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Interview George Eddy : « Je suis né sous une bonne étoile »

La voix de la NBA en France sort le livre « Mon histoire avec la NBA » le 27 février prochain, un ouvrage dans lequel il aborde sa passion pour le basket depuis un demi-siècle et les grandes rivalités qui ont émaillé son parcours truffé de belles anecdotes.

Il suffit de le voir assailli par les demandes d’autographes et de selfies à chacune de ses apparitions dans une salle de basket pour mesurer la notoriété de George Eddy. Ancien joueur et shooteur hors pair, mais aussi coach, « Mister George » a popularisé la NBA et le basket en France depuis 1985, date à laquelle il a rejoint Canal+ comme journaliste et commentateur.

À l’occasion de la sortie de son livre « Mon histoire avec la NBA » écrit avec Jonathan Demay, George Eddy a accordé un grand entretien à Basket USA dans lequel il aborde différentes étapes qui ont marqué son parcours extraordinaire, de ses premiers souvenirs avec Wilt Chamberlain et les Harlem Globe Trotters à Michael Jordan en passant par Tony Parker et aujourd’hui Steph Curry.

LES 1 001 VIES DE GEORGE EDDY

George Eddy, qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre ce livre que vous aviez mis de côté ?

C’est à l’initiative de Jonathan Demay que le livre a finalement vu le jour. On était partis avec d’autres auteurs dont un qui nous a fait défaut de manière surprenante. Donc j’ai été un peu dégoûté et j’ai laissé tomber le projet. Jonathan en a entendu parler. Il avait cette idée en tête de faire un livre avec moi depuis plusieurs années. Les deux projets se sont rencontrés au bon moment. En plus, comme il l’a fait avec un grand professionnalisme, on a pu aller très vite et mettre un maximum de choses dans le bouquin.

Vous avez vu le basket évoluer à travers les générations depuis des décennies, vous avez côtoyé Shaquille O’Neal à Orlando avec qui vous avez animé un concert de rap à Paris, Michael Jordan et beaucoup de stars de la ligue, vous avez vécu la prépa de la Dream Team à Monaco, vous avez commenté sans doute le plus grand nombre de matchs et de finales NBA, vous êtes recordman du nombre de paniers inscrits de dos en une minute, vous avez enflammé Bercy en marquant un tir du milieu de terrain sur votre première tentative, vous avez même doublé le célèbre Dallas dans la série Moot-Moot… Qu’est ce que vous auriez aimé faire qui ne figure pas parmi vos nombreux faits d’armes ?

Oui oui, j’ai eu beaucoup de chance et je continue à en avoir. Moot-Moot c’est une belle opportunité qui m’a été proposée. Ça m’a permis de devenir assez copain avec Eric et Ramzy, Jamel Debbouze et toute cette génération. À chaque fois, ça a été de belles rencontres et l’opportunité de faire des choses différentes surtout… Ce que j’aurais aimé faire ? J’aurais voulu être le shooting-coach de LeBron James ! (Rires) Il m’avait dit pour plaisanter qu’il cherchait un coach pour améliorer son tir, mais par contre il écoutait mes conseils et il avait l’air d’être d’accord et de les apprécier. Je crois que c’est avec Chris Jent, un autre shooting coach NBA, qu’il a beaucoup travaillé et sa progression a été incroyable. Mais ça c’est aussi grâce à sa personnalité. Comme Jordan et tous les grands champions, il a progressé tout au long de sa carrière sur le plan technique.

Vous n’avez donc jamais été un « shooting coach » ?

