NBA
Ce soir
NBA
Ce soir
IND119
MIL118
NYK103
DET106
BOS120
ORL89
DEN67
LAC59
Pariez en ligne avec Unibet
  • HOU1.56GOL2.4Pariez
  • LOS1.42MIN2.8Pariez
  • 100€ offertsLa suite →

« En revendant tout, je m’offre une maison ! » : plongée au cœur d’un marché des cartes en ébullition

La situation sanitaire a des effets spectaculaires sur la pratique. À côté du « réveil » d’anciens collectionneurs, d’autres jouent à fond la carte de l’investissement. Conséquence, les prix atteignent des montants jamais vus.

« J’ai crié ! C’était dans la nuit, j’ai réveillé tout le monde ! » Ce collectionneur français, qui préfère être cité sous son pseudo « JP CBS », n’oubliera jamais le jour où il a mis la main sur cette carte rarissime de Luka Doncic, il y a quelques mois. « C’était comme gagner au loto. »

L’ajouter à sa collection ou bien la revendre ? Il n’est en tout cas pas le seul, à l’époque, à réaliser la valeur de cette acquisition. Après son post Facebook, des centaines de messages affluent des quatre coins du monde. Parmi les acheteurs potentiels, un Américain qui veut absolument cette carte unique. « JP CBS » se méfie des arnaqueurs, alors il « enquête » en ligne sur l’homme. Ce chef d’entreprise établi en Asie semble sérieux. « J’ai su que j’avais trouvé mon client. »

Ne reste plus qu’à s’arrêter sur un prix en tenant compte de ce qu’il se passe, au même moment, dans la « bulle » d’Orlando. Bonne nouvelle pour notre collectionneur : le Slovène cartonne en playoffs. Ce sera donc 15 000 dollars. « Finalement, j’ai pris 10 000, car j’ai négocié une autre carte de Doncic en retour, à 5 000 », précise le Français, qui peut se féliciter de son affaire, car il avait obtenu la carte d’origine… pour 69 dollars.

Le confinement à l’origine d’une « révolution absolue »

Sa transaction illustre bien l’engouement actuel pour les échanges de cartes de joueurs. « C’est devenu n’importe quoi », décrit ce collectionneur de longue date, âgé de 42 ans, actif « par intermittence » ces dernières années. Tous les connaisseurs de la question nous l’ont dit : la pratique connaît un essor exceptionnel depuis quelques mois. Selon des professionnels du secteur, il s’agit d’une « une révolution absolue », « du jamais vu » dans l’histoire de cette industrie.

Le décès tragique de Kobe Bryant, début 2020, a eu un premier effet. « Mine de rien, beaucoup de personnes ont voulu retrouver sa carte rookie de 1997, note Thierry Lardoux, habitué à organiser des rassemblements de passionnés, dont le « Paris Card Show » qui devait attirer une centaine d’amateurs cette année. L’engouement est revenu avec un mot clé : la nostalgie. »

L’épidémie de Covid-19 et les confinements imposés un peu partout ont boosté ce sentiment. « Comme tout le monde était coincé chez soi, c’était l’occasion de remettre le nez dedans », décrit Christophe Lonjaret, l’un des administrateurs du collectif US Sports Fans Cards. Les amateurs de cartes, récupérées au bureau de tabac ou chez McDo dans les années 1990, ont fouillé dans les placards pour redécouvrir, avec leurs enfants parfois, leur collection. Avant d’aller un jeter un œil curieux, avec le butin potentiel, sur les tarifs en vigueur sur eBay…

Un autre effet de « The Last Dance »

Un dernier facteur a fini de chambouler la pratique : la sortie de « The Last Dance ». La « hype » autour de Michael Jordan et des Bulls a explosé. Les cartes à leur effigie aussi. Selon eBay, place forte de ces échanges, les ventes de cartes du numéro 23 ont augmenté… de 370% entre début mars et fin mai, soit la période de diffusion du documentaire. Déjà, à la mort de Kobe Bryant, la plateforme américaine avait constaté un flux d’achats démentiel.

