Comme l’an passé, Cleveland termine dans les bas-fonds de sa conférence. Pourtant, avec 19 victoires en 65 matchs, la franchise a gagné autant de rencontres qu’en 2018-19. Seule différence : cette fois, elle est lanterne rouge à l’Est…
Il faut dire que, en plus de disposer d’un effectif limité qui n’a pas fondamentalement évolué par rapport à la saison dernière, les Cavaliers n’ont pas été aidés par leurs problèmes extra-sportifs. Ces maux ont notamment entraîné la démission de John Beilein, arrivé à l’été 2019 en provenance de NCAA. L’ancien coach de Michigan n’a jamais su gagner la confiance de son vestiaire, contrairement à son remplaçant J.B. Bickerstaff, plus proche de ses joueurs.
Comme il y a dix ans, le départ de LeBron James a donc fait voler en éclats le semblant de stabilité qui existait dans l’Ohio. L’ombre du « King » continue de planer sur toute une ville, qui a désormais du mal à s’en remettre à son équipe de basket pour espérer triompher.
Néanmoins, tout n’est pas à jeter et le tableau n’est pas complètement noir, quelques motifs d’espoir subsistant…
L’extra-sportif prime sur le reste
Si les Cavs n’ont guère été brillants sur les parquets, ils n’ont guère fait mieux en dehors. Car ils ont effectivement plus souvent fait parler d’eux pour des soucis et affaires en interne que pour leurs résultats. Et cela a commencé très tôt, avant même que cette campagne ne débute.
Depuis l’intersaison, les rumeurs de transfert ont par exemple été monnaie courante. Kevin Love, Tristan Thompson, Jordan Clarkson, John Henson ou encore Brandon Knight ont tous été mentionnés dans des discussions, les trois derniers nommés ayant même fait leurs valises au cours de l’exercice.
Mais ce n’est pas tout. Comme évoqué précédemment, John Beilein a décidé de quitter prématurément son poste d’entraîneur courant février. Critiqué pour ses méthodes d’entraînement et de management rigoureuses, loin d’être adaptées à la NBA actuelle, il n’a jamais pu imposer pleinement sa patte sur Cleveland. Le roster compte pourtant plusieurs jeunes joueurs qui auraient pu profiter de ses talents de formateur.
Pour ne rien arranger, un mois avant son départ, le coach de 67 ans s’est retrouvé dans la tourmente après un lapsus à connotation raciste prononcé lors d’une session vidéo. Autant dire que l’union entre les deux parties n’a jamais fonctionné et était même vouée à l’échec.
Enfin, si l’on y ajoute les différents coups de gueule et états d’âme de Kevin Love, parfois frustré par certains de ses coéquipiers et en froid avec son GM Koby Altman, mais aussi le manque d’implication de quelques éléments du groupe, vous obtenez là un cocktail explosif et une équipe instable, qui défraie constamment la chronique. Ce qui explique, en partie, les nombreuses défaites encaissées par celle-ci.
Des leaders désemparés, des jeunes livrés à eux-mêmes
Matthew Dellavedova, Kevin Love et Tristan Thompson sont les trois seuls membres de l’effectif actuel à avoir été champions en 2016. Forcément, leur expérience leur offre un statut particulier, celui de leader. Problème : ils n’ont pas répondu entièrement aux attentes, que ce soit sur et/ou en dehors des parquets.
Si « Delly » ne peut espérer mieux qu’un rôle de remplaçant, « TT » a lui démarré en trombe avant de progressivement baisser le pied, petits pépins physiques et arrivée d’Andre Drummond obligent. Quant à Kevin Love, bien qu’embêté à quelques reprises par son corps, son niveau de jeu reste intéressant. Même s’il préférerait certainement jouer chez un candidat au titre plutôt que de repartir dans un processus de reconstruction.
Car, aujourd’hui, c’est bel et bien ce dans quoi sont engagés les Cavaliers, qui font partie des sept formations ayant une moyenne d’âge inférieure à 25 ans. Darius Garland, Collin Sexton, Kevin Porter Jr. ou encore Cedi Osman : tous possèdent trois saisons d’expérience maximum dans les jambes et disputent une vingtaine de minutes minimum chaque soir. Censés représenter le futur de la franchise, ils incarnent d’ores et déjà le présent de celle-ci.
