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Perte de motivation, injustice, League Pass… Comment le basket amateur a vécu cette saison quasi-blanche

En France, depuis septembre, les basketteurs ont dû se contenter d’une poignée de matches joués. Si les clubs ont fait ce qu’ils ont pu pour garder le lien, le maintien des compétitions professionnelles a fait beaucoup de bien au moral.

Le 19 mars dernier, la FFBB (Fédération française de basketball) mettait fin aux derniers maigres espoirs d’une reprise. Elle annonçait sa décision d’arrêter « intégralement et définitivement » l’ensemble de ses championnats départementaux, régionaux et nationaux pour la saison en cours. Une annonce synonyme de saison quasi blanche pour des centaines de milliers de basketteurs, déjà privés de jeu depuis de longs mois.

Basé en région parisienne, Rami Tawfik, 25 ans, se souvient encore de la reprise des entraînements, en septembre dernier. « On revivait. On a fait quelques matches amicaux. Depuis, rien du tout. Ça s’est arrêté brutalement. J’étais fâché, énervé, le « seum ». » Le basket pour lui, c’est deux à trois jours de pratique par semaine, sans compter le match le week-end. Une routine de près de 15 ans pour ce joueur en départemental.

« C’est très déprimant » pour lui de rentrer le soir sans pouvoir passer par le gymnase pour souffler après le travail. D’autant que Rami est infirmier, le Covid est son quotidien. « Je travaille en réa’ Covid mais aussi en psychiatrie. Je vois des gens qui pètent des plombs par rapport à tout ça. »

Lui ne demande qu’une chose : pouvoir rejouer, retrouver « l’adrénaline » d’un match ou ne serait-ce qu’entendre son coach lui « gueuler » dessus. Il est persuadé que le jour de la reprise, « on aura tous faim de basket. Ça va être le feu dans les gymnases ! ». Il faudra encore patienter un peu avant ça.

Un président de club « dégoûté »

Cette frustration et ce manque ressortent sans surprise des impressions livrées par tous ceux que Basket USA a pu contacter, après notre appel à témoignages. Chacun subit la situation avec plus ou moins de philosophie. « En un mot, je suis dégoûté », livre Maxime Recton, joueur et président de l’US Changé (Mayenne). « On a récemment repris les entraînements en extérieur, ça fait plaisir de voir les gamins et c’est clairement un soulagement pour les parents. Mais c’est compliqué de ne pas offrir la prestation attendue et de mettre notre passion de côté. »

Depuis Saint-Lô (Manche), Clément Coulont, entraîneur du club local, ne cache pas être « un peu démotivé ». L’intéressé est salarié depuis un an et demi, le début de l’épidémie en gros. Le camp de cet été, que le club pensait organiser, ne devrait pas avoir lieu en raison du flou pour les semaines à venir.

Comme d’autres, il a le sentiment que les clubs sont oubliés par les instances durant cette crise. « On nous jette à la poubelle, c’est l’incohérence et l’incompréhension qui prime depuis plus d’un an », s’agace-t-il, avant d’ajouter : « On a un sentiment d’injustice ici car on n’a pas eu un seul cas de Covid parmi nos 150 licenciés ou dans l’entourage proche. »

« Le protocole, on l’emmerde et on fait du jeu ! »

Son club, qui a dû lancer une cagnotte en ligne pour compenser des rentrées d’argent attendues et maintenir les deux salariés en poste, a respecté toutes les règles sanitaires imposées. Contrairement à d’autres structures normandes qui, selon lui, ont dit : « ‘Le protocole, on l’emmerde et on fait du jeu !’ Un ras-le-bol s’est installé. »

Son ressenti tranche avec celui de Tom Michaux, 27 ans, président fondateur du jeune club de La Grande-Motte (Hérault). « On lâche pas, on fait notre maximum pour nos licenciés », affiche le dirigeant, ancien joueur de N2, qui a voulu multiplier la mise en place d’activités malgré l’arrêt des compétitions : entraînements en extérieur par groupe de six, cours en ligne de préparation et renforcement musculaire…