Le phénomène semble toucher l’ensemble de l’industrie de la carte, tous les autres sports américains donc, mais en particulier l’univers NBA. « La grosse partie des ‘anciens’ est revenue. L’arrivée d’un seul coup de beaucoup de collectionneurs a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande », résume Eric qui, depuis ses débuts en 1989, se considère comme l’un des précurseurs de la carte en France.

Ce dernier, dans les années 1990, en plus d’alimenter une chronique spécialisée dans le magazine MVP Basket, s’était rapproché de la société Basket Mania pour la mise en place de ventes de cartes par correspondance.

Sa référence, déjà à l’époque, était le « Beckett », la revue de cotation des cartes américaines d’Upper Deck, Fleer, SkyBox et les autres. « J’essayais d’en faire une version française », se souvient l’intéressé de cette période où une boutique de basket, située quartier Beaubourg à Paris, dédiait un sous-sol entier aux cartes. Là où tout passionné pouvait rêver de récupérer un « insert » (design unique), un morceau de maillot ou, summum, une carte autographiée.

Près de deux millions de dollars pour des cartes de LeBron et Giannis !

Son activité s’est réduite à la fin de la décennie 1990, alors que le marché se tassait. Selon lui, « il ne s’est pas passé grand chose pendant une quinzaine d’années, ça vivotait ». Au début de l’année, lui aussi a ressorti ses vieux classeurs rangés aux milliers de cartes (« Une organisation monstrueuse »), et repris ses échanges avec des collectionneurs du monde entier.

Et surtout réalisé la transformation complète de la pratique : « On est passé du marché de collectionneurs qui n’ont pas vraiment la notion de valeur, à un marché très orienté business où la carte est devenue une valeur refuge, un peu comme l’or, le bitcoin… Depuis un an, c’est de la folie. » Une « folie » qui s’est manifestée ces dernières semaines avec deux cartes de Giannis Antetokounmpo et LeBron James, vendues chacune près de 2 millions de dollars.

« C’est comparable au marché de l’art, confirme Grégory Jousset, qui planche sur un ouvrage sur l’histoire des « trading Cards ». Le phénomène nouveau, ce sont les spéculateurs. Ils raflent toutes les boîtes d’un joueur universitaire ou d’un rookie par exemple avec l’espoir de faire grimper les prix. » « Comme avec les « Sneakers kids » qui investissent dans des paires avant d’attendre la pénurie pour revendre », compare Thierry Lardoux. Avec une carte devenue rare, selon la trajectoire du joueur, elle peut devenir hyper demandée.

Des valeurs très fluctuantes

« Certains connaissent que dalle au basket mais sont dans des groupes d’investissement pour suivre les tendances », décrit « JP CBS », en citant Gary Vaynerchuk, entrepreneur millionnaire américain et sorte de « gourou » dans l’univers numérique. Ce dernier avait par exemple anticipé l’explosion actuelle pour les cartes de sport, il y a deux ans.

Aux côtés des « valeurs sûres », le trio Jordan-Bryant-James, les attentes autour des Luka Doncic, Trae Young, Ja Morant sans oublier l’inévitable Zion Williamson ont participé au phénomène. « C’est comme à la bourse, très fluctuant, qualifie Eric. Le jour où Bol Bol a marqué 26 points ou Coby White fait un match à 30 points, leur valeur ont augmenté. »

Au facteur performances, qui induit un logique suivi quotidien, s’ajoute, selon « JP CBS », la notion de « hobby love » lié à l’appréciation par le grand public du joueur. Ainsi, comme l’avaient déjà fait apparaître les votes pour le dernier All-Star Game, les cartes Alex Caruso sont aussi, voire plus, recherchées que celles de Russell Westbrook.