J’avais très sérieusement proposé mes services à l’Equipe de France à l’époque de Claude Bergeaud. Surtout qu’à cette période, on disait qu’on n’avait pas assez de shooteurs, on était toujours l’équipe la plus maladroite aux lancers-francs et à 3-points. Donc j’ai pensé qu’en tant que consultant extérieur je pouvais apporter un petit quelque chose à certains joueurs en manque de confiance. Mais bon, ils m’ont un peu ri au nez. C’est un peu ce qu’on dit, que le collège des entraîneurs de très haut niveau peut être un peu fermé vis-à-vis des intervenants extérieurs. J’ai quand même eu une lettre du président de la Fédération Yvan Mainini pour me remercier de ma proposition. Ils ne m’ont pas pris au sérieux, peut-être aussi que je me surestime totalement ! C’est fort possible. Mais j’ai déjà aidé plein de jeunes avec leur mécanique de tir. Je pense avoir pas mal d’expérience sur le sujet. Ce que je dis toujours, c’est que si j’arrivais à battre tous les joueurs du PSG Basket au HORSE à Coubertin, presque systématiquement, j’estime que j’avais peut-être quelque chose à leur apporter. Ce n’est pas très grave. Heureusement, je n’ai pas fait ça pour gagner ma vie !

Vous réalisez quand même que vous êtes un genre « d’icône », quelqu’un d’incontournable quand on évoque le basket et la NBA en France ? Que votre voix, votre personnalité et votre bonne humeur communicative ont marqué des générations ?

Oui, on me dit ça tous les jours et j’apprécie ces compliments. J’ai surtout été incroyablement chanceux et je suis heureux de pouvoir faire ce métier dans les meilleures conditions possibles. Une icône, je ne sais pas, je ne réfléchis pas du tout dans ces termes-là. En plus je suis plutôt axé sur le quotidien, l’avenir proche plutôt que dans la nostalgie de ce que j’ai pu faire il y a 20 ou 30 ans. Ce livre a été l’occasion de me replonger dedans et de me souvenir de plein de choses très agréables. Mais oui, je suis né sous une bonne étoile, c’est clair !

Avant d’être journaliste, vous étiez un remarquable shooteur. Quels sont ceux qui vous ont marqué ?

À chaque génération, il y en a eu qui m’ont marqué, surtout que c’était vraiment ce que je préférais. Forcément, il y a Jerry West au début. Il avait le shoot parfait. Il n’y avait pas encore de ligne à 3-points mais il marquait l’essentiel de ses points à 5-6 mètres sur des tirs en suspension. C’était vraiment le premier à utiliser en grande partie cette arme. Après, je dirais Pete Maravich. C’était une de mes idoles avec mon meilleur copain. On copiait tous ses exercices, ses gestes, lorsqu’il était à l’université de Louisana State, avec qui il a battu tous les records. On le connaît peut-être plus pour ses dribbles et ses passes un peu globetrotteresques. Mais en fait c’était un shooteur inimaginable. Il tirait dans toutes les positions, en suspension avec élégance et en plus il mettait 43 points par match. C’était un peu le Wilt Chamberlain du basket universitaire à la fin des années 60. À l’époque de Michael Jordan, ce n’était pas trop le shoot, même si j’aimais bien les spécialistes comme Steve Kerr. Maintenant, c’est Steph Curry que je considère comme le meilleur shooteur de tous les temps. Évidement j’ai apprécié Ray Allen… En fait, comme j’étais vraiment un spécialiste de ça, je ne savais rien faire d’autre de mieux sur un terrain, j’ai souvent été marqué par les joueurs qui gagnaient leur vie uniquement grâce à ça, comme le père de Steph Curry, Dell Curry. Quand ils arrivaient sur le parquet, c’était pour shooter, mettre des paniers pour faire gagner l’équipe. Quand j’étais joueur en France, j’avais ce rôle en permanence.

WILT CHAMBERLAIN, PREMIER IDOLE

Comme pour beaucoup de gens, c’est le côté spectaculaire avec Wilt Chamberlain et les Harlem Globetrotters qui vous a donné la passion pour ce sport ?

