Avec quatre défaites lors des cinq derniers matches, les Grizzlies sont arrivés à l’Oracle Arena meurtris et diminués. Quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre, on apprenait en effet le forfait de Mike Conley Jr. Et sans son meneur, Memphis n’a pas pesé bien lourd face aux Warriors.
Si la déception d’un nouveau revers était palpable dans le vestiaire des visiteurs, Joakim Noah s’efforçait lui de rester positif. De retour en NBA depuis à peine deux semaines, l’ancien paria des Knicks a connu des situations bien plus difficiles lors des huit derniers mois. Bandana violet vissé sur la tête, le pivot français s’est volontiers replongé dans ce passé douloureux pour nous partager les enseignements qu’il en a tiré.
Joakim, ça fait maintenant deux semaines que vous avez rejoint Memphis, quelles sont vos impressions sur la franchise et sur vos nouveaux coéquipiers ?
C’est une super franchise. Ils ne font pas de chichi, tout est calé, tout est fait pour que tu sois concentré sur ton travail et pour que l’équipe aille de l’avant. On est dans une mauvaise passe là mais j’apprécie beaucoup la consistance de ce groupe et son éthique de travail.
« J’essaie juste de profiter de tous ces moments »
Est-ce que le fait d’avoir passé huit mois loin de la NBA et du confort d’une franchise a changé votre façon d’aborder les choses ?
Évidemment, vous voulez rejoindre une équipe où votre rôle est clairement défini et où vous savez à quoi vous attendre. Mais j’étais dans une situation différente. J’étais sans emploi. Donc je suis extrêmement reconnaissant de me retrouver ici aujourd’hui, et de pouvoir à nouveau jouer au basket. C’est marrant, rien que le fait d’être dans l’avion, d’être dans le bus avec les gars, ce sont toutes ces petites choses là qui m’avaient manqué et que j’avais prises pour acquises tellement ça faisait partie de mon quotidien. C’est vraiment une chance de me retrouver dans cette position. Et même si ce soir on s’est fait éclater, on peut quand même en tirer quelque chose de positif.
Maintenant que vous êtes de retour, est-ce que vous êtes fixé un nouvel objectif ? Est-ce que vous êtes satisfait du rôle que vous pouvez jouer avec les Grizzlies ?
Je n’ai pas vraiment d’attentes. J’essaie juste de profiter de tous ces moments et de me concentrer sur les façons dont je peux progresser et sur la façon dont l’équipe peut progresser.
Comment avez-vous fait pour garder un état d’esprit positif après votre épisode new-yorkais ?
Je suis surement l’une des personnes les plus chanceuses au monde, et j’en suis conscient. Et si j’ai dû faire face à de l’adversité à New York, ça m’a aussi montré sur qui je pouvais vraiment compter. J’ai une famille sur qui j’ai pu compter. J’ai une petite fille magnifique. J’ai plein de choses dans ma vie pour lesquelles je dois être reconnaissant. Jouer au basket à ce niveau a toujours été un rêve de gosse et être de retour dans la ligue après avoir été dégagé d’une équipe, c’est vraiment quelque chose de spécial. Je le savoure vraiment. J’ai bossé dur pour revenir et aujourd’hui je suis content d’être là.
« Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent mais… six fois je me suis fait opérer à cause du basket »
J’imagine toutefois que mentalement, vous avez dû passer par des moments de doute. Vous vous êtes peut-être même demandé si votre carrière était terminée. Comment avez-vous gérer tout cela ?
Bien sur. Il y a eu des moments où je me suis posé ce genre de questions mais j’ai continué à travailler et je sais que même si… enfin… Il y a quatre ans, j’étais All-Star et maintenant je me trouve sans boulot (il fait une pause). C’était pas facile, mais le travail restait le même. Et j’ai dû vraiment cravacher. Le truc c’est que lorsque tu es dans une franchise, tu es avec l’équipe, il y a les coaches, il y a les trainers, il y a tout pour pouvoir bosser. Alors que quand je me suis fait virer, j’étais tout seul. Et j’ai dû prendre des décisions importantes parce qu’il fallait vraiment que je reste concentré sur ce qui était important.
Revenons justement sur cette transition, à quoi ressemblait votre routine une fois que vous vous retrouvez à l’écart des Knicks ?
Je suis parti de New York déjà. C’était important parce que vivre à New York sans un cadre de vie, c’est pas… c’est pas une situation convenable. C’est d’ailleurs ça que j’ai essayé de dire l’autre jour mais ça a été mal interprété (il fait référence à son interview avec Chris Vernon où il avait déclaré « I was too lit for New York »)… Enfin, j’aurais dû dire « New York is too lit for me »… C’est ça que j’aurais dû dire en fait même si il y a du vrai dans les deux versions.
Donc vous partez de New York et qu’est-ce qui se passe ensuite ? Vous devez engager un entraineur personnel ? Définir un calendrier d’entrainement ?
J’ai trouvé une bonne routine, je suis resté concentré uniquement sur ça, et j’ai fait ça pendant huit mois… Mais juste de pouvoir encore jouer en NBA, après ne pas avoir joué pendant deux ans, après toutes les blessures que j’ai eues, après toutes les merdes que j’ai eues… Ça, c’est mon histoire et j’en suis fier. Je suis fier de mon parcours. Après les gens peuvent dire ce qu’ils veulent mais… six fois je me suis fait opérer à cause du basket. J’ai perdu ma confiance sur le terrain… Donc j’ai quand même pas mal de vécu.
Vous faites référence à vos blessures. Physiquement, comment vous sentez vous aujourd’hui ?
Je me sens… je me sens bien !
Pendant ses huit mois, et surtout une fois coupé par New York, est-ce que vous avez été en contact avec d’autres franchises ? Ou est-ce que votre réputation représentait un obstacle tel que c’était le silence radio ?
Ça, c’est sur ! Et c’est pour ça que je répète constamment que d’avoir cette opportunité et de pouvoir jouer pour Memphis c’est important parce qu’il n’y avait aucune autre équipe qui voulait me donner une chance.
Propos recueillis à Oakland.