Ce fut l’une des grandes questions de l’intersaison : le Big Three de Miami deviendra-t-il le plus grand trio jamais formé en NBA ?
Après des débuts logiquement compliqués, dus à une certaine adaptation, les Three Amigos avaient trouvé leur rythme de croisière avant de connaître une grosse baisse de régime ces derniers jours (les blessures…).
Mais pour faire partie des meilleurs trios de l’histoire de la NBA, le Heat devra gagner des titres mais aussi bien fonctionner sur le plan statistique.
John Hollinger, le monsieur statistique d’ESPN s’est donc penché sur ce dossier, et il a établi le classement, en chiffres, des meilleurs trios depuis la saison 1979-1980.
Prenez votre temps et une calculatrice, car le tout est assez complexe et demande un assez grand nombre de calculs, mais cela vaut la peine car les résultats sont assez surprenants.
Comment cela marche ?
Hollinger a établi son calcul sur tous les trios champion NBA depuis 30 ans.
Il est parti de la saison 1979-80 pour deux raisons. D’abord parce qu’avant la saison 1973-74, les balles perdues, les contres et les interceptions n’étaient pas comptabilisés, et cela rend donc les comparaisons avec les anciennes saisons compliquées.
Ensuite, pour lui aucun trio ne s’est imposé avant l’arrivée conjointe de Larry Bird et Magic Johnson dans la ligue, soit en 1979.
Voilà qui explique l’absence du trio des Lakers champions en 1972, avec Wilt Chamberlain, Gail Goodrich et Jerry West.
Pour finir, il n’a choisi que les trios gagnants, c’est-à-dire champion NBA, car cela devient difficile de décerner le titre de meilleur de tous les temps, quand ils n’ont rien gagné.
La formule
Voici donc la formule pour évaluer tous ces trios de légende : (((EWA1 x EWA2 x EWA3)1/3 x (82/matches) x (LDE/TDE) x (LDE/TDE) x 67 x 30)/2500) + 10.8
A l’état brut, cela est juste incompréhensible mais nous vous donnons les clés pour comprendre :
LDE= League Defensive Efficiency (efficacité défensive de la ligue)
TDE= Team Defensive Efficiency (efficacité défensive de l’équipe)
EWA1=Estimated Wins Added of Player 1 (victoire supplémentaire avec l’ajout du joueur 1)
EWA2=Estimated Wins Added of Player 2 (victoire supplémentaire avec l’ajout du joueur 2)
EWA3=Estimated Wins Added of Player 3 (victoire supplémentaire avec l’ajout du joueur 3)
Sa formule se découpe en trois parties : le PER soit l’efficacité du joueur, les minutes jouées et les performances défensives de l’équipe.
Hollinger pondère ensuite les résultats selon les résultats défensifs de l’équipe par rapport à ceux de la ligue.
Pour chaque équipe, il estime le nombre de victoire que chaque joueur va apporter (basé sur le PER et les minutes jouées), il multiplie les trois estimations et prend la racine carrée du résultat.
Cela a pour effet de mettre l’accent sur les trois performances et donc de ne pas fausser le résultat par une seule énorme performance, comme par exemple les Los Angeles Lakers de 2000 et 2001, qui possédaient en 2000 un immense Shaquille O’Neal, et la seconde un duo O’Neal-Bryant, mais avec aucun joueur significatif derrière.
Ayant cela, on calcule l’ajustement défensif en multipliant par le résultat de la division (LDE/TDE), puis on répète l’opération, pour favoriser les équipes défensives (Boston de 2008 à obtenu 18.1 % de bonus, les Lakers de 2001 sont pénalisé de 3.5 %).
Puis on converti le résultat du EWA pour parvenir à un PER de défense basé sur une saison de 2500 minutes, en clair on multiplie par 0.804 et on ajoute 10.8 (cela correspond au niveau de remplacement moyen du PER des cinq positions).