Le « grading » multiplie la valeur d’une carte

La qualité et la rareté de la carte sont également des données essentielles. Plusieurs sociétés comme Professional Sports Authenticator (PSA) ou Beckett Grading Services (BGS) sont spécialisées dans le « grading ». À l’issue d’une authentification, elles sont chargées d’accorder une note à la carte, de 1 à 10, en examinant le moindre détail : centrage, coins abimés… Disposer d’une carte « 1/1 » (exemplaire unique dans le monde) notée 10 est donc un potentiel trésor.

« Si je fais ‘grader’ une carte de LeBron achetée à 10 dollars il y a quelques années, elle peut monter à 7 000 dollars en obtenant un ’10 PSA’. Une carte gradée permet d’éviter les mauvaises surprises sur eBay », assure « JP CBS » dont la collection vendue il y a cinq ans « vaudrait une fortune aujourd’hui. Mais ça m’a quand même permis d’avoir un bon apport à l’époque pour acheter ma maison. »

Nos connaisseurs mentionnent également un acteur central dans la flambée des prix : Panini. Le groupe italien est sous contrat d’exclusivité, depuis 2009, avec la grande ligue. Ses concurrents historiques mis de côté, la firme peut jouer sur les tarifs selon l’offre et la demande et générer de la rareté selon les tirages.

Trouver une parade à la flambée des prix

« Il y a deux ans, la boîte de base s’achetait sur la boutique officielle à 50 dollars avec une trentaine de cartes, se souvient Thierry Lardoux, un grand collectionneur des cartes Grant Hill période Pistons et Magic. Maintenant, la même collection, c’est 350 dollars. Tous les prix ont explosé. » Avec le risque que les passionnés « purs » n’aient plus les moyens de suivre financièrement.

C’est ainsi que sont nés et se popularisent les systèmes de vente « box break ». Le « breaker » achète par exemple une boîte onéreuse et propose à d’autres de l’ouvrir en live. Ces derniers doivent débourser un droit d’entrée pour assister à l’ouverture. Les cartes dévoilées sont ensuite distribuées selon le « spot » de chaque participant, une équipe NBA par exemple. C’est l’alternative à l’achat d’une boîte complète.

C’est via ce système que « JP CBS » a récupéré la fameuse carte de Doncic, évoquée plus haut. Une carte, notée 9,5/10, qu’il n’a d’ailleurs jamais eu en main puisque le « breaker » lui-même a participé à l’acheminement vers l’acheteur américain. Par sécurité, le Français avait souscrit à une assurance. On est jamais à l’abri d’un livreur UPS qui se trompe d’adresse

Reste une interrogation qui anime les collectionneurs : le rôle et l’impact des superstars de la ligue dans cet engouement actuel. Lorsque la carte de LeBron James s’est vendue, cet été, à 1,8 million de dollars, l’intéressé a lui-même assuré qu’il était en possession… de deux autres exemplaires du même morceau de carton.

https://twitter.com/espn/status/1285047663621267456?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1285047663621267456%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fthespun.com%2Fnba%2Flos-angeles-lakers%2Flebron-james-reacts-rookie-card-selling-for-1-8-million

Giannis a lui aussi secoué la toile en publiant une vidéo TikTok, qu’il s’est empressé de supprimer, en dévoilant sa collection de cartes… à son effigie ! En se collectionnant eux-mêmes, les joueurs participent nécessairement à l’effet boule de neige.

Difficile à ce stade de savoir combien de temps cette « bulle » va se développer. Une chose est sûre, la passion ravivée de ces collectionneurs va rester intacte. « Moi ce que j’aime bien, ce sont les échanges avec les collectionneurs, livre Thierry Lardoux. Je peux parler toute une après-midi des matches ou des histoires auxquels font références les cartes. » Loin de toute spéculation.

Suivez toute l'actualité NBA sur la chaîne WhatsApp de Basket USA

Suivez nous également sur Google Actualités