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Perte de motivation, blessures et « syndrome Shawn Kemp » : quel impact aura le confinement sur les joueurs NBA ?

Maintenant que l’on sait avec quasi-certitude que la saison NBA va reprendre, la grande question est de savoir dans quel état les joueurs vont revenir…

Sur les 450 joueurs que compte la NBA, combien ont géré l’arrêt de la saison comme une simple pause ?

Entre l’angoisse d’une crise sanitaire planétaire, l’incertitude sur la reprise de la saison, l’obligation de rester chez soi sans matériel pour s’entraîner, ni nutritionniste ou préparateur mental, ils ne sont peut-être pas très nombreux.

Quand on pense aux conséquences de ce genre de situation, le « syndrome Shawn Kemp» résonne toujours fort : en février 1999, à la sortie du lockout, l’intérieur était revenu à Cleveland avec 15 kilos en trop. Un cas qui a marqué malgré des statistiques au rendez-vous – 20.5 points et 9.2 rebonds, ses meilleurs chiffres en carrière – car il n’a ensuite jamais retrouvé son statut de All-Star, sa carrière ayant périclité après ses 30 ans.

Les exemples de joueurs s’étant laissés aller pendant les pauses sont ainsi nombreux : Bryant Reeves, Dennis Scott, Patrick Ewing ou Oliver Miller en 1999, Tyreke Evans, Chris Paul ou Raymond Felton en 2011. 

Lui aussi bien connu à Seattle, Vin Baker est un des cas tristement célèbres qu’on associe à celui du « Reign Man » : All-Star accompli, il a vu sa carrière plombée par le lockout. À cause des kilos en trop, mais aussi, et surtout, de l’alcool, qui devint une addiction pendant l’arrêt de la compétition. Avec des chiffres beaucoup plus parlants : de 19.2 points et 9 rebonds, il tomba à 13.8 points et 6.2 rebonds. Une vraie cassure.

L’importance de se recréer une routine

Comment l’expliquer ? Kevin Love nous a mis sur la piste il y a quelques jours en évoquant l’importance d’un cadre fixe pour les sportifs de haut niveau. « Il faut que je sois un monstre de routine. Si je ne reste pas dans ma routine, j’ai l’impression que je n’en fais pas assez, et c’est alors que mon esprit commence à partir en vrille. » L’absence de discipline fait évidemment des ravages sur le plan physique, mais aussi sur le plan mental.

Si l’exemple Vin Baker sort de son domaine de compétence, Valentin Huvelin, préparateur mental pour des joueurs de Pro A et Pro B notamment, imagine des « problèmes de ce type-là » à la reprise. « On a des joueurs qui sont programmés depuis l’âge de huit ans et pour qui tout s’écroule d’un coup » souligne-t-il. « Y compris l’attention médiatique : on passe de très, très entouré, à très, très seul. »

« Les routines permettent de diminuer le stress » poursuit-t-il pour rebondir sur les mots de Kevin Love, en soulignant que chaque cas est très différent. « En fonction de leur histoire, de leur génétique ou de l’environnement, certains joueurs sont plus stressés que d’autres. Dans ces cas-là, il est important de se recréer une routine. » Entre alors en jeu un facteur fondamental, « la plus grosse problématique » concernant cette situation : la motivation.

L’impact du huis clos sur la perception de l’enjeu et les performances

« Il faut trouver des objectifs, et ceux qui s’en sont fixés s’en sortiront sans doute mieux. Je pense à James Harden, qui voulait perdre du poids. Ça lui a permis de garder de la motivation. » De la même façon, les joueurs ayant des objectifs à long terme – Valentin Huvelin pense à LeBron James, qui veut laisser un trace dans l’histoire – ont sans doute plus de facilité à gérer la situation que ceux qui voient à court terme la fin de la saison, ou de leur contrat. Et sur le plan collectif, « les équipes qui peuvent jouer le titre sont restées très motivées, pas les équipes de bas de tableau. Si elles devaient revenir, les écarts se creuseraient encore plus. »

Pour expliquer les ressorts de la motivation, et ses conséquences, Valentin Huvelin s’appuie sur ce graphique du professeur Jean Heutte, de l’université de Lille, et évoque l’importance d’avoir du public pour un sportif de haut niveau – alors que la reprise de la saison se fera à huis clos. « Plus l’enjeu et la perception de l’enjeu est forte, plus les joueurs se donnent. Avec la diminution des enjeux, les performances vont diminuer. »

Et le préparateur mental d’évoquer le risque sur la confiance en soi, un facteur décisif pour les joueurs.

