« Pendant l’intersaison, il était là pour s’entraîner et les neveux et nièces de ma femme étaient là. Ils étaient très jeunes à l’époque. Bien sûr, ils sont en admiration devant Boban. Je les lui présente, et on m’appelle pendant littéralement deux minutes. Quand je suis revenu, il avait l’un d’eux sur la tête et les deux autres sur les épaules, comme s’il les connaissait depuis toujours. Aujourd’hui, ils parlent encore de revoir Boban ».
Cette histoire racontée par Stan Van Gundy remonte à l’été 2017, lorsque ce dernier coachait les Pistons où Boban Marjanovic est resté un an et demi (de 2016 à 2018). Relever une anecdote en particulier pour évoquer la personnalité du Serbe reste un exercice difficile, et ça tombe bien, « The Athletic » a compilé une multitude de témoignages dressant le portrait du géant de 2m24, un joueur aussi unique en son genre que l’homme, comme l’a confié Austin Rivers, son coéquipier aux Clippers sur la fin de saison 2017-2018.
« Il est authentique. Il y a beaucoup de gars qui sont gentils avec toi, mais tu ne sais pas si c’est sincère ou non, ou s’ils essaient juste de faire leur part et de jouer leur rôle de politicien. L’amour de Boban est sincère. Et c’est pourquoi les gens l’aiment tant; c’est pourquoi il a un lien avec tout le monde. C’est exactement ça. Quand il est gentil avec toi ou qu’il pose des questions sur ta mère, ton père, il demande sincèrement. Les gens ne font pas ça dans cette ligue. Tout le monde est tellement pris par ses affaires ».
Pas seulement une force de dissuasion
Comme il l’a démontré lors du dernier match des Mavericks avant la suspension de la saison en claquant 31 points et 17 rebonds en 31 minutes face à Denver, Boban Marjanovic est également un super joueur de basket.
« Il est plus fort que les gens ne le pensent, » assure son coéquipier Dwight Powell. « Sur le maniement du ballon, le toucher, sa façon de sentir le jeu, d’être capable de trouver des gars. Sa plus grande force est sa taille et sa présence autour du panier, mais je pense qu’à son crédit, on peut également dire, quand on le regarde dans le match, qu’il a passé du temps à travailler sur toutes les facettes du jeu ».
Son assistant à l’époque des Pistons, Aaron Gray, va même plus loin, soulignant que Boban Marjanovic est capable de faire bien plus que des aller-retours entre les deux cercles et d’assurer une menace dissuasive.
« Il va envoyer des « no look passes », va partir en contre-attaque… Je veux dire, c’est même arrivé en match quelques fois et c’est marrant parce que les gens savent que ça va arriver. Il va ensuite s’excuser au milieu d’une session vidéo du genre : « Je sais, je sais, je suis désolé, on continue, vidéo suivante ». Stan Van Gundy commençait à rire pendant que les assistants remuaient le couteau. Mais il faut savoir donner un peu de liberté à un gars comme ça pour qu’il s’amuse aussi ».
« Il y a dix ans, Boban aurait été un grand joueur »
Malgré les disparités entre le jeu près du cercle de l’ancien pivot du Zalgiris Kaunas et la NBA actuelle, au style toujours plus rapide et donnant de plus en plus d’importance au tir à 3-points, Stan Van Gundy n’a pas fini de se poser la question : a-t-il utilisé le grand Boban au maximum de ses capacités ?
« On se préoccupe tellement de l’aspect défensif, mais avec ce qu’il peut faire en attaque, je ne suis pas sûr qu’il n’aurait pas été préférable de le faire jouer davantage et de gérer les problèmes défensifs qui se présentent ».
Comme le rappelle Doc Rivers, Boban Marjanovic est né dix ans trop tard et évolue dans une NBA où les pivots de très grande taille ne sont plus aussi précieux que par le passé. « Il y a dix ans, Boban aurait été un grand joueur, » a confirmé son ancien coach aux Clippers. « Il est juste arrivé dix ans trop tard. Il est toujours dans la ligue et il fait son truc, mais ne vous y trompez pas, s’il était arrivé en 2003 ou 2006, Boban aurait été une force avec laquelle il aurait fallu compter ».
