Avec le documentaire événement, The Last Dance, diffusé sur ESPN dès dimanche soir, et sur Netflix à partir du 20 avril, les fans de basket vont pouvoir découvrir des images inédites de la dernière saison des Bulls de Michael Jordan en 1997-98, mais pas seulement. Avec plus de dix heures de programme sur plusieurs semaines, ce docu va surtout nous plonger dans l’intimité de la plus grande superstar de la balle orange.
Sa Majesté était même un peu réticente, à l’idée de se voir ainsi mise à nue dans des moments pris sur le vif, dans le feu de l’action, et l’intensité sans égal de son esprit de compétition. Mais Michael Jordan a finalement donné son aval et la diffusion a été avancée, pour le plus grand plaisir de tous.
En confinement comme tout le monde, Michael Jordan a donné de ses nouvelles : « On est privilégié, on est ensemble avec ma famille pendant cette quarantaine. Je suis en Floride avec ma femme et mes deux enfants, et je reste en contact, par téléphone, avec mes trois autres enfants. Ma famille va bien, ma mère, mes frères et soeurs. On est très privilégiés surtout vue la situation dans le monde. On envoie toutes nos pensées et notre courage aux personnes qui sont touchées par ces tragédies qui ont lieu actuellement, en Amérique mais dans le monde entier. »
Phil Jackson sur la sellette, Michael Jordan savait que c’était la dernière saison
Cette « dernière danse » n’a pas été de tout repos, déclare en tout cas Michael Jordan. Après l’ultimatum du GM, Jerry Krause, qui ne voulait plus de Phil Jackson, les Bulls ont évité l’implosion en se tenant à leur éthique collective, celle de leur leader. « C’était une saison éprouvante. On a cependant essayé de savourer, sachant que c’était la dernière. La saison a commencé avec Jerry Krause qui a annoncé à Phil [Jackson] que même s’il finissait à 82-0, il n’y avait aucune chance qu’il revienne [l’année suivante]. Sachant que j’étais plus ou moins marié à Phil en tant que coach, je savais que s’il n’était pas le coach, je n’allais évidemment plus jouer. Donc, Phil a annoncé que c’était la dernière danse, et on a joué comme ça. Mentalement, c’était quand même difficile à avaler mais en même temps, ça nous a permis de nous concentrer et de terminer notre histoire comme il fallait. Aussi triste que c’était en début de saison, on a essayé de transformer ça en joie, en profitant de cette dernière saison ensemble pour finir sur une bonne note. »
Conclue sur un tir victorieux de Michael Jordan, face à Bryon Russell, pour un sixième titre NBA en huit ans, cette ultime saison des Bulls étaient la note finale adéquate à une bonne décennie de domination. Michael Jordan pouvait alors prendre une deuxième retraite bien méritée pendant que la NBA plongeait dans un lockout.
« C’est amusant de revoir ces lettres, parfois un peu embarrassant mais rafraîchissant »
Mais ce tir contre le Jazz était également le miroir d’un autre tir de légende pour Michael Jordan. Celui des débuts, pour le titre NCAA avec North Carolina. « Avant ce tir, personne ne savait qui j’étais. J’étais simplement un joueur d’université parmi tant d’autres. Personne ne savait qui j’étais en dehors du campus de North Carolina. J’étais Mike Jordan mais après, je suis devenu Michael Jordan. Ça a commencé à résonner au-delà d’UNC. J’ai alors commencé à capitaliser sur ce nom avec tous les succès que j’ai rencontrés durant ma carrière. »
Ce documentaire revient également sur les débuts de Michael Jordan, lettres d’époques – la maman de Michael Jordan les a toutes conservées religieusement – et notes de téléphone à l’appui…
« Les choses étaient bien différentes à l’époque. Honnêtement, cette note de téléphone devait être à moins de 60 dollars, mais je n’avais que 20 dollars sur mon compte en banque ! Avec ce documentaire, les gens vont se souvenir de choses qu’on a oubliées, comme le fait qu’on utilisait des timbres et la poste à l’époque. Je demandais à ma mère de m’envoyer des timbres. Il n’y avait pas Twitter et Instagram, on prenait la vie comme elle venait. On se protégeait et on apprenait au fur et à mesure, mais les moments avec les amis et la famille, c’était avec des lettres ou alors en leur présence. C’est amusant de revoir ces lettres que j’envoyais à ma mère, parfois un peu embarrassant mais rafraîchissant néanmoins. Je prenais le temps de lui dire combien je l’aime et je lui demandais certains trucs dont j’avais besoin quand j’étais à l’université. »
L’hommage à ses parents
Aujourd’hui milliardaire, à la tête d’une franchise NBA et d’un empire qui lui rapporte chaque année des dizaines de millions de dollars, Michael Jordan est plus que jamais le patriarche de sa famille. Son père assassiné en 1993, il n’a de cesse de revenir à ses racines pour expliquer son succès sportif.
« J’attribue ça à mes parents », a-t-il encore confirmé. « Mon père a travaillé pendant des années à General Electric pour subvenir aux besoins de sa famille. On a beaucoup bougé en Caroline du Nord et du Sud. Ma mère a travaillé dans des banques, chez Corning Glass. Ils travaillaient dur et ils ont instillé ça en moi, mais aussi chez mes frères et soeurs. J’ai vécu ça indirectement par eux et je l’ai appris avec eux. C’est devenu ma nature. J’essaie toujours de transformer le négatif en positif (…). Je n’en serais pas là sans mon frère Larry non plus. Larry m’a poussé et ça se finissait souvent en bagarres. Mais c’est grâce à lui que j’ai pu devenir qui je suis. Il est à mes côtés, il fait partie de mon équipe. Je ne serai jamais allé aussi loin sans lui. »