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L’Iran veut poursuivre sa percée dans le basket mondial

Elle ne provoquera pas le même engouement que l’an passé avec le football, mais cette Coupe du monde sera suivie par beaucoup d’Iraniens. D’autant qu’il s’agira de l’une des dernières compétitions de la légende locale, Hamed Haddadi.

« Je suis fou !! Fou !! C’est tellement classique avec cette équipe ! Jouer comme si on était les meilleurs du monde et perdre à la dernière minute ! Qu’est-ce qui cloche chez nous ?! » Siavash n’était pas le seul Iranien en colère derrière son écran ce samedi. Après la défaite de leur équipe nationale face à Porto-Rico (dans les dernières secondes après avoir contrôlé la majorité du match), en guise d’entrée en matière de leur Coupe du monde. 

Une véritable douche froide pour « Team Melli », comme on surnomme toutes les équipes nationales iraniennes (« melli » signifie « national » en persan), qui vient de perdre gros dans la course à la 2e place du groupe C, complété par la presque intouchable Espagne et la Tunisie. Quelques heures avant cette défaite, Siavash, ce mordu absolu de basket âgé de 25 ans, fan de Kobe Bryant, nous expliquait : « Je crois en notre équipe, je crois qu’elle va donner le meilleur. En même temps, je sais que ce sera difficile… »

Cet étudiant en architecture d’intérieur, actuellement basé à Téhéran, ne se fait pas trop d’illusions sur les chances de voir son équipe aller loin. Il sait que l’Iran n’a jamais particulièrement brillé lors de cette compétition : 19e place pour sa première participation 2010, puis 20e place quatre ans plus tard en Espagne. Idem aux Jeux olympiques où son meilleur classement est une 11e place en 2008. La sélection n’est pas parvenue à s’inviter aux JO 2012 et 2016, mais le nouveau président de la Fédération iranienne a fait de la qualification pour Tokyo 2020 une « priorité ».

Un géant du basket asiatique

Sur la scène asiatique en revanche, l’actuelle 27e nation mondiale au classement FIBA (2e de la zone Asie derrière l’Australie) est une montagne. L’Iran a remis en question l’hégémonie historique de la Chine en remportant la coupe FIBA d’Asie en 2007, 2009 et 2013. Ces succès, « Team Melli » les doit à ce que beaucoup décrivent comme la meilleure génération de joueurs iraniens.

Avec en figure en proue, un joueur relativement bien connu des fans de NBA : Hamed Haddadi.

https://www.instagram.com/p/B10vK1Dh55l/

En signant une solide prestation aux JO de 2008 en sélection, avec laquelle il a toujours été dominant, le géant perse (2,18 mètres !) est repéré par les Grizzlies. Premier Iranien à fouler les parquets NBA en 2008, sans être drafté (contrairement à Arsalan Kazemi, 54e choix en 2013), Hamed Haddadi va rester dans le Tennessee un peu plus de quatre saisons, se contentant de miettes de temps de jeu derrière Marc Gasol, et ainsi d’un rendement statistique anecdotique. En revanche, sur le plan symbolique…

Hamed Haddadi fait décoller le basket iranien

« Haddadi a émergé pour deux raisons : par sa taille et son talent bien sûr. Mais aussi parce que David Stern (le patron de la ligue à l’époque) ciblait beaucoup et cherchait une icône de chaque communauté », estime l’ancien tricolore Makan Dioumassi (62 sélections avec les Bleus dont les mythiques JO de Sydney 2000) et… ancien coéquipier du pivot en Iran, l’année avant son arrivée en NBA.

Une arrivée qui ne manque d’ailleurs pas de faire sourire certains commentateurs américains… Mais qui, dans son pays natal, a un impact colossal pour le rayonnement de la ligue. La NBA est de plus en plus suivie. Les chaînes de télévision iraniennes commencent à diffuser les matches, notamment ceux de la Finale.

« La NBA est plus populaire en Iran qu’on ne le pense », assure Navid, un autre passionné. « La seule difficulté pour suivre les matches, c’est le décalage horaire. Mais YouTube est toujours accessible avec les VPN. » Ces réseaux virtuels sont des outils indispensables pour surfer sur la toile iranienne, notamment les réseaux sociaux, afin de contourner les restrictions gouvernementales.

Quand les Américains déboulent dans le pays ennemi

Hamed Haddadi ? « Il est un symbole national parmi les athlètes, nous sommes tous fiers de lui », assure par exemple Azadeh Zamanpour, la coach à la tête de l’équipe iranienne de 3-contre-3. « Il a mis l’Iran sur la carte du basket mondial », formule encore Aydin Dianat, un agent de joueurs incontournable dans le pays vers qui la majorité des joueurs étrangers se tournent. Ce dernier n’oublie pas de citer Samad Nikkhah Bahrami, l’autre cadre « Team Melli », passé par Pau Orthez notamment.

Ainsi, à cette même période, l’Iran devient progressivement une destination pour les étrangers, y compris les Américains. Art Long, Alton Ford, Francisco Elson, Dominique Jones… Peu importe les décennies de tensions irano-américaines, ce qui compte, c’est le terrain. Un terrain iranien où s’invitent par exemple le 5e choix de la Draft 2002, Nikoloz Tskitishvili, mais aussi quelques français comme Claude Marquis.

