Comme partout, il y a des modes en NBA, et l’utilisation de la « zone » en fait partie. Interdite jusqu’en 2001, cette défense a petit à petit pris de l’importance, notamment sous l’influence de Rick Carlisle, aux Mavericks.
En 2011, elle avait notamment aidé Dallas à faire tomber le Heat de LeBron James, qui manquait alors de menaces extérieures avec le « King » qui n’était pas toujours très fiable dans le domaine, Dwyane Wade qui ne l’a jamais été et Chris Bosh qui préférait encore le jeu poste bas et à mi-distance. Les arrivées de Shane Battier puis de Ray Allen permirent par la suite à Miami d’être beaucoup moins gêné par la « zone », qui retomba plus ou moins dans l’oubli.
Utilisée sur 3% des possessions défensives en 2009-2010, ce taux était descendu à 0.2% lors de la saison 2017-2018 et ce n’était plus, globalement, qu’une stratégie visant à perturber les habitudes adverses.
« Quand vous êtes face à une défense individuelle, vous pouvez mettre en place des schémas », explique Scott Brooks dans un très intéressant article d’ESPN. « Vous savez que si l’arrière défend d’une certaine façon, cette option va s’ouvrir et qu’il défend de cette façon, alors cette autre option va s’ouvrir. Donc il y a des points sur lesquels s’appuyer, pour les joueurs et les coachs. Mais avec une « zone », c’est plus un chaos organisé. Il y a des zones grises. Il y a bien sûr des concepts, mais globalement, il faut quand même utiliser la liberté. Il faut une équipe très intelligente pour l’attaquer de façon constante. »
Cet effet perturbateur de la « zone » avait déjà été décrit par Gregg Popovich.
« En général, les équipes NBA ne savent pas quoi faire quand on fait zone », expliquait ainsi Pop en mars 2019. « En général, elles restent statiques, à faire bouger la balle autour de la ligne à 3-points, puis quelqu’un attaque un intervalle, ou ils jouent un peu du poste haut – poste bas, ou ils essaient de créer un surnombre, mais en gros, les joueurs sont figés. Peu importe l’équipe, ils se figent. »
« C’est une contradiction tellement intéressante. On n’a jamais pris autant de 3-points dans l’histoire, alors pourquoi est-ce qu’on voudrait défendre en zone ? »
Car la « zone » a souvent un gros problème : elle est friable face aux shoots à 3-points. Et c’est donc assez étonnant que, notamment sous l’effet d’Erik Spoelstra, son utilisation remonte (2.2% des possessions défensives cette saison), alors que la ligue tend de plus en plus vers le tir extérieur (43% des tirs pris à 3-points durant ces playoffs).
« C’est une contradiction tellement intéressante », reprend le coach de Washington. « On n’a jamais pris autant de 3-points dans l’histoire, alors pourquoi est-ce qu’on voudrait défendre en « zone » ? »
La réponse est la même qu’à la question : comment les Bucks ont-ils affiché la meilleure défense de la saison en autorisant le plus de 3-points à leurs adversaires ? Parce que l’explosion du nombre de 3-points a eu pour conséquence d’écarter le jeu, et donc de rendre les raquettes plus vulnérables. Et alors que l’adresse extérieure est stable (35.8% contre 34.3% en 2003), l’adresse dans la raquette a bondi (64.0% contre 57.1% en 2003).
Alors que les équipes alignent de plus en plus cinq joueurs capables d’artiller de loin, la défense doit donc faire des choix : défendre à tout prix la ligne à 3-points, cela signifie laisser des espaces dans la raquette. Verrouiller la peinture avec la « zone », cela veut dire faire avec pas mal de tirs ouverts de loin.
« C’est l’un ou l’autre », confirme Dwane Casey, l’artisan de la « zone » de Dallas en 2011. « Il faut faire soit l’un soit l’autre, parce que c’est très compliqué de faire les deux. »
C’est toujours une question de dosage, des faiblesses de l’adversaire et de ses propres forces…