« C’était fou et emballant… On s’était dit qu’avec nous deux dans la même équipe, nous ne pouvions pas perdre. Puis, d’un claquement de doigt, tout a disparu… »
Prononcés en avril 2016, juste avant la retraite du regretté « Black Mamba », ces mots de Chris Paul au sujet de son éventuelle cohabitation avec Kobe Bryant dans le backcourt des Lakers résument bien à quel point il regrettait (et regrettera sans doute éternellement…) de ne pas avoir pu partager le même maillot que son aîné, en dehors de Team USA.
En plein mois de décembre 2011, tout semblait pourtant réuni pour que le duo Paul/Bryant se forme du côté de Los Angeles. Sur le départ des Hornets (de la Nouvelle-Orléans), « CP3 » figure logiquement dans le viseur d’un paquet d’équipes, compte tenu de son statut de meneur All-Star, âgé de seulement 26 ans.
Toutes ne peuvent bien évidemment pas se l’offrir, car il faut lâcher du lourd en contrepartie, mais les « Purple & Gold » tiennent plus que la corde. Alors que leurs dirigeants rêveraient de constituer un « Big Three » XXL, en ramenant en prime Dwight Howard en Californie, afin de répondre à celui du Heat et de remonter sur le trône…
Objectif attractivité…
Finalement, les Lakers réussissent à trouver un accord avec les Hornets et les Rockets, pour récupérer Chris Paul en envoyant Pau Gasol à Houston, tandis que New Orleans doit obtenir Lamar Odom, Kevin Martin, Luis Scola et Goran Dragic dans cette histoire. Un échange d’ampleur, qui a tout pour changer le visage de cette ligue dominée par les Mavericks !
Oui, mais voilà : David Stern, le commissionner de l’époque, a son mot à dire sur cette transaction, car la franchise de la Nouvelle-Orléans appartient depuis décembre 2010 à la NBA, en raison de l’incapacité de George Shinn (ex-propriétaire) à en assurer la stabilité financière.
Au sortir d’un éprouvant lockout, et vraisemblablement mis sous pression par quelques autres dirigeants (dont Dan Gilbert des Cavaliers, même s’il le niera logiquement dans un communiqué…), le grand patron de la ligue décide ainsi de faire jouer son droit de véto !
Officiellement, « dans le meilleur intérêt des Hornets » car « l’équipe était meilleure avec Chris [Paul] sous [ce] maillot ». Officieusement, pour « que les Hornets soient attrayants pour un [repreneur] potentiel », confiera Stu Jackson en 2021, ancien bras droit de David Stern. « Avec notre rôle de propriétaires intérimaires, l’objectif était d’attirer un acheteur pour la franchise, puis de la revendre à quelqu’un ».
Chris Paul passe des Lakers… aux Clippers
Dans le camp des Lakers, la pilule a évidemment du mal à passer, certains allant carrément jusqu’à parler de « punition », même si la NBA les autorisera à continuer les négociations avec les Hornets (et les Rockets), de façon à ne pas trop affaiblir New Orleans pour que le transfert ne soit pas de nouveau bloqué par le commissionner.
Finalement, il n’en sera rien : Chris Paul ne rejoindra jamais Kobe Bryant et consorts sous la tunique pourpre et or. En revanche, il débarquera bel et bien à Los Angeles, mais du côté des… Clippers. Car le 14 décembre 2011, soit six jours après avoir retoqué l’offre des « Purple & Gold », David Stern accepte celle du voisin angeleno : Eric Gordon, Chris Kaman, Al-Farouq Aminu, un futur premier tour de Draft…
Comme aiment à le répéter certains, le reste appartient à l’histoire et le mot de la fin est pour un dénommé Kobe Bryant, en avril 2016 encore une fois.
« Je savais quel compétiteur était [Chris Paul] et je savais que cela collerait parfaitement entre nous. On commençait à discuter de ce que nous allions faire et des schémas à utiliser pour que cela fonctionne. Mais rien de tout cela n’est jamais arrivé… »
Quant à Chris Paul, il confiera ceci en juillet 2020 : « Je dis toujours que j’ai joué pour les Lakers pendant un court instant. Genre, quelques heures… »