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Portrait | Rolando Blackman, l’homme du Panama

NBA – Avant Dirk Nowitzki, le meilleur scoreur de l’histoire de Dallas était Rolando Blackman. Un Panaméen arraché à sa terre natale à l’âge de 8 ans, qui ne connaissait rien au basket et qui s’imposa comme l’un des meilleurs shooteurs à mi-distance en NBA.

Rolando BlackmanDépliez le tapis rouge. 980 matches de NBA. Onze saisons chez les Mavericks, de 1981 à 1992. Deux chez les Knicks, de 1992 à 1994. Soixante-neuf matches de playoffs. Quatre sélections pour le All-Star Game. En cette année 1996, le bonhomme s’engage à Limoges après un passage par la Grèce (AEK Athènes) et l’Italie (Olimpia Milano). C’est tout simplement le plus beau palmarès jamais vu en France. On a dit « palmarès ». Pas « restes »…

« Ceux qui pensent que je suis venu prendre une retraite dorée en France se plantent », clame-t-il quelques heures après avoir posé le pied dans le Limousin.

Rolando Blackman – puisque c’est de lui qu’il s’agit – se veut rassurant et optimiste. « L’essentiel pour moi est d’être toujours compétitif à 37 ans. Je vais bien me préparer et dès le début de la saison, vous verrez qu’il n’y a pas de différence entre un joueur de 24 ou 25 ans et moi. »

La différence, ce natif de Panama City, un 26 février 1959, a appris à la dompter dès son plus jeune âge. De cette aisance naquit l’une des plus belles histoires des parquets. « Ro » – comme on le surnomme – a 8 ans quand survient le premier choc de sa vie. Un soir, à son retour à la « casa », son père lui annonce brutalement que toute la famille va migrer du côté de New York. Les yeux d’habitude rieurs de Rolando s’emplissent de larmes. Tristesse d’un gamin qui gambade librement, se prenant pour l’idole que tout le monde vénère ici : Pelé.

Rolando n’imagine même pas qu’on puisse pratiquer un autre sport que le football. Au Panama, la langue officielle est l’espagnol. A New York, il ne pige plus rien. Le dépaysement est total. L’incompréhension aussi. A Brooklyn, les seuls espaces verts sont quelques arbres et des pots de fleurs. Grosse galère. Et ce n’est que le début. Ici, personne n’utilise les pieds pour jongler avec la balle. Elle est soit trop petite – et on se sert d’une batte pour la déplacer -, soit trop grande et on se sert de ses mains pour l’enfouir dans un panier haut perché. Ici, le soccer n’a pas voix au chapitre. Quand « Ro » évoque Pelé, tous ses nouveaux potes écarquillent les yeux. Inconnu au bataillon. Le petit Blackman n’a pas d’autre choix que de s’initier au basket. « Ça m’a tout de suite plu mais je ne savais rien faire. Mes copains m’ont conseillé de les regarder et de compter les points… »

Retenu avec les USA… sans être américain

Les matches terminés, chacun prend la tangente. Rolando fait ses gammes seul, quotidiennement. A l’école, il veut jouer. On lui offre un strapontin de spectateur. « Je n’étais pas maladroit mais je ne savais pas dribbler de la main gauche. J’étais incapable de faire une bonne passe. Et puis j’ignorais tout de la défense. »

Au fil du temps, il s’affirme. C’est souvent lui qui donne le ton au Ditmas Park, aux alentours de 18h. Désormais, Rolando jongle aisément avec les deux langues. Il retient vite les leçons et affiche enfin son culot. Il demande à un moniteur, Ted Gutsus, de corriger ses gesticulations. Il a 13 ans. Et à présent, ce sont les autres qui comptent ses points. Un début sans fin.

La William E. Grady High School tombe sous le charme de ce freluquet aux tirs soyeux et précis. Et quand on se fait un nom à « Big Apple », on devient quelqu’un à l’échelle du pays, même si l’on va encore au lycée. Chaque jour, la boîte aux lettres de la maison familiale apporte son lot de propositions de bourse universitaire. Rolando met des croix ici et là. « Je ne voulais pas d’une trop grande université. Je n’allais pas passer mon cursus à m’asseoir sur le banc. »

Il a déjà connu cette expérience sur un playground, il ne veut pas revivre ça. En NCAA, Blackman veut courir, marquer, gagner. Son choix s’arrêtera sur Kansas State University et le programme de Jack Hartman. Judicieux. Pendant quatre ans, le membre de la confrérie Kappa Alpha Psi fait une moisson de bonnes notes et de distinctions. Il est notamment désigné All-American Third Team et meilleur joueur de la Conférence Big Eight en 1980, au terme de sa saison junior. Sommet de reconnaissance, on le sélectionne dans l’équipe des USA pour les Jeux Olympiques de Moscou… alors qu’il n’a même pas obtenu la nationalité américaine ! Le boycott décrété par le président Jimmy Carter résoudra le problème.

