Le Houston Chronicle raconte les coulisses de l’arrivée de Russell Westbrook aux Rockets. Tout a commencé le 5 juillet dernier. Les Clippers assomment la NBA en signant Kawhi Leonard puis en récupérant Paul George ! Tout le monde est sous le choc, mais à Houston, on pense déjà au coup d’après. Si le Thunder a lâché George, c’est peut-être qu’ils sont prêts à entamer une reconstruction. A Las Vegas pour le début de la summer league, Daryl Morey prévient son patron, Tilman Fertitta. On est samedi, il est tard, et le dimanche va être studieux.
Effectivement, le lendemain, le GM des Rockets sondent tout l’organigramme de la franchise, des scouts au vice-président, en passant bien sûr par Mike D’Antoni. Il appelle aussi James Harden. Il a déjà eu Russell Westbrook au téléphone… Ils se connaissent depuis quasiment 20 ans. Ils sont amis.
Dans l’après-midi, Morey se décide à appeler Sam Presti, son homologue du Thunder. Il n’a pas d’offres à lui faire. Il veut juste discuter. Il veut simplement voir s’il y a une ouverture… et il ne parle d’ailleurs même pas de Westbrook. Un coup de fil d’approche. « La plupart des échanges se font lorsque vous essayez de savoir ce que la partie adverse essaie de faire » explique Morey. « J’ai compris ce qu’ils essayaient de faire, et j’avais l’impression que ça pouvait coller« .
J’ai prévenu mes supérieurs que ça n’allait pas se faire, et c’est ce que je pensais.
Le lendemain, le lundi, les deux GM se rappellent. Les discussions deviennent plus précises. On évoque des droits sur des joueurs restés en Europe, des choix de Draft à venir, et Morey décide de trouver une troisième équipe pour un échange en triangle. Il en profite aussi pour appeler Chris Paul et le prévenir qu’il y a des discussions en cours.
Mais mardi, Morey n’y croit plus. « Finalement, ça ne semblait pas coller entre les deux parties. J’ai prévenu mes supérieurs que ça n’allait pas se faire, et c’est ce que je pensais. Je pensais que les pièces ne s’emboîtaient pas. C’est pour ça qu’il fallait un échange en triangle. D’autres équipes pourraient s’impliquer davantage et avoir des éléments qui collaient mieux. »
Le mercredi, Presti rappelle Morey, et il lui dit qu’il veut un échange à deux équipes, et que l’affaire peut se faire avec des choix de Draft. Les Rockets veulent protéger des choix. Le Thunder veut avoir la possibilité d’en échanger. Bref, ça négocie. « Le plus important pour nous était d’être certains que nos premiers tours de Draft restants restaient transférables car on essayait de tout mettre sur la table. Nous n’allions pas les abandonner. S’il y avait un accord sur la table qui nous semblait susceptible de vraiment aider l’équipe, nous voulions être certains d’avoir toujours deux premiers tours de Draft« .
Mon pote, ton transfert m’avait pris cinq mois !
En clair, les Rockets voulaient protéger deux premiers tours de Draft, mais aussi en conserver deux. Et voici ce que ça donnera au final : Houston lâche deux premiers tours de Draft (2024 et 2026, protégés sur les places 1 à 4) et négocie deux échanges de premiers tours de Draft (2021 et 2025).
Malgré ça, Morey n’y croit toujours pas. « Il y a eu des concessions de dernière minute des deux côtés. Il y avait beaucoup de discussions » se souvient-il. En fait, le GM de Houston cherche toujours une 3e franchise mais il n’en trouve pas… Ensuite, il faut que Westbrook soit OK avec cette destination. Son agent, Thad Foucher, assure qu’il est très heureux de rejoindre Houston. L’accord est conclu.
Enfin, il faut appeler Chris Paul pour le prévenir qu’il part à OKC. « J’ai détesté cet appel » confie Morey. « Je pense qu’il l’a encore plus détesté que moi. C’était tellement un super joueur pour nous. Avec lui, on n’était pas loin de gagner le titre…«
Et puis, il y a James Harden bien sûr. Il faut lui annoncer que c’est fait. L’intéressé s’impatiente… « A un moment, il m’a demandé : « Pourquoi ça prend autant de temps ? » Je lui ai répondu : « Mon pote, ton transfert m’avait pris cinq mois. »
Cette fois, ça aura pris moins d’une semaine…