « combo guard » et surtout par son manque de vitesse.
« Nous voyons autant Jamal Murray comme un meneur que comme un arrière », confirme ainsi Tim Connelly, le GM des Nuggets. « Il est la définition d’un combo guard. Ce qu’on n’a pas vu à Kentucky, parce qu’il jouait à côté de Tyler Ullis, l’un des meilleurs meneurs du pays, c’est qu’il a été un meneur toute sa vie ».
Ayant déjà annoncé que Gary Harris resterait l’arrière titulaire du club cette saison, malgré la Draft de Jamal Murray et Malik Beasley, Mike Malone a clairement fait de l’ex-Wildcat un projet à long terme. Il faut dire qu’à 19 ans, et avec ce profil entre le poste de meneur et d’arrière, le Canadien va devoir trouver sa place et son rôle dans un effectif surchargé à l’extérieur. Avec Emmanuel Mudiay, Jameer Nelson, Jamal Murray, Gary Harris, Will Barton, Malik Beasley ou encore Axel Toupane, il y a ainsi sept joueurs sur les postes 1 et 2.
« Lors de son année à Kentucky, il a joué quasiment toujours loin du ballon. Ça l’a aidé à développer son jeu », assure néanmoins Tim Connelly. « Nous le voyons comme un 1.5. Il peut jouer les deux positions, avec la balle dans ses mains ou en tant que shooteur à l’opposé du ballon ».
En Summer League, on l’a pourtant vu plus à l’aise avec le ballon en main. Moribond lors du premier match, aux côtés du duo Mudiay/Harris, le rookie a finalement repris de couleurs pour finir avec 29, 20 puis à nouveau 29 points. Et surtout de biens meilleurs pourcentages de réussite (de 30.4% lors des deux premiers matchs à 46.8% sur les trois derniers).
Avec ce petit floater intermédiaire, qu’il peut transformer en passe, et une belle capacité sur le pick-and-roll, Jamal Murray fut ainsi extrêmement intéressant. D’autant qu’il a parfaitement assumé sa réputation de gâchette.
Offensivement, son style rappelle ainsi celui de C.J. McCollum. Pour autant, cette Summer League a aussi confirmé les doutes des observateurs. Comme lors de son année universitaire, où il avait perdu plus de ballons (84) qu’il n’avait fait de passes décisives (79), Jamal Murray a beaucoup laissé échapper le cuir. Certains sont assez dubitatifs sur ses capacités à devenir un vrai créateur au niveau NBA, mais il devra en tout cas avoir une phase de transition.
Sur le plan défensif, il y aura sans aucun doute pas mal de travail à faire pour le Nugget, notamment sur les écrans. En Summer League, il a ainsi eu beaucoup de mal à gérer les changements et sa couverture du pick-and-roll fut parfois très inquiétante. Dans la NBA actuelle, cela pourrait le priver d’une bonne partie de son temps de jeu.
Mike Malone a clairement fait de Jamal Murray un projet au long cours chez les Nuggets et l’ancien élève de John Calipari va devoir être patient. Car malgré ses faiblesses défensives et les questions sur ses nombreuses pertes de balle, le Canadien a le talent pour briller en NBA. Avec son style et son tempo propres, sa capacité à mettre la pression sur les défenses tant de loin qu’à mi-distance et même près du cercle, il peut devenir le parfait complément d’Emmanuel Mudiay.
L’avis de Ryan Blake, scout pour NBA TV
« C’est un joueur qui est un peu plus grand que Buddy Hield mais c’est surtout un combo guard très, très doué. Il est bon dans tous les domaines. C’est quelqu’un qui est vu comme un très bon passeur, avec une belle vision du jeu. C’est aussi un joueur qui peut pénétrer ou marquer avec des floaters. Il est très agressif avec le ballon et c’est vraiment un très bon shooteur extérieur. Il n’est pas incroyablement rapide mais il l’est tout de même et il joue à son propre rythme. Et c’est vraiment quelque chose que j’aime chez lui ».
« Il pourrait avoir des problèmes de temps de jeu aux Nuggets, mais ça dépend de ce qu’ils veulent faire. J’adore leur coach [Mike Malone] parce qu’il a mis en place différents schémas offensifs et que Jamal Murray devrait pouvoir y trouver une place. Mais c’est un freshman qui va sans doute avoir besoin de temps… »
Quelques informations complémentaires sur Jamal Murray
– Formé par son père, un ancien basketteur et athlète amateur, qui jouait au basket face à Lennox Lewis avant de conseiller à ce dernier de se mettre à la boxe, Jamal Murray a une approche intellectuelle et mentale du basket. Avant et après chaque match, il médite ainsi seul, souvent sur le bord du terrain. Comme dans une bulle.
« C’est du kung fu mental », explique-t-il. « Parfois, je pense à l’entraînement et à ce que j’aurais pu mieux faire. D’autres fois, je visualise des choses qui vont arriver durant le match. Avoir ce temps pour moi-même est importante. C’est une part essentielle de qui je suis en tant que joueur ».
Si beaucoup expliquent qu’il a « son rythme propre » sur un terrain de basket, c’est sans doute donc en grande partie grâce à ce travail de visualisation. Mais aussi grâce à son père, qui lui impose un programme depuis son plus jeune âge. Pas de télévision, des matchs organisés face à des joueurs plus âgés, aucun téléphone portable avant son entrée à l’université et de mystérieux exercices sur la résistance à la douleur, à coups de pompes dans la neige…
« Je ne veux pas donner tous mes secrets », explique Roger Murray. « L’idée générale, c’est de pouvoir bloquer ce qu’il ressent, de lui faire comprendre que ce n’est que temporaire. Certains gamins prennent des coups ou se coupent et ils pensent que c’est pire que ce dont il s’agit vraiment. J’ai essayé de lui montrer que la douleur est quelque chose que nous connaissons tous, que ça fait partie de la vie. Si elle ne nous fait pas peur, on peut facilement la traverser ».
Les rookies déjà présentés
– Ben Simmons
– Brandon Ingram
– Jaylen Brown
– Dragan Bender
– Kris Dunn
– Buddy Hield