Encore trop tendres et bruts de décoffrage, les rookies Garland et Porter Jr. alternent le bon et le moins bon, laissant toutefois présager de belles perspectives d’avenir. Plus limité, Cedi Osman risque lui de s’installer sur le banc si un concurrent de choix débarque dans l’Ohio. Pour ce qui est de Collin Sexton, il est beaucoup plus « NBA ready ». Dans sa deuxième année en NBA, il est tout simplement le meilleur marqueur des Cavs avec quasiment 21 points de moyenne (à 47% aux tirs, 38% à 3-points et 85% aux lancers francs). Il ne cesse de progresser au fil des semaines et, à terme, il pourrait devenir un joueur qui compte dans la ligue, une fois qu’il aura gommé les différents défauts de son jeu, en défense mais également dans la gestion du jeu.
Une chose est sûre, ces jeunes talents auront besoin d’un environnement plus stable dans les prochains mois pour se développer davantage. Aux leaders de s’y évertuer pour que la situation s’améliore, dès l’an prochain.
Du mieux après le All-Star Break
Avant l’interruption liée à la pandémie du Covid-19, Cleveland reprenait des couleurs. Avec un bilan de 5-6 depuis la pause du All-Star week-end – certaines victoires probantes étant intervenues contre le Heat, les Nuggets ou encore les Spurs – les hommes de J.B. Bickerstaff n’affichaient plus le visage de la lanterne rouge de l’Est.
Dans une forme olympique, Collin Sexton (quasiment 26 points par match) tirait vers le haut tout un groupe, renforcé par un Andre Drummond moins glouton qu’à l’accoutumée au rebond mais diablement efficace au scoring. L’ancien intérieur des Pistons, débarqué contre toute attente lors de la « trade deadline », semble s’être bien intégré à sa nouvelle équipe. De bon augure lorsque l’on sait qu’il devrait continuer l’aventure dans l’Ohio en activant l’option joueur dont il dispose, cet été.
Si l’on ajoute un Kevin Love fidèle à lui-même, au même titre que Tristan Thompson, un Kevin Porter Jr. toujours aussi explosif mais également un Darius Garland qui rend (enfin) des copies tout en propreté et en régularité, vous avez là un collectif plus soudé et qui a tout pour jouer pleinement son rôle de trouble-fête.
Malheureusement, la suspension de la saison a freiné ce roster dans son élan. Et celui-ci, désormais officiellement en vacances, ne pourra même pas compter sur la bulle mise en place fin juillet à Orlando pour parfaire ses automatismes et poursuivre le développement de ses jeunes, en vue de la prochaine campagne.
La situation contractuelle
Avec les contrats de Kevin Love (31,3 millions de dollars) et, potentiellement, d’Andre Drummond (28,8 millions de dollars), les finances des Cavaliers ne seront pas les plus saines qui existent en 2020-21. Sans compter la baisse attendue du « salary cap » en raison des diverses crises ayant émaillé l’exercice actuel, leur marge de manoeuvre à la « free agency » risque donc d’être limitée.
En partant du principe que le pivot va activer son option, car il ne pourra espérer mieux financièrement en testant le marché, la franchise aura déjà dix joueurs sous contrat (+ un rookie ?) l’an prochain, pour une masse salariale de minimum 109 millions de dollars. Autrement dit, avec des plafonds pour le moment fixés à 118 et 143 (pour la « luxury tax ») millions de dollars, il lui sera quasiment impossible de faire des folies avec des free agents. Seule la « mid-level exception » dont elle bénéficie, à hauteur de 9 millions de dollars, pourrait ainsi l’aider à signer quelqu’un (un ailier ?).