« Ma famille avait peur que je n’en revienne pas »

Et donc Makan Dioumassi. C’était en 2007. Après son passage à l’ASVEL, un nouveau challenge s’offre à lui. « On m’a proposé d’aller en Iran pour trois mois« , nous raconte-il. « J’y vais une première fois pour voir, avec tous les stéréotypes qu’on peut avoir sur le pays. Ma famille avait peur que je n’en revienne pas… Le premier jour, lors de mon arrivée à l’aéroport Mehrabad, un service d’ordre vient me chercher. On remarque tout de suite les photos des deux guides suprêmes, Khomeini et Khamenei, je me dis : ‘Oula, j’arrive où ?’. »

Il se fait finalement très bien à la vie à l’iranienne et se passionne pour la culture locale, au point de rester deux saisons complètes sur place. Le temps de tout rafler collectivement avec le club de Saba Battery (Téhéran), dans un championnat de l’époque qu’il compare à de la « Pro B haut de tableau ». Makan Dioumassi, qui se souvient de l’Azadi Stadium garni de 8 000 à 10 000 personnes, ne s’en cache pas : « Ce n’était pas un facteur majeur mais l’offre financière était plaisante, au-delà de toute espérance. »

Un championnat aussi attractif que la Chine ?

« Il y a 15 ans, tant financièrement qu’au niveau du jeu, l’Iran était beaucoup plus attractif que la Chine« , est persuadé l’agent Aydin Dianat, qui compte aujourd’hui 7 des 12 joueurs de « Team Melli » parmi ses clients. « Mais les joueurs ont commencé à sortir du pays avec les embargos successifs, le taux de change entre le dollar et le rial… Sans le contexte géopolitique actuel, l’Iran pourrait être aussi attractif que la Chine aujourd’hui. »

Mais le basket iranien souffre lui aussi d’une économie atrophiée par les sanctions internationales. Ainsi le championnat local, la « Super League », dont les clubs dépendent du sponsoring, est particulièrement instable. « Il y avait 9 équipes l’année dernière, cette année ce sera 15… », chiffre Aydin Dianat.

Le basket féminin n’est pas non plus épargné. « Le nombre de sponsors diminue chaque année« , regrette la coach Azadeh Zamanpour, également à la tête de l’équipe féminine de l’Azad University. « Résultat, chaque saison, des équipes disparaissent. Vous imaginez que notre équipe a remporté le championnat l’année dernière mais n’a pas de sponsor aujourd’hui ? Les sponsors, s’ils ont de l’argent, préfèrent le donner aux équipes masculines, pas féminines. C’était ma première saison en « Super League » et je crois que c’était la dernière. »

Les femmes de retour en scène

L’ancienne joueuse membre de « Team Melli » peut au moins se consoler, en se disant que le basket féminin a connu un récent regain d’intérêt en Iran. L’une des raisons invoquées ? La décision de la FIBA, en 2017, d’autoriser les joueuses de porter le hijab, obligatoire en Iran depuis la Révolution. Privées de compétitions internationales depuis 1979, les Iraniennes ont ainsi pu faire leur retour. Et écrire leur histoire : il y a seulement quelques jours, elles ont remporté une médaille de bronze historique lors du championnat de l’Asie de l’ouest. Désormais, Azadeh Zamanpour rêve des Jeux olympiques…

https://www.instagram.com/p/B1opmJsB6P3/

Si l’engouement pour le basket en Iran est réel, il reste très loin du football. Beaucoup estiment qu’il est même le 3e sport le plus suivi derrière le volley, dont l’équipe nationale ne cesse de progresser dans la hiérarchie mondiale (les hommes sont la 8e nation devant… la France). « Aucun sport ne pourra atteindre la popularité du football », juge Siavash, qui a la particularité d’avoir manié la balle orange au Shahin Ahvaz, le club des débuts d’Hamed Haddadi.

Lors de la dernière Coupe du monde de foot, où « Team Melli » est passée tout près de faire sensation en sortant de sa poule hyper relevée (avec l’Espagne et le Portugal), « il n’y avait personne dans les rues ! », se souvient Aydin Dianat, qui avait lancé sa propre revue de basket. Bis repetita dans la célèbre avenue Vali Asr pour le basket ? Il en doute… Même si l’agent a noté que de nombreuses affiches faisaient le promotion cette année l’événement dans les rues de Téhéran. Il regrette néanmoins : « Je crois que ces dernières années, on aurait pu mieux faire pour vendre le produit basket avec les stars iraniennes. »

La dernière d’une génération dorée ?

Comme le rappelle Armen Saroukhanian, journaliste sportif chez Iran Varzeshi, cette Coupe du monde de basket est « peut-être la dernière occasion de voir cette génération dorée à l’œuvre ». Tout l’enjeu est de savoir à quoi va ressembler l’après-Haddadi et Bahrami. « La génération qui suit n’est pas aussi bonne… », déplore le journaliste.

Aydin Dianat a pourtant quelques noms en tête, dont celui de Aaron Geramipoor, un lourd pivot anglo-iranien amené à prendre la relève d’Hamed Haddadi dans la raquette iranienne. Makan Dioumassi pensait, lui, à Aidin Nikkhah Bahrami, le frère de Samad, dont le décès dans un accident de voiture avait plongé le pays en deuil. « C’était le Doncic iranien, il était promis à une superbe carrière… », déplore le Français.

Ce dernier reste malgré tout optimiste pour le basket iranien : « La Fédération s’est restructurée récemment. Ils vont peut-être connaître une période de transition avant de trouver le bon rythme de croisière. Mais ils ont du talent et des joueurs de grande taille. » Pourquoi ne pas compter sur… la NBA pour venir écarter ses jeunes prospects ? L’idée ne semble pas si farfelue pour Aydin Dianat : « La ligue ouvre bientôt une école à Dubaï. Le Moyen-Orient est la prochaine destination pour la ligue. »

En revanche, voir Stephen Curry, LeBron James et d’autres vedettes débarquer en Iran pour un match, Siavash, qui n’est jamais sorti de son pays, n’y croit pas : « Ce serait un rêve énorme. Malheureusement, ça n’arrivera jamais. »

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