Comme la Draft à Brooklyn ou le Draft Combine à Chicago, la Summer League de Las Vegas est un rendez-vous annuel qui concentre l’attention de la ligue. Pendant plusieurs jours, les observateurs et les recruteurs ont un œil sur les parquets du Thomas & Mack Center et du Cox Pavilion.
Néanmoins, avant 2004 et sa première édition, cette ligue d’été n’existait pas et si c’est désormais un passage obligé pour les jeunes joueurs et pour les fans avant la nouvelle saison régulière, les débuts n’étaient pas parfaits.
La ville de tous les vices
L’idée d’une Summer League à Las Vegas a germé à la fin des années 1990. L’agent Warren LeGarie estime que c’est le lieu parfait, alors que la ville organisait déjà des tournois estivaux de lycéens.
« Vegas était devenu un lieu incontournable », se souvient-il pour The Athletic. « C’était une opportunité pour s’améliorer sur les parquets et, dans le même temps, en dehors des terrains, on pouvait passer une belle soirée. Les coaches se disaient qu’une ligue d’été ici, ce serait pas mal. »
Encore faut-il convaincre la NBA. Warrenn LeGarie expose ses arguments au vice-président de la ligue, Rod Thorn. Ce dernier éteint toute possibilité car selon lui, avec sa vie nocturne, Las Vegas est une ville dangereuse.
« Visiblement, ça posait plus de problèmes que ça n’offrait de solutions », raconte Warren LeGarie. « Donc, au début, c’était un non franc et massif. »
Mais l’agent n’abandonne pas. Avec son associé Albert Hall, ils gardent l’idée en tête, affutent leurs arguments et les présentent à nouveau à la ligue, en 2003. Cette fois-ci, l’interlocuteur est Adam Silver, l’actuel patron de la NBA, et ça change tout.
« On pouvait en faire un événement, et même plus encore. Vegas, c’était le lieu idéal, car les vols pouvaient venir de partout. C’était parfait aussi pour le côté récréatif, en famille, le golf, les restaurants… et pas seulement les casinos et la vie nocturne », détaille Albert Hall. « Silver avait l’air d’avoir une meilleure idée de ce que Vegas était », souligne Warren LeGarie. « Il était conscient que l’atmosphère de la ville avait changé. »
Un succès sur tous les plans
Warren LeGarie en discute avec le patron de la NBA de l’époque, David Stern, pendant le All-Star Game de Los Angeles en 2004, et un mois plus tard, la Summer League est validée. Pour la première édition, six franchises sont présentes. Depuis plusieurs années maintenant, ce sont toutes les équipes de la NBA qui y participent.
Les premières années, un total d’environ 1 700 fans venait assister aux différentes rencontres. En 2019, puisque l’édition 2020 a été annulée, ils étaient 12 199 fans par jour ! « C’est un événement local », se réjouit Warren LeGarie. « Les gens de Vegas sont fiers que ce soit chez eux. »
Il faut dire que pour les coaches, cet événement de plusieurs jours avec les jeunes joueurs ou les récents draftés a un avantage certain. Les anciennes ligues d’été ne duraient que quelques jours, entre trois et cinq. L’organisation pour les entraîneurs et les scouts était donc coûteuse, pour finalement peu de temps passé avec les joueurs.
Enfin, économiquement, cette effervescence est une aubaine pour la ville puisque la Summer League apporterait environ 50 millions de dollars à la Vegas.
Un tremplin pour une future équipe NBA ?
Forcément, avec une telle réussite, l’organisation de cette ligue d’été n’est plus aussi léger qu’au début. Là où Warren LeGarie et Albert Hall devaient travailler pendant trois mois pour mettre sur pied l’événement à ses origines, désormais, c’est un travail annuel de onze mois pour ces dix petits jours de compétition au milieu de l’été.
« Il y a un investissement émotionnel », confie Warren LeGarie. « On a vu notre bébé grandir. C’est une source de fierté. Au début, on connaissait tout le monde dans la salle, et maintenant, elle est pleine du premier au dernier jour. »
Ce succès pourrait-il servir de tremplin si la ligue décidait d’une expansion avec une 31e franchise ou un déménagement ? L’idée n’est toujours pas validée, mais elle est constamment présente dans l’actualité. Elle plane et revient chaque année ou presque, comme récemment avec les derniers propos d’Adam Silver.
« Cela nous stimule », explique Albert Hall. « D’une certaine façon, on a construit cet événement comme si c’était une équipe en plus. On a un peu préparé le terrain. On a montré que Vegas était plus qu’une ville de jeux d’argent. C’est une petite ville mais elle a bien grandi. Si on a pu jouer un rôle important au début, si on a pu aider, c’est génial. »
Article initialement publié le 5 août 2021