Le succès de Boban Marjanovic n’est toutefois pas dû qu’à sa taille ou sa gentillesse. Pour en arriver là et se faire une place dans la ligue, c’est avant tout parce qu’il a profité de chaque jour pour faire progresser son jeu.
Deux anecdotes renvoient parfaitement ce côté « addict » des entraînements cultivé par le n°51 des Mavs, poussant parfois ses coachs et assistants à bout.
À l’époque de l’arrivée du Serbe aux Spurs, Matt Bonner a pu être témoin de son envie de toujours progresser.
« Nous avions des jours de congé où même si vous voulez entrer dans la salle pour vous entraîner, le staff veut que tout le monde reste loin du gymnase pendant une journée et prenne une pause. Pour s’évader, se reposer, ne plus penser au basket alors que la saison est si longue. Et Boban, parce qu’il n’acceptait pas ça, venait quand même s’entraîner pendant des heures. On en était arrivé au point où les Spurs devraient littéralement fermer la salle de gym pour qu’il ne puisse pas y entrer afin de le forcer à faire une pause ».
Sa soif d’apprendre en permanence laisse parfois les coaches perplexes, comme le souligne un autre coéquipier aux Mavs, Maxi Kleber. « Notre staff finira par ne plus savoir quoi faire de lui parce qu’il va demander, par exemple, ‘Qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Est-ce que je peux faire ça ?’ Il ne se fatigue pas, c’est tout ».
Quand Boban Marjanovic rime avec comique
En plus d’être marrant, comme le grand public a pu le voir à l’occasion des mini-clips réalisés avec Tobias Harris à l’époque où les deux joueurs évoluaient ensemble, Boban Marjanovic semble toujours prêt à déployer son rire communicatif. « On dirait qu’il ne passe jamais une mauvaise journée », a expliqué son ex-coéquipier Jon Leuer.
Avec sa taille, il arrive souvent à déclencher l’hilarité, comme lorsqu’il se mettait à danser en compagnie de Tobias Harris et DeAndre Jordan avant les matchs des Clippers ou en se retrouvant tout simplement dans des situations cocasses. Jon Leuer s’est ainsi remémoré une anecdote qui n’est pas sans rappeler la fois où un match avait dû être arrêté pour s’assurer que Boban Marjanovic n’avait pas éclaté le cercle après un dunk…
« Je me souviens que nous étions à l’extérieur, quelque part à l’entraînement, nous nous entraînions dans une salle de gym qui n’était pas top. Et Boban est monté au dunk et le cercle s’est incliné vers le bas après son dunk, je dirais probablement de 5 ou 6 cm. Van Gundy a dit : « Ça fout en l’air l’entraînement. Il faut qu’on répare ça. » Et Boban a répondu, « Non, non, coach. Je m’en occupe. » Il s’approche, ne saute même pas, et remet le cercle à sa place. Et tout le monde s’est arrêté pendant cinq secondes et s’est mis à rire parce que personne ne devrait pouvoir s’approcher du cercle aussi facilement et le remettre à sa place ».
L’avion, sa phobie
Pour rajouter à l’hilarité qu’il peut parfois provoquer, aussi imposant soit-il, Boban Marjanovic avoue avoir un talon d’Achille, quelque chose qui le met en panique : les voyages en avion !
« Vous pouvez être sûrs qu’il aura demandé à l’hôtesse d’avoir une conversation avec le pilote au sujet du ciel, du temps de vol, ce que nous envisageons en termes de conditions d’atterrissage à l’arrivée », glisse Dwight Powell.
Autant dire que ceux-ci étant nombreux lors d’une saison régulière, c’est autant d’occasion pour ses coéquipiers de le mettre à l’épreuve en le taquinant gentiment.