Début juin, il organise même un tournoi 3×3 où 25 équipes de toute la France sont attendues. Cette dynamique est appréciée par ses 80 licenciés : « Personne n’a demandé de remboursement car on nous dit : ‘Vous vous donnez à fond’. »

Steven Trouillet, entraîneur salarié au Club Sud Mayenne Basket, l’un des rares clubs français à avoir gonflé ses effectifs (280 licenciés) cette année, s’active lui aussi à maintenir au maximum le lien. Au-delà des boucles WhatsApp, dont raffolent les joueurs d’une même équipe, il a lancé une émission dans laquelle il reçoit des figures du basket français. C’est « l’importance de continuer à parler de notre sport et de repousser les limites dans cette crise difficile », témoigne ce jeune de 23 ans, très investi dans le développement du 3×3.

Privés de terrain à cause des voisins !

Vouloir mettre en place des activités en extérieur induit d’avoir accès à une structure. Or, bénéficier d’un « créneau » dans un « city stade » ou le terrain d’un établissement scolaire n’est pas toujours chose aisée. Voire carrément galère. Yanis Biot, 27 ans, peut en témoigner. Ce joueur de D1, basé dans une commune de la périphérie grenobloise (Isère), avait commencé à taper la balle avec les autres sur un terrain extérieur. Sauf que « les voisins se sont plaints du bruit du ballon. La mairie a appelé le président pour dire qu’on ne pouvait plus y aller ! »

Ubuesque. Depuis, « on se démerde chacun de notre côté », en essayant de se garder une session de tirs ici ou là, sur un autre terrain. « J’ai beaucoup joué sur mon panneau au-dessus du garage », rebondit Nicolas Lepere, près de Vichy (Allier), en plein basket justement lorsqu’on le contacte. « Pour le moral et se vider un peu. C’est obligatoire pour moi, j’ai 44 ans. »

Joueur, arbitre et également coach de son club, il a par exemple mis en place des concours de shoots les samedis après-midi. Une quinzaine de licenciés répondent présents à chaque fois. « Mais tu sens de la lassitude, ça fait le tri entre les passionnés et ceux qui le sont moins », juge Nicolas Lepere, persuadé que le 3×3 va voir ses effectifs grossir avec cette crise.

100 000 licenciés en moins…

Beaucoup s’inquiètent de perdre des licenciés qu’ils ne retrouveront pas. Après avoir atteint des niveaux record à plus de 700 000 inscrits pour la saison 2018/19, la FFBB a perdu près de 100 000 licenciés cette année (421 000) par rapport à la saison dernière (520 000). Pas certain que son plan « massif » d’aides de 12 millions d’euros pour les quelque 4 000 clubs français suffise à colmater les brèches…

Loïc Brenaud par exemple, salarié de l’Olympique Carros (Alpes-Maritimes), a vu son club perdre… 60% de ses licenciés d’une année sur l’autre. En plus du Covid, la tempête Alex, qui a frappé la région en octobre dernier, a dissuadé certains jeunes de reprendre. « C’est du gâchis, surtout pour les générations de jeunes qui ont pris beaucoup de retard en termes de formation. C’est un an et demi de perdu. »

Basé à Paris, Tanguy Bernard, 19 ans, a ainsi le sentiment d’avoir « stagné » après ces longs mois sans pouvoir pratiquer. Après son expérience au niveau régional, il voulait « continuer à progresser. Mais je prends du retard. Il y a une perte de motivation, de passion. C’est ça qui est frustrant. »

« Ma passion n’a pas changé, je reste un gros malade de basket ! », témoigne de son côté Jordan Martinez, 25 ans, joueur du club handi-basket de Pau (Pyrénées-Atlantiques). Malgré l’arrêt de leur championnat national 2, son équipe et lui ont pu recommencer à s’entraîner « en normal » depuis plusieurs mois. « Avoir un peu de matches d’entraînement permet de sortir de chez soi vis-à-vis du confinement et de garder un côté compét’. Pouvoir t’entraîner et juste kiffer. »

