C’est une date bien connue des fans de statistiques en NBA. La saison 1973/74 marque l’arrivée des contres et des interceptions dans les stats officielles. Avant, les prouesses de Wilt Chamberlain, Bill Russell ou Kareem Abdul-Jabbar restaient de l’ordre du mythe, du calcul personnel effectué dans leur coin par certains journalistes.
La saison 1973/74 a commencé le 9 octobre 1973 et il n’a fallu que trois semaines pour observer une performance de légende. Un record même, qui tient toujours, plus de cinquante ans après. Le 28 octobre 1973, Elmore Smith (2m13) va ainsi repousser 17 tirs contre les Blazers !
« Il y a un paquet de joueurs talentueux qui, je pensais, allaient battre ce record depuis, mais ce n’est jamais arrivé », avait commenté l’ancien joueur de Los Angeles, il y a maintenant près de quinze ans. « Je pensais à Hakeem Olajuwon, avec sa détente et son timing », ajoute-t-il pour The Athletic. « Manute Bol aussi aurait pu le battre. Shaquille O’Neal, s’il avait voulu, aurait pu le faire. »
Pivot des Lakers qui assurera la jonction entre la retraite de Wilt Chamberlain, en 1973, et l’arrivée de Kareem Abdul-Jabbar (contre lequel il sera échangé), en 1975, Elmore Smith va s’imposer comme le meilleur contreur de la saison avec 4.9 tirs repoussés par rencontre. Il fut donc le premier à inscrire son nom à ce palmarès.
Pour ce match contre les Blazers, il a non seulement établi le record NBA, mais avait également battu son propre record de 14 shoots contrés, réussi deux jours avant face aux Pistons. Dans ce match, il terminera même en triple-double avec 12 points, 16 rebonds et donc 17 contres.
« Ils n’avaient pas l’air de comprendre. Ils continuaient d’essayer de marquer près du cercle, et je continuais de contrer leurs tirs », se souvient-il. « Je ne me suis pas rendu compte du nombre de shoots que j’ai contrés avant la fin de rencontre. C’est là qu’on m’a demandé. On ne compte pas ce genre de choses. »
Un record inatteignable désormais ?
Il faut dire aussi qu’avec 49 points marqués, Gail Goodrich avait fait le show dans la victoire des Lakers (111-98). Le Los Angeles Times s’était d’ailleurs davantage attardé sur la performance de l’arrière que sur celle du pivot, relayée à la toute fin de son article de l’époque.
De plus, aucune image du match n’est disponible pour mieux apprécier ce record, qui n’a ensuite été approché que par deux joueurs cités par Elmore Smith : Manute Bol, deux fois (15 contres en 1986 et 1987), puis Shaquille O’Neal, 15 contres également, dans un énorme triple-double en 1993.
Et comme le jeu se déporte de plus en plus vers la ligne à 3-points et que les défenses ont énormément évolué, cette barre pourrait bien être infranchissable pendant encore très longtemps…
Ce record ne fut pas un acte isolé dans la saison d’Elmore Smith puisqu’il va atteindre ou dépasser la barre des 10 contres à sept reprises. Fort contreur lors de ses jeunes années, ses genoux le priveront de vivre une fin de carrière plus longue. « Elmore the Rejector » prendra sa retraite à 30 ans seulement, après huit saisons en NBA et avec 2.9 contres par match, ce qui en fait toujours la cinquième meilleure moyenne de l’histoire de la ligue.