C’est l’une des échanges majeurs de l’histoire de la NBA. Pour certains, c’est le vrai début des « Superteams », avant les « Three Amigos » de Miami. Ce fut en tout cas un évènement qui redistribua les cartes dans la ligue.
Arrivé chez les Wolves en 1995 dès sa sortie du lycée, Kevin Garnett y brille depuis, accumulant les exploits statistiques… et les éliminations au premier tour des playoffs.
Les arrivées de Sam Cassell et Latrell Sprewell permettent à l’équipe d’atteindre la finale de conférence en 2004 mais l’embellie sera de courte durée, les exigences salariales des deux hommes se buttant au portefeuille du propriétaire, Glen Taylor, dès 2005. À l’été 2007, les Wolves viennent donc de rater les playoffs pour la troisième fois de suite, et le patron du club explique au « Big Ticket » qu’il faut tout reconstruire…
Kevin Garnett dans le flou
« J’ai dit à Kevin : ‘Ça va nous prendre du temps’. Et je pense qu’il a dit : ‘Je veux gagner’. Je lui ai répondu : ‘Je ne suis pas sûr de pouvoir vous offrir ça aussi vite que vous le souhaitez’. Il était dans le doute. »
Howard Beck a ainsi retracé l’histoire de l’échange (entre autres) dans un passionnant article consacré à Kevin Garnett il y a quelques années. Ce dernier a ainsi toujours assuré n’avoir jamais demandé à quitter les Wolves, mais Glen Taylor explique que c’est moins clair que ça.
« Maintenant, il dit : ‘Glen, tu m’as échangé. Je ne voulais pas être échangé’. Mais je ne suis pas sûr que ce soit si clair. Il m’a envoyé des messages où il me disait vouloir être dans une équipe qui jouait le titre. »
La seule certitude, c’est que Minnesota décide de tourner la page, et que les équipes intéressées frappent à la porte.
Les Cavaliers se positionnent afin d’entourer LeBron James mais la lutte oppose réellement les ennemis historiques, Lakers et les Celtics. Los Angeles cherche une superstar pour reformer un redoutable duo extérieur/intérieur avec Kobe Bryant, tandis que Boston cherche à se relancer en entourant Paul Pierce.
« Comme Kevin (McHale, le GM des Wolves) et moi sommes très proches, on a souvent eu des conversations sur KG au long des années détaille Danny Ainge, le GM des Celtics. « On pensait que Paul (Pierce) et lui formeraient un duo incroyable. On trouvait qu’ils se complétaient très bien. Donc on avait discuté de la possibilité d’envoyer Paul à Minnesota, ou que KG vienne à Boston. Ce qui aurait le mieux fonctionné. »
Chez les Lakers, c’est Phil Jackson qui pousse pour récupérer le « Big Ticket » et l’associer à Kobe Bryant.
Los Angeles offre Lamar Odom et Andrew Bynum
Los Angeles propose Lamar Odom et le jeune Andrew Bynum aux Wolves. Le tempérament désinvolte du premier effraie un peu Glen Taylor, qui aime par contre beaucoup le second. Mais Kevin McHale n’a pas l’air convaincu.
« Dr. Buss est venu me voir et m’a dit : ‘J’ai un accord oral avec Taylor, Kevin Garnett va venir à Los Angeles mais McHale n’a pas encore approuvé’. Je lui ai dit que c’était une bonne excuse. En tant que propriétaire, on peut toujours dire : ‘Je vais faire ceci mais…’ Mais j’avais bon espoir qu’il rejoigne les Lakers » continue Phil Jackson.
Le problème, c’est que Kevin McHale adore Al Jefferson, un jeune pivot extrêmement doué au poste bas, comme lui.
Boston rajoute quelques autres joueurs (Ryan Gomes, Gerald Green, Theo Ratliff, Sebastian Telfair), deux choix de Draft au premier tour, et l’affaire est conclue entre le GM des Wolves et son ami à Boston.
« Evidemment, c’est toujours plus simple de passer un accord avec quelqu’un qu’on connait » regrette Phil Jackson. « Le principal, c’était qu’ils voulaient l’éloigner de la conférence (Ouest), l’envoyer à l’Est, le plus loin possible, afin de ne pas avoir à l’affronter quatre fois par an. Ça a du sens, ça se comprend. »
Mais selon Glen Taylor, c’est vraiment lorsque les Celtics ont mis la main sur Ray Allen que Kevin Garnett a accepté l’échange. Même si le propriétaire reconnait que ce n’était pas aussi clair que ça.
« Nous avons discuté avec Boston, j’ai obtenu un accord, je l’ai présenté à Kevin, et il a dit : ‘Non, je ne veux pas être échangé’. Puis ils ont récupéré [Ray] Allen. Je suis retourné voir Kevin et lui ai dit, plus tard : ‘Eh bien, ils sont toujours là, ils te veulent.’ Je pense qu’il m’a dit ‘OK’. Vraiment … Je ne sais pas s’il s’en souvient comme ça ou pas. Parce qu’il a dit à différents moments : ‘J’aurais aimé pouvoir rester là-bas’. Mais je pense le lui avoir demandé. Je pense qu’il était d’accord. En y réfléchissant, je pense que Kevin n’était pas sûr de la façon dont il voulait que ça se passe, et que j’ai pris la décision pour lui, plutôt que de devoir lui demander à nouveau. »
Article initialement publié en 2022