« Ro » quitte les parquets universitaires en 1981 avec une moyenne en carrière de 15.2 points (à 51.7%), 5 rebonds et 2.7 passes. Trois fois, il a été élu Défenseur de l’année de la Conférence Big Eight. Ses 1 844 points constituent le deuxième meilleur total de l’histoire des Wildcats. Son n°25 sera retiré en février 2007. En 1997, après la fin de sa carrière professionnelle, il retourna sur les bancs de la fac pour compléter son diplôme en sociologie et marketing. A l’époque, on lui parlait encore du shoot réussi à 2 secondes du buzzer pour éliminer la tête de série n°2, Oregon State, au deuxième tour du Tournoi NCAA durant son année senior. « The Shot ». Un tir assassin qui le propulsa en une de « Sports Illustrated »…

Nonchalance, courage, foi et fierté

Ce passeport étoilé évaporé dans le froid de Moscou, il l’obtiendra quatre ans plus tard, à l’occasion du All-Star Game d’Indianapolis (1985). Entre-temps, l’exilé de New York devient un visage connu. Un corps que la NBA rêvait de voir embraser l’un de ses prestigieux parquets. Draft 1981. Premier tour. Neuvième choix. Les Mavericks n’hésitent pas un seul instant. Ce sera cet arrière de 1,98 m et 86 kg. De ses origines panaméennes, Rolando a hérité une certaine nonchalance et une fierté à toute épreuve. De son éducation américaine, le courage et la foi. Que ce soit en défense ou en attaque, on le trouve aux premières loges. « Tout part de la défense. Et moi, je veux toujours montrer l’exemple. »

Ses points et son exceptionnelle adresse dans le périmètre feront énormément de bien aux Mavericks une décennie durant. Au lendemain de sa saison rookie et jusqu’à son départ en 1992, « Ro » ne descendra jamais sous les 17 pions par match. Son mental fait de lui la figure emblématique de la région. A quatre reprises, il sera convié aux festivités de février (Indianapolis, donc, mais aussi Dallas en 1986, Seattle en 1987 et Miami en 1990).

Avril venu, il est rapidement en vacances. Sauf en trois occasions. Au printemps 1984, les coéquipiers de Mark Aguirre s’offrent le frisson d’une demi-finale de Conférence face aux Lakers (1-4). Deux ans plus tard, rebelote (2-4 face à Los Angeles, toujours en demis). En 1988, les Mavericks poussent les Lakers jusqu’à un Game 7 en finale de Conférence Ouest. Cette équipe a de la gueule (Aguirre, Blackman, Harper, Perkins, Tarpley, Schrempf…). Paradoxalement, elle loupera les playoffs avec le renfort d’Adrian Dantley. Et rentrera peu à peu dans le rang.

Adieu, postseason. Rolando découvre la simplicité du quotidien. Il peut passer du temps avec sa femme et ses quatre enfants (Valerie, Brittany, Briana, Vernell), assouvir ses autres passions. La télévision comme producteur pour une chaîne de Dallas. Le grand bleu, les dauphins, les fonds marins et les films du commandant Cousteau. « Ro » ira jusqu’à s’initier à la plongée sous-marine : « Je suis descendu à environ 50 m de profondeur. »

Prémonitoire : les Mavericks coulent à pic et s’enlisent dans les profondeurs du classement. C’est dans ces circonstances que les Knicks de New York, la ville où il débarqua gamin, font appel à l’homme mûr et au sportif accompli qu’il est devenu. Nous sommes le 24 juin 1992. Dallas cède son n°22 emblématique (dont le maillot sera retiré en mars 2000) contre un premier tour de draft 1995.

Blackman prend le n°20. Et endosse le rôle du sage. A 33 ans, Rolando rêve de résurrection. Durant deux saisons, Pat Riley lui offrira un enterrement de première classe. Tout juste 24 minutes de temps de jeu la première année (9.7 pts), 17.6 la seconde (7.3). On est loin des 18.3 points postés lors de sa dernière saison dans le Texas. Il souffre d’une hernie discale mais cela n’explique pas tout.

Le couperet tombe le 6 juillet 1994, au lendemain d’une huitième et dernière campagne de playoffs : coupé. Rien à l’horizon. Si ce n’est une offre d’emploi en Grèce dans le courant de l’année 1994-95. L’AEK Athènes lui fait un pont d’or. « Ro » traverse l’Atlantique, laissant sa famille au bercail. Le mal du pays se fait sentir malgré une saison honorable.

