Il fallait bien que son nom surgisse à un moment de la conférence de presse. Il le savait et il a accueilli cela avec humour. LeBron James vs Michael Jordan. Le débat fait rage depuis plusieurs saisons.
« Pouvez-vous me redonner le nom du joueur ? Qui est-ce ? », répond Jordan à un journaliste qui évoque LeBron James. « Il joue au basket ? Je ne le savais pas (rires dans la salle). On joue à des époques différentes. C’est un incroyable talent, un des meilleurs joueurs du monde, si ce n’est le meilleur et il marque son époque. C’est une tendance naturelle de vouloir comparer les époques, et ça va continuer. »
Une autre comparaison revient de manière insistante : celle avec les performances de James Harden, auteur cette année et la saison passée des meilleures saisons au scoring depuis Jordan en 1986-1987 (37.1 points de moyenne). Même si le record post-Wilt Chamberlain de l’ancienne idole des Bulls tient toujours.
« Les joueurs européens ont élargi le style du basket »
« Tous les records traduisent la fierté du travail accompli pour ce sport », rappelle le sextuple champion. « Donc je suis heureux de toujours l’avoir, cela montre à quel point je me suis entraîné, j’ai bossé. C’est pareil pour Harden. Il ne fait pas ça comme ça, il travaille, il se perfectionne et on voit le résultat. »
Mais qu’en est-il de ce basket ultra ouvert, quasiment opposé à la philosophie des années 1990 ? « Le basket est agréable à regarder, il est entre de bonnes mains. Il y a énormément de tirs à 3-pts. Les joueurs européens ont élargi le style du basket, grâce à leur polyvalence. C’est une bonne chose et ça fait grossir les scores. Et ça force les Américains a joué un meilleur basket. »
La gourmandise conduit toujours à imaginer Jordan dans cette époque très offensive pour le voir défier Harden, James ou encore Stephen Curry. Mais un « MJ » des années 2010 ou 2020 aurait-il été le même que celui des années 1980 et 1990 ?
« Je suis certain que je me serais adapté. Le basket se joue toujours avec passion. Ça, je ne pense pas que ça évolue. Les talents eux ont changé. La polyvalence a changé. Les joueurs sont plus jeunes, plus puissants. Mais au final, il faut toujours shooter, défendre, mettre ses lancers-francs, tenter des tirs primés, etc. Ces éléments dépassent les générations. Si j’avais joué à l’époque actuelle, ça aurait été totalement différent. J’aurais affronté LeBron James, Anthony Davis au lieu de Magic Johnson et Larry Bird. Aurais-je eu autant de succès ? Impossible de le savoir. Je vous laisse spéculer là-dessus. Mais ma passion pour ce sport n’aurait pas bougé. »
Propos recueillis à Paris