« Il y a eu des moments où j’ai eu l’impression d’être le parent qui lui faisait savoir que le voyage allait bien se passer, » ajoute Tobias Harris. « Je me souviens d’une fois où je lui ai vraiment dit : « S’il va s’écraser, il va s’écraser. » Et il s’est presque mis à pleurer. Et je lui ai dit : « Oh, il n’aime vraiment pas les avions. » Il y a des moments où les turbulences arrivent, il me tape sur l’épaule, et je dois faire comme si je dormais. D’autres fois, je vais lui dire : « Tout va bien. » Mais il va me répondre, « Non, ce n’est pas bon, ça ne va pas ». Alors je me lèverai et je marcherai vers l’avant en direction du cockpit qui sera fermé, mais je reviendrai pour lui dire que j’ai parlé au pilote. « Il a dit que tout va bien. » C’est seulement à ce moment qu’il va me croire ».
Boban Marjanovic | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2015-16 | SAN | 54 | 9 | 60.3 | 0.0 | 76.3 | 1.4 | 2.2 | 3.6 | 0.4 | 1.0 | 0.2 | 0.5 | 0.4 | 5.5 |
2016-17 | DET | 35 | 8 | 54.5 | 0.0 | 81.0 | 1.3 | 2.4 | 3.7 | 0.3 | 0.7 | 0.2 | 0.3 | 0.3 | 5.5 |
2017-18 * | All Teams | 39 | 9 | 53.4 | 0.0 | 79.4 | 1.2 | 2.5 | 3.7 | 0.6 | 1.3 | 0.3 | 0.9 | 0.3 | 6.0 |
2017-18 * | LAC | 20 | 8 | 55.1 | 0.0 | 78.8 | 1.7 | 2.7 | 4.4 | 0.4 | 1.2 | 0.3 | 0.7 | 0.3 | 5.9 |
2017-18 * | DET | 19 | 9 | 51.9 | 0.0 | 80.0 | 0.8 | 2.2 | 3.0 | 0.7 | 1.5 | 0.2 | 1.2 | 0.3 | 6.2 |
2018-19 * | All Teams | 58 | 12 | 61.5 | 40.0 | 74.8 | 1.5 | 3.1 | 4.6 | 0.9 | 1.6 | 0.3 | 1.0 | 0.5 | 7.3 |
2018-19 * | LAC | 36 | 10 | 60.7 | 0.0 | 75.8 | 1.5 | 2.7 | 4.2 | 0.6 | 1.6 | 0.3 | 1.0 | 0.5 | 6.7 |
2018-19 * | PHL | 22 | 14 | 62.5 | 50.0 | 72.2 | 1.5 | 3.7 | 5.1 | 1.5 | 1.5 | 0.2 | 1.0 | 0.5 | 8.2 |
2019-20 | DAL | 43 | 10 | 57.6 | 23.5 | 75.4 | 1.5 | 3.1 | 4.6 | 0.5 | 1.3 | 0.2 | 0.7 | 0.2 | 6.7 |
2020-21 | DAL | 33 | 8 | 50.8 | 12.5 | 81.6 | 1.4 | 2.5 | 3.9 | 0.3 | 0.9 | 0.1 | 0.4 | 0.2 | 4.7 |
2021-22 | DAL | 23 | 6 | 60.0 | 25.0 | 59.1 | 0.4 | 1.4 | 1.7 | 0.1 | 1.0 | 0.0 | 0.7 | 0.1 | 4.3 |
2022-23 | HOU | 31 | 6 | 68.3 | 0.0 | 74.1 | 0.7 | 1.3 | 1.9 | 0.3 | 0.3 | 0.2 | 0.5 | 0.1 | 3.3 |
2023-24 | HOU | 14 | 5 | 52.9 | 0.0 | 64.3 | 0.5 | 1.8 | 2.3 | 0.4 | 0.4 | 0.1 | 0.4 | 0.1 | 3.2 |
Total | 330 | 9 | 57.9 | 23.8 | 76.2 | 1.2 | 2.4 | 3.6 | 0.5 | 1.0 | 0.2 | 0.6 | 0.3 | 5.6 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.