« L’émotion crée de la tension et maintient la concentration » explique-t-il. Qu’en sera-t-il sans public ? Entre la phase nécessaire d’adaptation et l’augmentation du « trashtalking », le huis clos augmente les risques de ces « pensées parasites » que le sportif s’efforce de fuir. L’impact de celles-ci est dévastateur en plein match, mais peut aussi coûter cher dans l’établissement de la routine.

Efforts à haute intensité et risques de blessures tendineuses

Samuel Covelli, ancien préparateur physique et diététicien-nutritionniste de l’équipe de Tarbes, en LFB, ne peut qu’acquiescer. « La priorité pour ces joueurs, c’est de rester actif, et le fait de ne pas avoir le matériel par exemple peut jouer sur la motivation justement. » Ou le fait de ne pas avoir de spécialiste pour superviser son travail. Pourtant, il faut absolument « limiter la diminution des qualités physiques » et pour cela, « il faut s’entraîner régulièrement, et c’est aussi leur part de responsabilité. »

Mais attention à ne pas tomber dans l’excès inverse : Samuel Covelli veut mettre en avant le discours du cardiologue du sport Laurent Chevalier, chez nos confères de L’Équipe en mars dernier, pour alerter sur les dangers du travail à haute intensité quand on veut entretenir son cardio. « Déjà, en temps normal, les infections virales ne sont pas compatibles avec l’effort. Quand on a de la fièvre ou des courbatures, on doit absolument arrêter le sport et ne pas en faire pendant les huit jours qui suivent (…) Le risque, c’est la mort subite, le virus se propage au muscle cardiaque et provoque une arythmie qui peut être très dangereuse. »

Un diagnostic qui a poussé le ministère des sports à établir un guide de reprise du sport, exigeant beaucoup de tests pour les athlètes de haut niveau, ainsi que la mise en place d’un retour progressif et très surveillé.

Une nutrition à adapter

Le préparateur physique évoque aussi les risques de blessures, notamment tendineuses et musculaires, en rappelant l’exemple de la NFL qui, en 2011, avait enregistré douze ruptures du tendon d’Achille dans les semaines ayant suivi le lockout, soit le double de la moyenne des années précédentes. Samuel Covelli n’oublie pas le volet nutrition pour ce qui est de la prévention des blessures, avec le gros risque de la prise de poids, et ses conséquences.

« Tout simplement, les joueurs vont moins s’entraîner. J’imagine mal des joueurs travailler quatre ou cinq heures de la même manière en étant seuls. La dépense énergétique diminue, et d’un coup le corps doit s’adapter. La logique serait de prendre du poids, et il faut donc adapter les apports en les diminuant d’un point de vue quantitatif. » Pas simple sans spécialiste à ses côtés, dans une configuration inhabituelle. « Ils sont chez eux, ils ne mangent pas la même chose que dans leur routine de travail, ils sont en famille. Et on a besoin de se rassurer aussi, ça peut passer par la nourriture » rappelle Samuel Covelli.

Ce dernier s’est amusé à calculer la prise de poids potentielle d’un joueur avec l’âge et les mensurations de LeBron James qui aurait garder le même régime alimentaire pendant les trois mois d’arrêt de la saison, en s’entraînant deux fois moins. Résultat : une dizaine de kilos en plus.

« Un ordre d’idée plus qu’un calcul scientifique » souligne-t-il en insistant sur le fait que tous les joueurs possèdent un métabolisme différent. L’individualisation des cas, c’est un point sur lequel s’accordent Valentin Huvelin et Samuel Covelli, comme sur celui qu’il y a, quoiqu’il arrive, des risques de casse à la reprise.

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