Totalement ! Comme je le raconte dans le livre, je crois que les premières images de basket que j’ai vues, c’était les Globetrotters. Je devais avoir six ans. Ensuite j’ai commencé à regarder les matchs NBA chez mon voisin le dimanche après-midi à partir de 8-9 ans. Les Globetrotters, c’était ce côté maniement de balle, les shoots du milieu de terrain… Il y avait aussi le côté humoristique et ce mélange formait un beau spectacle qui plaît encore aujourd’hui aux gamins ! En tout cas moi, ça me fascinait. J’étais trop jeune pour comprendre et apprécier le basket d’un point de vue technique et tactique. On peut dire aussi que les Harlem sont le fruit du basket d’aujourd’hui, où ça met beaucoup de paniers à 3-points, des dunks dans tous les sens. À l’époque comme aujourd’hui, ça pouvait attirer des néophytes comme moi.

Wilt Chamberlain tient une place toute particulière dans le livre, vous avez eu la chance de le rencontrer ?

Oui, mais c’était après sa carrière. J’étais là au All-Star Game de New York où ils ont présenté les cinquante meilleurs joueurs de l’histoire. Chamberlain était là, je l’ai croisé mais je n’ai pas vraiment pu parler avec lui. Quelques années plus tôt, il était agent de quelques athlètes qui voulaient aller aux Jeux Olympiques. Il était assez impliqué dans l’athlétisme et il représentait quelques athlètes. Canal+ m’a envoyé pour couvrir un meeting pas loin de Los Angeles. Il y était en tant qu’agent et on était dans le même hôtel. Là j’ai pu le croiser et parler un peu avec lui. C’était un grand moment pour moi, c’est clair.

Vous évoquez aussi cette transition entre ce basket assez académique des années 50-60 et un jeu devenu plus spectaculaire. Comment peut-on résumer l’impact de joueurs comme Julius Erving et Magic Johnson qui ont incarné ce changement ?

Ça a été très différent. En fait, le côté académique qui devient du basket spectacle, ça commence avec l’arrivée des joueurs noirs dans les années 50. C’est une émanation directe des Harlem Globetrotters. D’ailleurs, lorsque les Globetrotters ont battu les Lakers de George Mikan par deux fois à la fin des années 40, ça a été un peu le point de départ pour ce style de basket. C’est clair que Julius Erving, c’est le joueur qui a mis la détente et les arabesques aériennes sur le devant de l’actualité. Là aussi c’est vrai que c’est un tournant entre un basket plus académique en NBA représenté par les Celtics et les Knicks, même si aux Celtics il y avait quand même un Bob Cousy qui avait un côté spectaculaire et de l’autre côté, un basket de la ABA, qui était plus un basket des playgrounds new-yorkais, de Rucker Park, le basket des noirs tout simplement. C’était en train de prendre le dessus sur le basket traditionnel, le basket des blancs si on veut schématiser. Ça a eu beaucoup d’influence, avec la ligne à 3-points, une nouvelle école du jeu. L’arrivée d’Erving dans la NBA a fait cette transition. Magic, c’est une autre étape. Car c’est l’arrivée des meneurs de jeu de grande taille, qui font aussi le showtime, un joueur qui joue très vite en contre-attaque pour dunker avec Byron Scott, Michael Cooper, James Worthy et un Magic qui distribue le bonheur et fait le spectacle. C’était plus un retour vers l’altruisme par rapport au basket de Julius Erving. Ça reste des hommes qui ont marqué leur époque et le jeu. Deux hommes clés de l’histoire mais qui ont apporté des choses très différentes au final.

MAGIC JOHNSON ET MICHAEL JORDAN : LA PASSATION DE POUVOIR

Les années 80 sont marquées par le duel entre Larry Bird et Magic Johnson. Vous parlez de votre admiration pour le joueur des Celtics, mais Magic Johnson a également eu une grande part dans votre parcours car c’est en 1991, à l’occasion du duel entre les Bulls et les Lakers, que vous commentez vos premières Finals NBA en direct…