Progresser malgré tout, en centre de formation

Plus jeune que lui, Léandre Ars fait lui aussi par de sa « chance ». Le jeune homme de 16 ans évolue au centre de formation de Saint-Chamond (Loire) et a pu continuer à s’entraîner dans les structures du club, dans de bonnes conditions. « Même sans match, on a réussi à garder de l’intensité aux entraînements », décrit ce poste 1 de petite taille. « Je ne suis pas inquiet pour la suite, on a pu prendre de l’avance par rapport à ceux qui n’ont pas pu s’entraîner. C’est super important pour moi car en centre de formation, l’objectif derrière est d’atteindre la Pro A, voire plus haut. » Et pour lui, le fait que les championnats européens et la NBA soient maintenus « donne de l’espoir. On travaille pour ça. »

La ligue nord-américaine joue un rôle capital chez certains qui, à défaut de pouvoir en jouer, peuvent encore le regarder. Avec un sentiment de normalité. « Ça fait beaucoup de bien d’en voir », assure Pierre Salzmann, 29 ans, qui pratique dans la région caennaise (Calvados) en marge de son activité de speaker pour les clubs de Mondeville, Caen Basket Calvados, ainsi que l’Asvel, club avec lequel il officie encore en présentiel malgré l’absence de public.

« Heureusement qu’il y a la NBA et l’EuroLigue, on compense, même si c’est un peu mi-figue, mi-raisin », poursuit-il. « Avec du public dans les salles, ce serait encore mieux car la saison est folle. Mais s’il n’y avait pas de NBA en plus, là on péterait un câble ! On pourrait plus vivre du tout notre passion. La NBA, c’est notre patch à la nicotine à nous, accros ! » « Je me suis dit : ‘Putain, s’ils enlèvent aussi la NBA, laisse tomber c’est fini’ », complète Yanis Biot, qui ne rate quasiment pas un match des Pacers.

La NBA, une « drogue »

« C’est un peu comme la drogue, on prend une dose et on en a besoin de plus en plus », image lui aussi Clément Coulont, grand fan des Lakers. « J’ai prévenu mes joueurs que lors du premier entraînement de reprise : ‘Vous ne me verrez pas en tant qu’entraîneur, mais en tant que joueur !’ Car on a beau prendre un shoot à la télévision… »

La consommation de NBA a ainsi évolué chez certains. La majorité des interrogés raconte regarder davantage de matches, de « highlights », suivre les médias spécialisés voire se défouler sur leur manette avec 2K. Exemple chez Maxime Recton, qui a vu 25 matches des Bulls cette saison, contre seulement une dizaine d’habitude.

Nicolas Lepere raconte que les apéros confinement se sont progressivement transformés en sessions de commentaires de matches. « Mes jeunes en seniors ont tous pris un League Pass, alors on se commente les matches sur une messagerie. Avant, ils allaient au pub le samedi soir ! Heureusement qu’on a plein de contenus, ça compense les sorties, matches et entraînements. »

Et c’est toujours ça de pris, même si c’est loin de remplacer les ambiances d’un vestiaire, un jour de match le week-end. Quand il s’agit de se rendre sur le terrain pour aller batailler aux côtés des copains. Retrouver cette atmosphère, c’est pour quand ? Personne ne le sait. « On avance un peu dans l’inconnu », regrette Thibault, coach d’un petit club de Haute-Savoie. « On va essayer de faire des groupes pour septembre prochain mais on ne sait pas trop où on va. »

« J’ai juste hâte que ça reprenne », affiche Rami Tawfik. « Même en étant ‘protocolisés’. On pourrait faire la même chose qu’en NBA avec les masques. » Benjamin, coach d’un club de la région nantaise (Loire-Atlantique), acquiesce : « J’espère juste que la Fédé et le gouvernement vont trouver une solution rapide. Je m’en fous qu’on ne reprenne pas comme avant. Mais au moins qu’on puisse rejouer, parce que là, ça devient compliqué pour tout le monde. »

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