Après ce périple et pour vous faciliter la compréhension, revoici la formule : (((EWA1 x EWA2 x EWA3)1/3 x (82/matches) x (LDE/TDE) x (LDE/TDE) x 67 x 30)/2500) + 10.8
Les meilleurs trios de l’ère moderne
Saison | Equipe | Evaluation | 1er joueur | 2e joueur | 3e joueur |
---|---|---|---|---|---|
1991-92 | Bulls | 26.4 | Jordan | Pippen | Grant |
1995-96 | Bulls | 25.0 | Jordan | Pippen | Kukoc |
2006-07 | Spurs | 25.0 | Duncan | Ginobili | Parker |
1999-00 | Lakers | 24.1 | O’Neal | Bryant | Rice |
1990-91 | Bulls | 24.1 | Jordan | Pippen | Grant |
1996-97 | Bulls | 23.5 | Jordan | Pippen | Kukoc |
1985-86 | Celtics | 23.4 | Bird | McHale | Parish |
1982-83 | 76ers | 23.3 | Malone | Erving | Cheeks |
1979-80 | Lakers | 23.2 | Kareem | Magic | Wilkes |
1992-93 | Bulls | 23.1 | Jordan | Pippen | Grant |
2004-05 | Spurs | 22.8 | Duncan | Ginobili | Parker |
1983-84 | Celtics | 22.8 | Bird | Parish | McHale |
1981-82 | Lakers | 22.2 | Magic | Kareem | Wilkes |
2008-09 | Lakers | 22.0 | Bryant | Gasol | Bynum |
2007-08 | Celtics | 21.8 | Garnett | Pierce | Allen |
Un numéro 1 surprenant
Comme vous le constatez, le résultat est surprenant : le meilleur trio est celui des Bulls de 1991-1992, alors que beaucoup et nous les premiers attendions le trio de 1995-1996 ou celui des Celtics de 1985-86.
Un Jordan MVP de la saison et meilleur joueur de la ligue allié à deux joueurs au PER aux alentours de 20, plus 9000 minutes de jeu et vous obtenez ce résultat.
Autre surprise, dans ce trio le maillon faible n’est pas Horace Grant mais bien Michael Jordan ! En effet, Grant possède la meilleure estimation de victoire (EWA) de toute l’histoire des numéros 3 (3ème membre du trio), Pippen la meilleure des numéros 2 de l’époque, seul Jordan était en dessous de ses immenses standards des années 80-90.
Les Bulls ont gagné 67 matches en 1992, remporté le titre et aucun des autres joueurs de l’effectif ne possédaient un PER au dessus de la moyenne de la ligue, de ce point de vue Hollinger les qualifie même de meilleur trio au sens de « le plus parfait ».
Les Bulls possèdent 5 des 15 meilleurs trios, l’instrus se situe au niveau des Lakers de 2000 qui sont sur-évalués à cause ou grâce à un immense Shaquille O’Neal (31.5 EWA)
Parmi les chiffres individuels, Kevin Garnett possède le plus bas EWA des numéros 1 (16.0), du fait qu’il n’a joué que 2328 minutes en 2007-2008 et même son gros coefficient défensif ne comble pas ce manque.
Pourquoi pas Boston, Los Angeles ou un autre Chicago ?
Le trio de Boston 1985-86 (Bird/McHale/Parish), communément considéré comme le meilleur frontcourt de l’histoire de la ligue n’est donc pas la meilleure triplette de l’histoire.
La raison est simple : ce trio n’a jamais réussi une énorme saison mais il a duré dans le temps.
Leur saison 84 est seulement 13ème et celle de 81 n’est pas dans le classement à cause d’une évaluation trop faible pour McHale.
Ensuite il y a le trio ennemi de Boston, celui des Lakers avec Magic, Worthy et Abdul Jabbar. Là, le problème est différent, en fait le timing n’est pas bon : Worthy est en phase ascendante mais Jabbar vieillit et ne fait plus de saison d’anthologie comme avant.
Pour finir, pourquoi n’est-ce pas le trio des Bulls du second triplé avec Rodman ?
Tout d’abord, le meilleur trio est composé avec Toni Kukoc car le croate jouait plus que Rodman et possédé un meilleur PER ensuite Grant était une meilleure troisième roue que Kukoc et Jordan faisant de moins bonnes saisons lors du second triplé, le résultat est donc logique.
En 2011 : Miami ou Los Angeles ?
Equipe | Les meilleurs trios | Evaluation |
---|---|---|
MIA | James, Wade, Bosh | 26.7 |
LAL | Bryant, Gasol, Odom | 24.8 |
SA | Ginobili, Duncan, Parker | 23.2 |
OKC | Westbrook, Durant, Ibaka | 21.5 |
BOS | Garnett, Rondo, Pierce | 21.5 |
BOS | Garnett, Pierce, Allen | 21.2 |
Avant de penser au titre NBA, les Three Amigos de Miami peuvent-ils lutter contre les meilleurs de tous les temps ? La réponse est oui, c’est même tout simplement le meilleur si titre il y a à la fin de saison.
Ce constat date du 24 décembre, seulement avec les récentes performances de Wade et James (élus joueurs de la semaine), cela n’a probablement pas baissé.
Pour ce qui est des Lakers, le rythme est excellent et il pourrait rentrer dans le top 5, et peut-être même déloger tous le monde sauf les Bulls.
La situation est simple et excitante à la fois : à la fin de la saison, en cas de titre, soit le trio de Miami soit celui de Los Angeles rentrera dans les meilleurs de tous temps, mais pour cela il faudra être le dernier survivant au mois de juin.