La plus grosse erreur de coaching de Pat Riley

Puis c’est au tour de Milan de craquer devant son sourire d’éternel gamin. Blackman offrira au Stefanel le titre de champion d’Italie, la Coupe d’Italie et une finale de Coupe Korac, perdue 68-76 contre l’Efes Pilsen. Durant l’été 1996, le Bosniaque Bogdan Tanjevic quitte la Lombardie pour le Limousin. Il a posé comme condition préalable à sa signature au CSP Limoges la venue de Rolando, leader tout indiqué.

Les deux affichent une confiance sans limites. « Je viens à Limoges parce que c’est un grand club, avec un gros palmarès », explique l’ancien Maverick. « Je sais exactement comment le coach veut que je joue. Donc, il n’y aura pas de surprises. Et puis Limoges a tout fait pour que je puisse vivre ici avec ma famille. »

Quatre enfants, une compagne, des amis sur le parquet et en dehors. Dans l’encadrement du CPS, on veut croire qu’à 37 ans, Rolando Blackman est toujours aussi vert. Mais il ne fera que passer en coup de vent. Pas un seul match de Pro A sous le maillot limougeaud. Une aventure achevée avant même d’avoir commencé. Reste la légende du Ditmas Park. Ce petit coin de Brooklyn où un adolescent panaméen apprenait à jouer au basket en comptant les points des autres. Un terrain qui s’appelle désormais Rolando Blackman Park.

Retraité des parquets, « Ro » entame une seconde vie sur le banc comme assistant. Il épaule Don Nelson à Dallas et intègre l’encadrement de la sélection allemande pour le Mondial 2002 à Indianapolis, médaille de bronze à la clé. Pour le championnat du monde l’été dernier, il épaulait une vieille connaissance, Bogdan Tanjevic, au sein de la sélection turque.

Rolando Blackman, qui s’est remarié en 2004, demeura le meilleur marqueur de l’histoire des Mavs pendant 18 ans. Ses 16 643 points furent battus par Dirk Nowitzki le 9 mars 2008 face à New Jersey.

Pat Riley considère que la plus grande erreur de coaching de sa carrière fut d’ailleurs de préférer John Starks à Rolando Blackman pour les deux dernières manches des Finales 1994 face aux Rockets (3-4)…

Rolando Blackman Pourcentage Rebonds
Saison Equipe MJ Min Tirs 3pts LF Off Def Tot Pd Fte Int Bp Ct Pts
1981-82 DAL 82 24 51.3 25.0 76.8 1.2 1.9 3.1 1.3 1.5 0.6 1.4 0.4 13.3
1982-83 DAL 75 31 49.2 20.0 78.0 1.4 2.5 3.9 2.5 1.6 0.5 1.6 0.4 17.7
1983-84 DAL 81 37 54.6 9.1 81.2 1.5 3.1 4.6 3.6 1.6 0.7 2.1 0.5 22.4
1984-85 DAL 81 35 50.8 30.0 82.8 1.3 2.4 3.7 3.6 1.2 0.8 2.0 0.2 19.7
1985-86 DAL 82 34 51.3 13.8 83.6 1.1 2.5 3.5 3.3 1.7 1.0 2.3 0.3 21.5
1986-87 DAL 80 35 49.6 33.3 88.2 1.2 2.3 3.5 3.3 1.8 0.8 2.2 0.2 20.9
1987-88 DAL 71 36 47.3 0.0 87.3 1.2 2.3 3.5 3.7 1.6 0.9 2.0 0.3 18.7
1988-89 DAL 78 38 47.6 35.3 85.4 0.9 2.6 3.5 3.7 1.8 0.8 2.1 0.3 19.7
1989-90 DAL 80 37 49.8 30.2 84.4 1.1 2.4 3.5 3.6 1.6 1.0 2.2 0.3 19.4
1990-91 DAL 80 37 48.2 35.1 86.5 0.8 2.4 3.2 3.8 1.9 0.9 2.0 0.2 19.9
1991-92 DAL 75 34 46.1 38.5 89.8 1.0 2.2 3.2 2.7 1.8 0.7 2.0 0.3 18.3
1992-93 NYK 60 24 44.3 42.5 78.9 0.4 1.3 1.7 2.6 2.2 0.4 1.1 0.2 9.7
1993-94 NYK 55 18 43.6 35.7 90.6 0.4 1.3 1.7 1.4 1.8 0.5 0.8 0.1 7.3
Total   980 33 49.3 34.3 84.0 1.1 2.3 3.3 3.0 1.7 0.7 1.9 0.3 18.0

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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