Porté par des superstars comme Wilt Chamberlain, Allen Iverson et Paul Pierce dans le passé, et Carmelo Anthony ou Anthony Davis aujourd’hui, le bandeau n’a pas toujours été présent en NBA. En fait, l’histoire veut que ce soit par l’intermédiaire d’un petit arrière sorti de Louisiane que cette mode est née.
Basket USA vous raconte son histoire dans ce nouvel épisode de #BackToBasics.
Uncle Cliffie l’a porté. Rasheed Wallace aussi. Melo le porte aujourd’hui. Rondo et Davis aussi. LeBron en superposait même deux lorsqu’il le portait, et Dwight Howard l’a essayé à l’époque des Lakers… Le bandeau sur la tête, c’est un accessoire rare mais marquant du petit monde de la balle orange.
Mais si l’on remonte un peu dans le temps, on s’aperçoit que ce trait de style est somme toute assez récent. Nous sommes au début des 70s rutilantes, la côte Ouest est submergée par la vague hippie et le basket swingue au rythme chaloupé des dribbles de « Pistol » Pete Maravich. À l’image du meneur flashy des Hawks, l’Amérique du basket bouillonne de créativité et les franchises NBA naissent un peu partout sur le territoire. On nage en plein bonheur…
Dans son Etat d’adoption, la Louisiane, le basket déchaine les passions. La fac de LSU surfe sur le succès de son bijou et la Nouvelle Orléans sue le basket à plein pores. Car qui a fréquenté les bayous sait évidemment que le climat y est assez hostile aux peaux fragiles. C’est alors qu’un dénommé Donald Watts, qui jouait arrière à l’université de Xavier, entre dans l’intrigue.
Du scotch avant d’essayer le bandeau !
Constamment raillé par ses camarades de classe à cause de son implantation capillaire inégale, celui qu’on appelait alors « Map Head » se résout soudainement à se raser le crâne à l’âge de 14 ans.
« Les enfants peuvent être si cruels, tu sais, alors j’ai tout rasé pour leur fermer le clapet. »
Et puis, en jouant au basket, ce bon Donald éprouve les pires difficultés à contrôler sa sudation, et encore plus dans ce qu’il appelle « The Barn » (la grange) qui fait office de gymnase de la fac de Xavier.
« Il faisait foutrement chaud dans ‘La Grange’, et je suais vraiment comme un fou », raconta-t-il dans Slam. « Alors j’ai d’abord essayé de me mettre du scotch sur la tête parce que je ne connaissais pas encore le bandeau. Mais croyez-moi, c’était une mauvaise idée ! J’ai failli me décrocher la tête du corps à essayer d’enlever ce machin. Alors j’ai fait tous les magasins de la ville de la Nouvelle Orléans et j’ai enfin trouvé un bandeau noir. Je l’ai gardé trois ans ! Pendant la mi-temps, j’allais le laver, le rincer, le sécher et je le remettais sur ma tête. J’ai continué à le faire pendant toute ma période à l’université, et c’est alors que c’est devenu une mode ! »
Mais Donald Watts, bandeau ou pas, reste scotché à son siège alors que Doug Collins (l’ancien coach de Philly) est sélectionné en première position. Il voit aussi défiler Mike D’Antoni, choisi en 20e place par les Kansas City Kings (bien avant qu’ils ne déménagent à Sacramento). Il attend…
« Comme j’avais grandi dans un petit village de campagne, je continuais à croire qu’ils allaient m’appeler car mon nom de famille commençait par W et qu’ils faisaient l’appel par ordre alphabétique. »
Mais il repart bredouille de New York City et fait bientôt part de sa déception à son coach à Xavier, Bob Hopkins. Ce dernier n’est nul autre que le cousin d’un certain Bill Russell.
Bill Russell lui donne sa chance
Alors coach de la nouvelle franchise de Seattle, créée six ans plus tôt, il octroie sa chance au petit mec des bayous. Extrait de leur bref coup de fil à l’époque.
Bill : « Mon garçon, tu sais jouer ? ».
Donald : « Si tu sais coacher, je pense que je sais jouer ! ».
Brut de décoffrage, le jeune Watts fait le voyage transcontinental de Louisiane à Seattle avec 37 cents en poche.
« J’étais très impressionné à l’idée de rencontrer Russ mais je ne laissais rien paraître. »
Une fois sur place, il donne tout à l’entraînement, et se fait rapidement apprécier pour ses qualités sur et hors du terrain.
« Un jour, j’étais chez Bill Russell en train de nettoyer sa voiture et là, il pète un câble et ordonne à tout le monde de dégager. J’étais le seul free agent à rester, et j’ai donc intégré l’équipe. J’étais comme sa taupe. Tu sais, je venais de nulle part, alors j’ai fait ce qu’il fallait pour me donner la chance d’y arriver. »
Après les 12 jours de training camp, Donald Watts est conservé. On lui file un nouveau costard et 1 500 dollars qu’il envoie aussi sec à sa ‘momma’ en Louisiane.
Puis l’histoire avec sa grande hache lui prit le pas. Bien installé dans le roster des Supersonics, Donald devint « Slick » en référence à son crâne rasé. Son bandeau porté légèrement de travers (comme il le fut porté comme un hommage par Nick Van Exel notamment) entra dans la légende.
« J’ai attendu un peu et puis j’ai ressorti mon vieux bandeau. Puis un des entraîneurs Frank Furtado m’a dit qu’il pourrait m’en acheter pour en faire une partie intégrante de mon uniforme sur le terrain. J’en ai eu 300 blancs et 300 verts que je jetais dans la foule à la fin du match. Il a aussi fallu attendre que Bill soit moins exigeant quant au code vestimentaire. Il nous faisait porter des Converse noirs pour qu’on ressemble aux Celtics. Et puis, j’ai eu ce contrat de 3 000 dollars avec New Balance. J’ai cru que j’étais l’homme le plus riche du monde ! »
Et la mode du bandeau était définitivement lancée.
Dans la lignée des Dr J ou autres Pistol Pete avec qui il a joué au cours d’une carrière brève (6 ans) mais intense, « Slick » Watts a apporté cette dose de charisme et de style que la ligue porte encore en elle aujourd’hui.
Rajon Rondo et son bandeau à l’envers
Au niveau du règlement, pas question de porter n’importe quel bandeau. La NBA exige ainsi que les joueurs utilisent les bandeaux conçus par son équipementier, et le logo, s’il est visible, doit être à l’endroit. Il y a huit ans, la NBA avait ainsi interdit à Rajon Rondo de porter son bandeau à l’envers… Il faut aussi savoir que les Bulls interdisaient à leurs joueurs de porter des « headband ». Puis est arrivé Ben Wallace et ses célèbres bandeaux, et après la grogne de l’union des joueurs, les dirigeants ont cédé, et « Big Ben » a pu les remettre.
Chaque équipe peut instaurer ou non des règles en la matière. À Utah non plus, Jerry Sloan ou Tyrone Corbin n’étaient pas de grands fans de l’accessoire. Autre exemple, il y a une dizaine d’années, Scott Skiles, alors coach des Bucks, avait accédé à la demande de ses joueurs qui souhaitaient le porter.
« Historiquement, vous voulez avoir une équipe de gars qui portent les mêmes choses », pensait Mike Dunleavy. « Mais de nos jours, les gars ont ce qu’ils portent, et vous ne voulez pas le rejeter. S’ils sont habitués à porter un bandeau, ils peuvent porter un bandeau. »
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