Comme les dix épisodes de « The Last Dance » seront diffusés sur cinq semaines, l’écriture du documentaire est semblable à celle d’une série. Les deux premiers épisodes, disponibles sur Netflix ce 20 avril au matin, ont donc présenté certains protagonistes et installé la situation.
Le décor, c’est donc celui de l’une des meilleures équipes de la NBA et de l’histoire du sport, qui vient de remporter son cinquième titre en sept ans mais qui pourrait exploser en plein vol. Les dirigeants de Chicago veulent entamer une reconstruction. La première pierre à faire sauter s’appelle Phil Jackson, qui évoque une relation avec le GM Jerry Krause semblable à un « cirque ».
Jerry Krause, centre des tensions avec Michael Jordan et Phil Jackson…
Problème : Michael Jordan ne veut jouer que pour Phil Jackson. Jerry Krause, complexe et mal aimé, entre dans une bataille d’ego avec les joueurs et le coach, avant de céder.
Dans ces deux premiers épisodes, on voit ainsi les petites remarques acerbes que « His Airness » pouvait faire à son GM. Viennent alors les images de Michael Jordan et des Bulls à Paris, pour l’Open McDonald’s disputé en octobre 1997. Les rapides coulisses de Nulle Part Ailleurs ou les instants dans le vestiaire sont parmi les plus intéressants de ce premier épisode.
Car pour le reste, l’extrait où Phil Jackson décide d’appeler cette saison de « The Last Dance » avait déjà été lâché sur les réseaux sociaux il y a quelques jours et les images du jeune Jordan à North Carolina ou au début de carrière à Chicago déjà connues. En revanche, c’est une parfaite introduction pour des profanes, qui seraient passés à côté du détail de la carrière de Michael Jordan. Ce premier épisode se termine là où il avait commencé : pendant la cérémonie de remise des bagues et de la bannière de champion 1997.
Le second épisode consacre une vingtaine de minutes à Scottie Pippen. Le lieutenant de Michael Jordan n’a pas eu un parcours de vie facile avec son père et un grand frère handicapés. En 1997, il est un des meilleurs joueurs du monde mais n’est que le 122e salaire de la ligue ! Voulant assurer ses arrières pour prendre soin de sa famille, il avait accepté un contrat de 18 millions sur sept ans en 1991. Une assurance mais aussi un boulet au pied.
… puis avec Pippen
Ainsi, pour forcer la main aux dirigeants et les mettre dans l’embarras, il décide de surseoir son opération de la cheville. Scottie Pippen ne passe pas sur le billard durant l’été 1997, ce qui aurait été le plus judicieux pour les Bulls, mais en octobre. Il les prive de ses talents pendant plusieurs semaines.
Une stratégie « égoïste » selon Michael Jordan. C’est alors que les rumeurs de transferts font à nouveau leur apparition. Frustré par son salaire, l’ailier insulte Jerry Krause, qu’il ne « supporte plus », devant tout le monde. Il demande son transfert et comme pour finir sur un suspense, c’est là que le second épisode s’interrompt.
Ces semaines sans Scottie Pippen sont un handicap certain pour Chicago, qui perd plus qu’à l’accoutumée. Michael Jordan doit lever la voix et, là encore, les courtes images de l’arrière pendant l’entraînement à parler avec vigueur à ses coéquipiers sont prenantes, mais éphémères. C’est alors qu’on revient sur la jeunesse de Jordan, durant laquelle son esprit de compétition s’est aiguisé. Ses batailles avec son frère Larry, la reconnaissance qu’il voulait obtenir de son frère, sa poussée de croissance : ceci est connu et longuement documenté pour les fans de Michael Jordan. C’est précieux pour ceux qui le découvrent.
Une très bonne introduction
Enfin, une longue parenthèse est dédiée à la saison 1985-1986, celle où Michael Jordan manque 64 matches pour une blessure au pied gauche. Le fait que les dirigeants aient été (trop ?) prudents avec leur phénomène a brisé la confiance du phénomène en eux. Certes, le joueur va réaliser des merveilles en playoffs contre Boston, mais une fracture apparaît à ce moment-là entre lui, Jerry Reinsdorf, le propriétaire des Bulls, et Jerry Krause.
Que retenir de ces deux premiers épisodes après une telle attente ? Que le résultat est pour l’instant très bien fait, comme attendu. La frise chronologique, qui fait des allers-retours entre le passé et 1997-1998, permet de mieux saisir l’ensemble de cette saison mythique et d’accrocher des spectateurs moins informés sur la mythologie Jordan.
Cela reste donc une très bonne mise en bouche. Pour les grands fans de Jordan et des Bulls, les révélations et les images inédites ont été fugaces. Mais c’est prometteur et on attend la suite, lundi 27 avril, avec impatience.