Un pied dans le basket, l’autre dans le vin : Channing Frye épanoui dans sa reconversion

Comme pour l’ensemble des joueurs professionnels, Channing Frye a eu à se poser la question de ce qu’il allait faire de son quotidien après l’avoir rythmé au son de la balle orange pendant 14 saisons au plus haut niveau.

Les rencontres qu’il a pu faire au cours de ces années mais aussi son parcours l’ont alors dirigé vers une passion naissante. En marge de ses activités de consultant pour NBA TV et de son podcast « Road Trippin Show », Channing Frye a donc décidé de s’investir dans le vin.

« En tant qu’être humain, c’était comme du charbon sur mon feu, pour faire avancer mon train », a-t-il confié à The Athletic. « Pouvoir parler à mes amis, pouvoir poser le téléphone, apprécier vraiment les conversations des uns et des autres… Le vin est, de toutes les boissons, celle qui se prête le mieux à la conversation. Vous et moi pouvons nous asseoir et en parler. Ça peut donner lieu à des centaines de conversations différentes, entre le goût, l’aspect, l’endroit où vous l’avez acheté, ce que cela vous rappelle… ».

Quand les amis deviennent la famille

Déjà vers la fin de sa carrière, le vin est devenu un sujet récurrent dans le vestiaire, particulièrement à Cleveland, où cette nouvelle passion l’a par exemple aidé à surmonter les décès de ses parents à un mois d’intervalle au début de la saison 2016/17.

« Cette année-là, les gars savaient que j’étais blessé… brisé. Et de nouveau, nous en sommes revenus aux choses qui me rendaient heureux. Je faisais de bons dîners, je riais, je plaisantais, je buvais un verre de vin, et ils sont devenus encore plus ma famille choisie », a-t-il ajouté. « Mes amis sont devenus ma famille ».

En 2020, il s’est associé Kevin Love et deux autres personnes pour fonder « Chosen Family Wines », avec un nom en clin d’œil à cette « famille » qui l’a accompagnée pour passer ce moment difficile.

L’idée était de commencer à produire et commercialiser son propre vin, mais en collaboration avec des propriétaires de vignobles basés en Oregon et en Californie.

Pour l’instant, l’idée n’est pas encore de posséder des vignobles, le but étant de poursuivre cet échange quotidien et cet apprentissage auprès de vrais professionnels, passionnés, qui sont eux aussi devenus des proches.

« C’était de me permettre, à Kevin et moi, d’utiliser notre aura non seulement pour raconter notre histoire, mais aussi pour raconter la leur », a-t-il poursuivi. « Parce que, premièrement, nous vous aimons en tant qu’être humain. Vous faites des vins délicieux, et c’est une région magnifique que nous voulons mettre en valeur. Les gens nous ont pris pour des fous parce qu’ils se disaient qu’on faisait la promotion d’un autre produit. Mais je leur réponds : ‘Oui, mais n’est-ce pas là l’essence même du vin ? Ce n’est pas une compétition. Personne ne boit le même vin tous les soirs’ ».

La pandémie lui a permis de s’investir pleinement pour poser les bases de ce nouveau projet. La première année, « Chosen Family Wines » a vendu 850 caisses de vin. Cette année, l’entreprise a plutôt bien évolué puisqu’elle pourrait en vendre plus de 5 500 !

Partage et transmission

Pour ce qui est du parcours, il se trouve que ses deux années passées à Portland (2007-2009) ainsi que sa fin de saison 2017/18 à Los Angeles ont développé son goût pour le vin. Lui qui a grandi dans les plaines désertiques de l’Arizona a alors découvert les joies du processus de vinification et s’est pris de passion pour cet univers.

Son objectif est aussi de démocratiser cet univers aux Etats-Unis et de construire les passerelles, auprès de sa famille. En un mot, contribuer à rendre le vin plus populaire auprès de tous sur le territoire américain.

« Les personnes noires ne sont pas nécessairement éduquées ou n’ont pas grandi avec du vin à la maison. Ce n’est pas quelque chose de commun. C’est parfois un produit de luxe. Et puis les gens de l’industrie du vin vivent dans la périphérie de l’Oregon et ne savent pas comment communiquer pour faire entrer les personnes noires dans l’industrie. Il y a donc un décalage », a-t-il souligné. « Le pont est en train d’être construit, une brique à la fois ».