Complètement, en plus Canal+ m’avait envoyé aux États-Unis pour couvrir son match contre le sida, les matchs All-Stars qu’il organisait où il faisait venir Spike Lee et plein de joueurs… C’était les « Magic Midsummer Classic ». J’ai pu rencontrer plein de joueurs en dehors du circuit NBA, donc c’était super enrichissant. Magic était hyper disponible. Après il est venu faire un match à Coubertin, j’ai été un peu son guide et son traducteur. On avait fait des interviews, il avait été fabuleux avec nous. C’est vrai aussi qu’on a commencé avec la rivalité Lakers-Celtics sur Canal+. On a eu cette chance, époque par époque, de surfer sur différents phénomènes, Magic-Bird, la Dream Team, Jordan, les années Tony Parker et aujourd’hui Steph Curry contre LeBron James (…). Sur la finale de 1991, on ne pouvait pas rêver mieux avec la passation de pouvoir entre Magic et Jordan. Mais on ne peut pas dire qu’il y avait eu beaucoup de suspense. Les Lakers gagnent le premier match et Jordan gagne les quatre suivants. Les Lakers étaient vieillissants et Jordan au sommet de son art. Magic était en fin de carrière et il n’y avait plus Jabbar, c’était Divac le pivot, l’équipe était moins forte que dans la décennie des années 80.

Trois ans plus tôt, vous racontez aussi que c’est au Forum d’Inglewood avec les Lakers de Magic que vous avez vu votre premier match NBA en vrai, à 31 ans…

Oui, je n’ai pas de souvenir du match en particulier, si ce n’est que c’était la première fois que j’étais dans une salle pour voir le match de mes propres yeux, donc rien que pour ça, c’était exceptionnel. On venait commenter le Superbowl à San Diego avec Philippe Chatenay (ndlr : longtemps le monsieur NFL en France) quelques jours plus tard. J’arrivais depuis Helsinki, on était carbonisés mais on s’est quand même efforcés d’aller voir le match parce qu’on avait des accréditations. Au début je lui ai dit « écoute, on va resquiller, parce qu’il y a des places vides au bord du terrain ». On voyait le match dans les meilleures conditions possibles, à des places à 5 000 dollars. Et en deuxième quart-temps, il y a John McEnroe et Tatum O’Neal qui sont arrivés, nous ont tapé pour l’épaule pour nous dire « vous êtes à nos places ! ». On a dû aller regagner la tribune de presse, beaucoup plus loin du terrain. Je crois que c’était face à Atlanta, mais c’est surtout l’ambiance qui m’est resté en tête. Et après le match, Philippe Chatenay m’a pris en photo avec chaque star à la sortie du vestiaire : Pat Riley, Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar, James Worthy, tout le monde. J’étais comme un gamin. Je ne travaillais à Canal+ que depuis trois ans. On faisait les matchs en différé, et là c’était la première fois que j’étais tout près de mes idoles.

Il y a énormément d’anecdotes sur Michael Jordan, comme lors de ses passages à Paris. Vous mentionnez également ces deux matchs de playoffs 1986 où il colle 49 points et surtout 63 au Boston Garden. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Je connaissais évidemment déjà Jordan de ses années universitaires quand il a gagné le titre pour Dean Smith avec North Carolina. On savait qu’il était très fort parce que déjà dans sa saison de rookie il était presque à 30 points par match. Il n’avait pratiquement pas joué cette saison là parce qu’il était blessé, et il avait tellement soif de compétition, d’être sur le terrain, qu’il a sorti ces matchs incroyables face aux Celtics, mais il a perdu. On a diffusé ce match en différé sur Canal+, ça faisait partie des meilleurs matchs qu’on a vus au tout début. On peut considérer aussi que c’est le genre de performance qui a aidé à implanter durablement le basket sur Canal+. On a du mal à se remettre dans le contexte de cette époque-là. Il n’y avait pas tous ces matchs sur internet, c’était complètement autre chose. Je pense que le type qui se met devant sa télé pour regarder du basket américain et qui tombe sur le match à 63 points de Jordan contre Bird, il y a de grandes chances pour qu’il devienne un fan de NBA à partir de ce jour.