L’une des autres possibilités qui s’offre aux dirigeants ? Prolonger Tristan Thompson grâce aux « Bird rights » et le transférer dans la foulée. Le fait qu’il ait produit les meilleures statistiques de sa carrière en 2019-20 pourrait certainement permettre à Koby Altman d’en tirer une contrepartie intéressante…
Les besoins à la Draft
Avec 14% de chances d’obtenir le premier choix, les Cavs devraient être très bien placés à la Draft. Pour une reconstruction, c’est forcément une bonne chose et, cette année encore, un nouvel élément bourré de talent devrait donc débarquer dans l’effectif. La question qui se pose désormais, c’est de savoir ce qu’ils décideront d’en faire. Transférer ce fameux tour de Draft pour acquérir un joueur d’expérience, déjà établi en NBA ? Ou le conserver afin de sélectionner l’un des meilleurs prospects disponibles ?
Anthony Edwards par exemple, qui apporterait une véritable plus-value à l’effectif. Plus complet que Darius Garland, Collin Sexton et Kevin Porter Jr., il possède toutes les qualités pour avoir un impact des deux côtés du parquet et devenir un « two-way player » renommé. Problème : en plus de ne pas être suffisamment fiable au niveau du shoot, cela créerait aussi un embouteillage sur les lignes arrières avec quatre jeunes pour deux places.
Obi Toppin pourrait être une autre option. Même s’il est âgé de 22 ans, cet ailier-fort pouvant également jouer pivot, dispose d’un joli potentiel. S’il doit encore progresser défensivement, l’ancien de Dayton est capable d’être une réelle menace de loin. Un profil recherché dans la ligue d’aujourd’hui. Mais son arrivée inciterait Cleveland à se séparer de Kevin Love et son salaire pharaonique…
Enfin, comment ne pas mentionner LaMelo Ball ? S’il est encore disponible, il devrait donner des maux de tête au GM Altman, malgré la présence de Darius Garland notamment. Spectaculaire et doué offensivement, il a tout pour briller en attaque, malgré une mécanique de shoot peu orthodoxe. Ses qualités collent en tout cas parfaitement à la NBA de 2020. En revanche, défensivement, ses lacunes sont prononcées. À lui de travailler là-dessus pour ne pas être un poids dans ce secteur de jeu. De plus, attention à sa sélection de tirs, parfois douteuse.
Quel avenir pour la saison prochaine ?
Difficile de savoir si la franchise de l’Ohio va réussir à retrouver les playoffs la saison prochaine. En l’état, il apparaît compliqué de les imaginer atteindre la « postseason », tant le roster présente des lacunes.
Entre manque de spécialistes défensifs sur les extérieurs, poste d’ailier trop léger, banc pas suffisamment productif, leaders peu motivés voire désintéressés et coach intérimaire propulsé dans un costume peut-être trop grand, il y a bien des faiblesses à combler. Et en plus, l’absence de flexibilité financière à laquelle il faudra remédier en essayant d’échanger des éléments comme Kevin Love notamment.
Malgré cela, l’équipe a tout intérêt à capitaliser sur sa période post All-Star Break pour espérer de meilleurs résultats. Les jeunes commençaient à trouver leur rythme de croisière en progressant tous ensemble et l’ambiance n’était plus délétère dans le vestiaire ainsi que dans l’organigramme, ce qui a permis aux hommes de J.B. Bickerstaff de décrocher quelques victoires significatives.
Suffisant pour reproduire le phénomène au démarrage de la campagne 2020-21, pour lancer idéalement cette dernière ?
