Dans l’histoire de la grande ligue, on se souvient de matches de légende, de joueurs de légende ou d’actions de légende.
Mais le basket, et la NBA en particulier, c’est aussi des gestes de légende. Dream shake, sky hook, fadaway, crossover…
Pour laisser son empreinte dans l’histoire, posséder un move de référence, quasi unique, est un plus. Un geste que le joueur est capable de dupliquer à l’infini, comme un shoot où l’on frôle les 100%, ou un dribble qui marche à tous les coups.
Les Américains parlent de « bread and butter move », d’un geste quotidien répété des milliers de fois à l’entraînement. Et qui sera souvent le geste choisi dans les fins de matchs à tension, voire durant le money time des matchs en playoffs.
Sans intention d’exhaustivité, Basket USA vous propose ici un petit panel de ces go-to-move entrés dans l’histoire.
Un registre favorable aux intérieurs
La première remarque est que ces go-to-move sont souvent l’œuvre de joueurs intérieurs. Cela n’est nullement surprenant, si l’on y réfléchit, car les joueurs extérieurs disposent en général de plus de marge de manœuvre dans les schémas offensifs. Par exemple, en sortie d’écran, ils peuvent varier avec des shoot en appuis, un shoot en mouvement (tear drop ou autres), lay up ou dunk selon la défense, ou encore passe vers un coéquipier (le fameux kick and shoot). Rien que dans ce cas-là, la variété des options pour le joueur extérieur fait qu’il aura davantage tendance à alterner le jeu et donc ne pas reproduire le même geste sous peine de donner à la défense l’occasion de l’arrêter.
A l’inverse, lorsque l’intérieur reçoit une passe. Son périmètre est limité et il a moins de solutions pour éliminer un adversaire. D’où l’importance d’avoir un mouvement qui fait la différence.
L’ailier, l’arrière et le meneur sont donc fonctionnellement limités dans ce registre du go-to-move puisque leur rôle premier est de varier le jeu, d’être imprévisible avec le ballon, de ne jamais laisser la défense s’installer, et d’être donc le plus polyvalent possible.
Des exceptions spectaculaires
Cela dit, il y a des extérieurs qui ont réussi à imposer leur griffe sur le jeu malgré cette nécessité du jeu collectif. En premier lieu, on peut évidemment parler de Michael Jordan et de son fameux fade away jump shoot. Bien qu’il fût capable de désosser n’importe quelle défense proposée à son regard, il se reposait souvent sur ce move offensif requérant agilité et coordination. Que ce soit en poste bas – remontant alors aux coins haut de la raquette – ou en pénétration depuis la ligne à trois points en s’arrêtant à trois mètres, MJ avait toujours pour objectif d’utiliser sa détente et sa maîtrise du shoot pour éviter le contre du défenseur. Sans parler du cultissime shoot contre Bryon Russell – méchamment (illégalement ?) crossé pour l’occasion – et le Jazz en finale 1998, regardez la constance et la facilité déconcertante avec laquelle His Airness réussit ce geste difficile.
Un autre go-to-move entré dans la légende de la NBA est le « killer crossover » de Tim Hardaway. Dès sa draft en 89 par les Warriors, il régale les fans de la Baie d’Oakland de ses démarrages croisés qui révolutionnent le poste de meneur. Celui qui fera partie du trio dévastateur « Run TMC » avec Chris Mullin et Mitch Richmond au début des nineties sous la houlette de Don Nelson va rapidement se faire un nom grâce à ce move directement issu du basket streetball.
Les grands classiques
Le plus connu des go-to-move, et à juste titre, est le « Dream Shake » d’Hakeem Olajuwon. Doté d’une mobilité incroyable pour sa taille, le pivot double-champion avec Houston est véritablement l’inventeur du go-to-move tant il usait de son Shake pour déposer ses adversaires. Consistant en une série de feintes doublée d’une mobilité des appuis rapides au sol, il lui permettait de jouer avec son défenseur comme avec une marionnette. David Robinson notamment – et on connaît pourtant son pedigree – y a largement goûté durant les playoffs 1995, se faisant mystifier à plusieurs reprises. Du grand art !
Un autre classique du genre est le « Bankshot » de Tim Duncan. Positionné à l’angle 3/4 en poste bas, the Big Fundamental – un surnom tout en justesse donné par Shaq – se met face au jeu et après une série de feintes, envoie le cuir taper sur la planche et retomber doucement dans le cercle. Dès sa sortie de Wake Forest, Duncan usait de ce shoot, démontrant sa maturité exceptionnelle pour son année rookie, et la finale NBA remportée aux dépens des Knicks. Le second extrait est un régal avec un petit show de dribbles croisés qui rend Dampier complètement marteau.
On pourrait continuer la liste à l’envi, rajoutant le « fade away jumper » d’Ewing – qui est une adaptation pour un pivot du shoot de Jordan, ou encore le « hook shot » de Shaq – version amphétaminée du « sky hook » de Kareem Abdul-Jabbar, ou encore le « pick & pop » du duo Stockton – Malone souvent conclu par l’adresse en périphérie du Mailman.
Une rareté dans le basket moderne
Dans la NBA des années 2010, le jeu favorise davantage la rapidité et la polyvalence. Comme indiqué par avant, les intérieurs ont plus de chances de développer un go-to-move de par leur présence dans la peinture, et par la répétitivité intrinsèque de leur rôle offensif. Mais à l’instar de Blake Griffin, qui représente clairement le prototype de l’intérieur moderne, à l’heure actuelle, bien difficile de singulariser un go-to-move en particulier. Et les stars actuelles sont d’abord et avant tout connu par leurs capacités et leurs talents multiples « at both ends of the court » comme on dit.
Si l’en est un assez symbolique de la vivacité du jeu actuel, ce serait le « tear drop » de Tony Parker ou encore le « spin move » de Monta Ellis. Ou alors, dans les gestes défensifs, le contre « chasedown » de LeBron James.
Tout cela est discutable, Basket USA lance le débat. La gonfle est entre vos mains…