Vous vous mouillez sur le débat brûlant du GOAT (Greatest Of All Time) et vous êtes catégorique, entre LeBron James et Michael Jordan, MJ est le meilleur joueur de tous les temps…

Oui, mais le meilleur joueur de tous les temps c’est même Bill Russell, largement devant Jordan parce qu’il a gagné 11 titres en 13 saisons avec en face de lui Wilt Chamberlain. Et même Jordan a souvent dit que si c’est une histoire de titres, Bill Russell est numéro 1 devant tout le monde. Mais Russell, personne ne le connaît aujourd’hui, car ça remonte aux années 50-60. Donc, si on doit comparer des joueurs plus proches de nous, on ne peut pas comparer Jordan et LeBron, quand on voit que Jordan a gagné six titres et LeBron trois et que Jordan a été six fois MVP de la finale. Ça le met hors catégorie. Kobe se rapproche même plus de Jordan, quelque part, car il a quand même gagné cinq titres. LeBron a dominé son époque, il a fait huit finales de suite. Tout ça, c’est des exploits uniques. Mais sur le meilleur joueur de tous les temps, je ne comprends pas les gens qui pensent que ça doit être LeBron, parce qu’il domine le basket depuis huit ans. Ce sont des gens qui n’ont probablement pas connu les autres époques. Après, est ce que les stats ou les titres sont plus importants… Un autre joueur qui mérite d’être dans la discussion, c’est Kareem Abdul-Jabbar. Il a gagné six titres, il est le meilleur marqueur de tous les temps et il a l’une des plus longues carrières de l’histoire. C’est un peu un débat qui ne compte que pour l’époque actuelle.

En revanche, on ne retrouve rien sur le dernier retour de Michael Jordan aux Wizards à près de 40 ans sur lequel il y aurait aussi eu à raconter…

Il y aurait eu beaucoup d’anecdotes à chaque saison même. On nous avait envoyés aux Etats-Unis pour couvrir son retour. On était au Madison Square Garden pour son premier match face aux Knicks. On était allés à Washington, on courait après lui. Et dans les couloirs, je l’avais interpellé en lui disant : «  Michael, tu ne dis rien à la presse, on est venus de Paris rien que pour te parler ». Et il m’avait dit : « Je sais qui tu es, mais je ne parle pas ! » . Pas méchamment, car il se souvenait très bien de moi, de Géo André et de tout le reste. Il faut dire qu’à l’époque, il y avait le monde entier qui tournait autour de lui et de ce comeback. Il était un peu inaccessible, sous pression en permanence. Mais j’ai été ravi de vivre ces moments-là, ce deuxième comeback a été assez remarquable vu son âge.

TONY PARKER, LE FRENCH GOAT

Si vous deviez classer en terme d’émotions les trois moments de la carrière de Tony Parker qui vous ont procuré le plus de joie ?

Pour moi, le titre de champion d’Europe est en première position. Parce qu’on avait vécu pendant des années avec cette génération Parker-Diaw et l’Equipe de France. Je me sentais totalement investi là-dedans. C’était des gamins que j’avais vu grandir, on avait des relations proches avec tout le monde. On avait tout vécu, c’était l’apothéose de gagner le championnat d’Europe en 2013 avec cette génération. Sur le titre NBA de 2014, on n’avait plus les droits donc je n’étais pas sur place. Mais j’avais étudié ça de très près et je le mettrais en deuxième position. Parce que c’est peut-être le basket le plus joli que les Spurs ont jamais joué. Parker gagne le titre avec son meilleur ami Boris Diaw qui était presque MVP de la finale en défendant sur LeBron James. C’était l’éclosion de Kawhi Leonard, l’apothéose du beau jeu modernisé des Spurs de Popovich. Pour toutes ces raisons là, c’est une grande émotion, dans la foulée de 2013, c’était le nirvana pour les fans de cette génération Parker-Diaw et du basket français. Je n’oublie quand même pas la finale de 2007, lorsqu’il est élu MVP des Finals NBA dans le sweep face aux Cavs. On touche au jordanesque. Si on regarde objectivement, c’était un peu le sommet de sa carrière sur le plan individuel. Sur le plan collectif, c’était plus 2014.