Tirs | Rebonds | |||||||||||||
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Joueurs | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Bp | Int | Ct | Fte | Pts |
Donovan Mitchell | 71 | 31.4 | 44.3 | 36.8 | 82.3 | 0.8 | 3.7 | 4.5 | 5.0 | 2.1 | 1.3 | 0.2 | 2.0 | 24.0 |
Darius Garland | 75 | 30.7 | 47.2 | 40.1 | 87.8 | 0.6 | 2.2 | 2.9 | 6.7 | 2.5 | 1.2 | 0.1 | 1.9 | 20.6 |
Evan Mobley | 71 | 30.5 | 55.7 | 37.0 | 72.5 | 2.3 | 7.0 | 9.3 | 3.2 | 2.0 | 0.9 | 1.6 | 2.0 | 18.5 |
De'andre Hunter | 27 | 25.1 | 48.5 | 42.6 | 82.1 | 0.6 | 3.6 | 4.2 | 1.3 | 0.9 | 0.7 | 0.3 | 2.5 | 14.3 |
Jarrett Allen | 82 | 28.0 | 70.6 | 0.0 | 71.8 | 2.6 | 7.1 | 9.7 | 1.9 | 1.2 | 0.9 | 0.9 | 1.5 | 13.5 |
Ty Jerome | 70 | 19.9 | 51.6 | 43.9 | 87.2 | 0.7 | 1.8 | 2.5 | 3.4 | 1.3 | 1.1 | 0.0 | 1.5 | 12.5 |
Caris Levert | 38 | 23.8 | 45.3 | 40.5 | 69.9 | 0.6 | 2.2 | 2.8 | 3.7 | 1.3 | 0.9 | 0.5 | 1.3 | 10.2 |
Max Strus | 50 | 25.5 | 44.2 | 38.6 | 82.4 | 1.1 | 3.3 | 4.3 | 3.2 | 1.1 | 0.5 | 0.2 | 2.1 | 9.4 |
Georges Niang | 51 | 20.7 | 47.7 | 40.0 | 79.3 | 0.7 | 3.0 | 3.7 | 1.3 | 0.9 | 0.3 | 0.1 | 2.5 | 8.7 |
Nae'qwan Tomlin | 5 | 12.7 | 40.6 | 20.0 | 72.7 | 1.8 | 2.4 | 4.2 | 0.4 | 0.4 | 0.0 | 0.2 | 1.8 | 7.2 |
Sam Merrill | 71 | 19.7 | 40.6 | 37.2 | 96.6 | 0.5 | 1.7 | 2.2 | 1.5 | 0.5 | 0.7 | 0.2 | 1.7 | 7.2 |
Isaac Okoro | 55 | 19.1 | 46.4 | 37.1 | 71.7 | 0.9 | 1.5 | 2.4 | 1.2 | 0.4 | 0.6 | 0.3 | 1.9 | 6.1 |
Dean Wade | 59 | 21.2 | 41.3 | 36.0 | 53.3 | 0.9 | 3.4 | 4.2 | 1.3 | 0.4 | 0.7 | 0.3 | 1.7 | 5.4 |
Craig Porter, Jr. | 51 | 10.1 | 51.4 | 43.8 | 71.9 | 0.4 | 0.9 | 1.3 | 1.4 | 0.7 | 0.3 | 0.3 | 0.5 | 3.7 |
Jaylon Tyson | 47 | 9.6 | 43.0 | 34.5 | 79.2 | 0.8 | 1.3 | 2.0 | 0.9 | 0.6 | 0.3 | 0.1 | 1.1 | 3.6 |
Emoni Bates | 11 | 6.8 | 34.2 | 36.7 | 0.0 | 0.0 | 0.6 | 0.6 | 0.7 | 0.2 | 0.1 | 0.1 | 0.4 | 3.4 |
Javonte Green | 18 | 9.2 | 36.5 | 24.2 | 50.0 | 0.6 | 1.7 | 2.2 | 0.6 | 0.2 | 0.6 | 0.1 | 1.2 | 3.3 |
J.t. Thor | 9 | 4.7 | 60.0 | 50.0 | 87.5 | 0.3 | 0.3 | 0.7 | 0.1 | 0.7 | 0.2 | 0.3 | 0.7 | 3.1 |
Chuma Okeke | 2 | 12.6 | 28.6 | 16.7 | 0.0 | 0.5 | 1.5 | 2.0 | 1.0 | 0.0 | 0.0 | 0.5 | 0.0 | 2.5 |
Tristan Thompson | 40 | 8.2 | 43.7 | 0.0 | 23.3 | 0.8 | 2.6 | 3.4 | 0.6 | 0.4 | 0.1 | 0.3 | 0.9 | 1.7 |
Luke Travers | 12 | 7.3 | 25.0 | 0.0 | 100.0 | 0.7 | 1.0 | 1.7 | 0.7 | 0.7 | 0.1 | 0.1 | 0.5 | 1.0 |