Chaussures, cartes, maillots… Depuis un an, tout ce qui touche à la NBA a la cote sur le marché des enchères, et cette semaine, une carte de Luka Doncic a trouvé preneur pour 4.6 millions de dollars ! C’est du grand délire, mais ce n’est peut-être rien à côté de la folie de NBA Top Shot.
Lancé il y a quelques mois, et toujours en version bêta, cette application a généré 240 millions de dollars de chiffre d’affaires sur les 30 derniers jours, et le plus fou, c’est qu’il s’agit de simples highlights en ligne ! Des internautes s’échangent des extraits de match, une action marquante qu’on trouve sur n’importe quel réseau social ou plate-forme de vidéo comme YouTube.
À titre d’exemple, un « Moment » de LeBron James a atteint les 208 000 dollars ! Et ce n’est qu’un début…
L’album Panini 2.0
En fait, NBA Top Shot, c’est la version 2.0 de l’album Panini. On n’achète pas un pack de cartes, mais un pack de Moments, sans savoir ce qu’il y aura à l’intérieur. Prix d’entrée, entre 9 et 230 dollars.
La semaine dernière, Dapper Labs en avait mis 5 000 à disposition. Sur les quelque 350 000 inscrits sur cette plate-forme, 90 000 voulaient s’en porter acquéreurs. Voilà comment débute la spéculation… et il faut donc attendre que de nouveaux packs soient disponibles.
Ensuite, en fonction de ce qu’on obtient dans son pack, on peut alors les soumettre pour des échanges. En sachant que chaque carte est unique, et c’est là le point fort de NBA Top Shot. Basée sur la blockchain, chaque Moment est original et son origine est sécurisée mais également authentifiée. Impossible donc de la copier, et l’acquéreur sait donc que sa « carte virtuelle » est unique. D’où des ventes délirantes pour un bien numérique.
Autre atout de ce système, il s’agit d’un NFT. C’est-à-dire un « non-fungible token », que l’on pourrait traduire par « jeton non fongible ». Contrairement à un Bitcoin, on ne peut rien acheter avec un NFT. En revanche, c’est l’objet en lui-même qui a de la valeur. Même virtuelle.
La NBA partenaire du projet
Et que pense la NBA de tout ça ? Eh bien, elle est partenaire de ce nouveau type de bien numérique, et elle ne s’est pas uniquement contentée de vendre une licence à l’éditeur Dapper Labs. La ligue est au cœur du projet, et même s’il ne s’exprime pas sur le sujet, il s’agit pour elle d’une nouvelle source de revenus puisqu’il est possible de prendre un pourcentage sur les transactions. Dapper Labs se rémunère ainsi sur les transactions peer-to-peer, et bien sûr en vendant de nouveaux packs…
« Nous pensons que ce type de produit perdurera pendant 100 ans » estime Caty Tedman, directeur du marketing de cette start-up, interrogée par NBC. « Quand on pense à la valeur que vont prendre les cartes de rookies… Tous ceux qui participent en ce moment sont au commencement de tout. »
Et si la logique même de ce nouveau business vous échappe, c’est peut-être Mark Cuban qui en parle le mieux. Gamin, il collectionnait des timbres, et à 15 ans, il a découvert qu’un même timbre pouvait avoir une valeur différente selon les vendeurs, pourtant présents sur un même salon. « J’ai vite compris que je pouvais acheter à l’un, et revendre à l’autre » explique-t-il sur son blog, pour défendre ce nouveau modèle économique basé sur la blockchain et sur l’unicité de chaque pièce.
Un objet de collection… mais virtuel
« La transparence est le plus gros avantage. Je peux voir l’historique de chaque acheteur, de chaque vendeur, je peux voir ce qu’ils possèdent, quel prix ils ont payé… Pour chaque bien numérique, je peux facilement voir quel est le marché pour tout bien numérique » poursuit-il à propos de la traçabilité inhérente à la blockchain.
Et quand on lui demande quel est l’intérêt d’acheter un bien virtuel, accessible et gratuit sur YouTube, voici ce qu’il répond : « J’apprécie de savoir que je possède mon Moment avec un dunk de Maxi Kleber, ainsi que le numéro de série et bien plus encore. Certaines personnes pourraient se plaindre du fait que je puisse obtenir la même vidéo sur Internet n’importe où et à tout moment et la regarder. Eh bien, devinez quoi, je peux trouver la photo d’une carte sur Internet et l’imprimer, et cela ne change pas la valeur de la carte. »
Et tant mieux pour l’heureux vendeur de la carte de Luka Doncic…