Même question pour les trois moments qui vous ont le plus peiné…

Sur le coup je pense quand même que c’est la défaite face à la Grèce en 2005 en demi-finale de l’Euro. On sentait que si la France allait en finale, on allait être champions d’Europe. Et puis c’était tellement dramatique dans le scénario, douloureux. À Rio, on sentait qu’on n’était pas au niveau, que c’était la fin de l’ère Parker. La prépa avait été perturbée avec le tournoi pré-olympique, avec ce long voyage aux Philippines. Je ne garde pas beaucoup de souvenirs de cette équipe de France très honnêtement. Et sur la finale de 2013 perdue contre Miami, je crois qu’elle restera en travers de la gorge de Gregg Popovich et de ses joueurs jusqu’à leur mort, et tous ceux qui les soutenaient. Je mettrais plutôt celle là en numéro 2.

Au cours de sa carrière, il y a aussi eu l’Euro 2015 en partie en France, avec un engouement incroyable mais une nouvelle défaite face à la Roja et la fin du basket à Canal… Avec le recul, vous tirez plus de joie ou de peine de cet événement ?

Beaucoup plus de joie, parce que c’était super bien organisé par la France. On peut en être fier. Le match dans le stade de foot de Lille devant 27 000 personnes, c’était exceptionnel. C’était la fin du basket pour nous. On savait qu’après il n’y aurait plus de basket français, Sport+ allait s’arrêter, c’était un moment triste pour cette raison. Ce n’était pas sur un plan personnel car je savais que j’allais continuer sur Canal+ Afrique, mais par rapport à l’aventure collective, avec David Cozette et tous les autres journalistes, Sport+, on avait fait tellement de belles choses pendant des années, on était à tous les grands rendez-vous… C’est plus cette tristesse-là qui dominait. Par contre sur la compétition, à Montpellier c’était génial. Le public, les matchs, la couverture de Canal. À Lille, c’était pareil, et à la fin ça se joue à un panier près. Pau Gasol fait le match de sa vie, les arbitres le laissent faire… On pourrait aussi rentrer dans les détails sur le plan tactique. Le fait de trop avoir usé les titulaires, ne pas avoir fait tourner le banc, ce sont aussi des regrets. Il peut y avoir la déception sur le résultat sec, parce qu’on voulait être champions d’Europe à la maison. Ça prouve que c’est extrêmement difficile d’être champion d’Europe. Les étoiles n’étaient pas alignées pour nous en fin de compte.

Vous l’imaginiez à ce niveau à Charlotte cette saison après sa rupture du tendon du quadriceps ?

Connaissant le gaillard, rien ne me surprend chez lui ! Il a tellement bien géré sa carrière et sa vie d’homme que je lui fais toujours confiance. Personne ne croyait qu’il allait devenir une grande star en NBA. Il n’y a que lui qui y croyait, et il avait raison. Cette inébranlable confiance en lui, cette envie de travailler, de progresser, de se fondre dans le collectif des Spurs. Il a fait une carrière exemplaire à tout point de vue et que ce soit aussi sa vie d’homme en tant que président de l’Asvel, père de famille… Le fait qu’il ait réussi ce come-back après une grave blessure n’est pas si surprenant que ça au final.

LA NBA D’AUJOURD’HUI, LUKA DONCIC ET STEPHEN CURRY

Vous consacrez un chapitre à l’internationalisation du basket, en NBA notamment. Luka Doncic reprend le flambeau des Tony Parker, Dirk Nowitzki et Paul Gasol qui ont permis à la NBA de s’ouvrir sur l’Europe. Jusqu’où le voyez-vous aller ?

