Pourquoi les joueurs NBA ont-ils si rapidement accès aux tests de dépistage du COVID-19 ? C’est la question que nombre d’Américains sont susceptibles de se poser outre-Atlantique. Surtout après l’intervention du maire de New York, Bill de Blasio, au sujet des quatre joueurs des Nets testés positifs au virus, il y a quelques jours.
Dans son tweet, l’élu new-yorkais a notamment estimé que « toute une équipe NBA ne devrait PAS être testée au COVID-19 alors qu’il y a des patients gravement malades qui attendent de l’être. Les tests ne devraient pas être destinés aux riches, mais aux malades. »
We wish them a speedy recovery. But, with all due respect, an entire NBA team should NOT get tested for COVID-19 while there are critically ill patients waiting to be tested.
Tests should not be for the wealthy, but for the sick. https://t.co/7uQlL3zc7Z
— Mayor Eric Adams (@NYCMayor) March 17, 2020
Son propos intervient alors que l’administration Trump est largement pointée du doigt pour sa gestion de cette crise sanitaire. Face à une sévère pénurie de tests, le pays ne parvient pas dépister sa population malgré les symptômes importants de certains. Les infographies du New York Times sur le sujet sont éloquentes : les États-Unis sont très, très en retard en termes de dépistage, par rapport à d’autres nations touchées. Ce qui risque de faire exploser le nombre de porteurs du virus.
Une société privée pour les tests
Or dans la ligue, selon Adam Silver, les effectifs complets de huit franchises ont déjà été testés. Parmi eux, celui des Nets donc. « Nous nous sommes procurés les tests auprès d’une société privée et nous les avons payés nous-mêmes parce que nous ne voulions pas perturber l’accès aux ressources publiques », doit se justifier la franchise new-yorkaise, en réponse à Bill de Blasio. Selon le New York Times, le Thunder s’est également procuré des kits par des moyens « alternatifs » pour ne pas épuiser l’approvisionnement dans l’Oklahoma.
Il faut dire que lorsque les services de santé du « Sooner State » ont testé les 58 membres de l’effectif du Jazz suite à la contamination de Rudy Gobert, l’Oklahoma a ainsi consommé 20 % de son stock de tests disponibles…
« Grâce aux résultats des tests, nous avons pu prendre des précautions immédiates et isoler strictement les joueurs qui ont été testés positifs, » poursuivent les Nets dans leur communiqué. « Si nous avions attendu que les joueurs présentent des symptômes, ils auraient pu continuer à représenter un risque pour leur famille, leurs amis et le public. » Symptômes ou non, la franchise plaide ainsi pour le dépistage systématique, une « nécessité cruciale » pour contenir la propagation.
Plutôt que de s’immiscer dans un débat sur la lutte des classes, la ligue s’est aussi positionnée sur la question en rappelant tout simplement qu’un joueur NBA est exposé au plus grand nombre.
« Les autorités de santé publique craignent que, compte tenu des contacts directs entre les joueurs NBA et des interactions étroites avec le grand public, en plus de leurs fréquents déplacements, ils pourraient accélérer la propagation du virus », note Mike Bass, porte-parole de la ligue.
Des critiques contre la gestion gouvernementale
« Il n’y a rien d’irresponsable à essayer d’obtenir les tests, » rebondit de son côté Michele Roberts, encore à la tête du syndicat des joueurs. « Le problème du fait que beaucoup d’entre nous ne peuvent pas obtenir les tests est, à mon avis, du ressort du gouvernement fédéral. […] Les gens ne devraient pas avoir à faire la queue. La population à risque devrait être la première à être testée. Mais bon sang, si le gouvernement avait fait ce qu’il était censé faire, nous ne serions pas à nous battre pour avoir la possibilité de nous faire tester. »
La responsable, selon qui nombre de joueurs NBA risquent d’être contaminés, comprend donc les critiques mais la nécessité de dépister les joueurs prime : « On joue des matches devant des dizaines de personnes. On a potentiellement exposé un grand nombre de personnes. […] Pour être tout à fait franc avec vous, si j’avais été dans la salle, à Oklahoma City lorsque le match a été annulé, je me serais inquiétée. Je pense qu’il aurait été irresponsable pour les équipes de ne pas tester leurs joueurs et leur personnel parce que les gens dans cette salle ont le droit de savoir s’ils ont été exposés. »