Je suis assez fier de moi parce que j’avais envoyé un tweet avant le début de la saison, où je disais que Doncic était le prochain Petrovic. Je crois que je ne me suis pas trompé. Je n’ai pas été surpris qu’il soit sous-estimé par les Américains. C’est arrivé aussi à Petrovic, à Kukoc et beaucoup d’Européens. On disait, pas assez athlétique, blablabla… Atlanta a fait une énorme bourde en échangeant Doncic pour Trae Young à mon avis. C’est un futur super top. Comme dit Cuban, ils vont font quelque chose de grand sur 20 ans avec Doncic et Porzingis. Avec une équipe très internationale, on peut dire que Dallas, c’est les nouveaux Spurs !

Vous avez connu les Celtics de Red Auberbach, les Lakers du duo Magic-Jabbar, les Bulls de Jordan, et aujourd’hui les Warriors ? Quelle est la place de cette équipe dans l’histoire ?

On peut considérer que c’est une dynastie. S’ils gagnent un troisième titre de suite et c’est fort probable. Il n’y a que trois équipes qui ont fait des Three-Peat, les Celtics, les Lakers et les Bulls. S’ils le font, ils seront dans cette catégorie. Normalement, ils peuvent même aller en chercher d’autres. Curry va rester, après on ne sait pas, ça peut changer vite dans la NBA d’aujourd’hui. Mais s’ils gagnent quatre titres en cinq saisons, ils seront même meilleurs que les Lakers de Kobe et Shaq par exemple.

Vous ne trouvez pas qu’il manque un peu de répondant comme à l’époque de Kobe et Shaq ? Une équipe capable de titiller les Warriors ?

Tu rigoles, ils ont le GOAT en face ! (rires). Si beaucoup de gens pensent que LeBron est le plus grand joueur de l’histoire, de le battre trois fois sur quatre, ça rend le standing des Warriors d’autant plus grand ! À l’époque de Kobe et Shaq, c’est vrai que les rivaux n’étaient pas au niveau. Ils étaient totalement au dessus, même si dans la conférence Ouest, ils ont eu du mal à se qualifier pour la finale, contre Portland ou Sacramento. Ça peut se jouer à peu de choses. Golden State a aussi profité d’une situation unique lorsqu’en 2016 il y a eu cet énorme augmentation du contrat TV qui a fait augmenter singulièrement le salary cap. Et comme Curry était sur un contrat pas cher par rapport à son niveau de superstar, ça leur a donné la possibilité d’ajouter Kevin Durant. C’était un concours de circonstances, même si c’était déjà une très forte équipe. Avec Durant en plus, ça devient effectivement un peu comme Kobe et Shaq, ils ont l’air d’être trop forts.

Qu’est-ce qui vous impressionne le plus dans la NBA d’aujourd’hui ? Les exploits statistiques d’un James Harden ou Russell Westbrook, la longévité de LeBron James ou le basket de Steph Curry tout droit venu d’une autre planète ?

Forcément, le shoot de Steph Curry. J’ai toujours aimé les joueurs techniques, les joueurs où la technique prime sur le physique. C’est aussi le collectif de Steve Kerr et des Warriors, l’un des plus beaux basket de l’histoire avec celui des Spurs de 2014, mais encore plus véloce, avec plus de shoots à 3-points, plus d’adresse. Pour moi c’est ce collectif et le sacrifice des superstars pour le collectif qui me marquent le plus. Je préfère ça mille fois au jeu très isolationniste et individualiste d’un Harden. Je reconnais une certaine efficacité au jeu un peu réinventé par Mike D’Antoni, mais pour moi, c’est anti-basket, anti-collectif, plus un jeu d’ordinateur ou de jeux vidéos. Je suis beaucoup plus fan de ce que représente Golden State pour l’avenir du basket et l’avenir du style de jeu. Parce qu’on copie toujours ceux qui gagnent. Et je peux vous dire que je préfère mille fois que tout le monde copie le collectif de Golden State plutôt que les exploits individuels d’un James Harden.

George Eddy, Mon histoire avec la NBA

Editions : Talent Sport
Prix public : 19,90 euros
Format : 150 x 240 mm, 192 pages
ISBN : 979-10-93469-81-0
Hachette : 1644890

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