La scène faisait mal au cœur (et à l’estomac pour ceux qui supportent mal ce genre d’images, que nous nous abstiendrons de montrer), le 24 février 2022 : après avoir involontairement percuté Posh Alexander, le meneur de St. John’s, en tentant d’intercepter une passe, Ryan Nembhard, déséquilibré par le contact, tombait par terre.
A priori pas particulièrement violente, la chute changeait pourtant abruptement la saison « freshman » du meneur canadien de Creighton : son poignet droit était désaxé car il venait de se le fracturer.
Une blessure pénible sans être dramatique, mais qui sonnait évidemment une fin brutale pour sa première saison universitaire (11.3 points, 3.1 rebonds et 4.4 passes), et donc son absence de la « March Madness », au cours de laquelle son équipe atteindra le second tour avant de s’incliner contre Kansas, le futur champion.
Un peu plus d’un an plus tard, après une saison « sophomore » faite de progrès en tous points en comparaison à son exercice précédent (12.4 points, 4 rebonds et 4.8 passes), le petit frère d’Andrew, le rookie des Pacers, est cette fois bien présent pour la « March Madness », au sein d’une escouade de Creighton (#6) qui fait mieux que l’an passé puisqu’elle est qualifiée pour le troisième tour (contre Princeton #15, à 02h00 dans la nuit de vendredi à samedi).
« C’est un sentiment génial » assurait-il d’ailleurs à ce propos, lui qui joue donc son premier tournoi NCAA après son absence à celui de l’an passé. « Je regardais depuis la touche l’année dernière, et c’était dur. Donc forcément, je suis surexcité d’y prendre part cette année, avec tous ces gars. On voulait faire mieux que l’an dernier, on a réussi et on en est très satisfaits. Personnellement, j’ai cravaché pour revenir, pour vivre des moments comme ceux-là après les avoir manqués l’an dernier. »
Petit bonhomme mais grand leader
Gabarit modeste, avec son « petit » 1m88 pour 78 kilos, Ryan Nembhard est pourtant bien le patron de cette escouade des Bluejays qui peut clairement rêver du « Final Four », dans une région East plus ouverte que jamais après les sorties prématurées de Purdue (#1), Marquette (#2), Duke (#5) ou encore Kentucky (#6).
« C’est toujours un luxe d’avoir dans son équipe un gars comme lui, qui n’est pas seulement un meneur de jeu, mais aussi un leader sur lequel on peut se reposer » assurait d’ailleurs l’ailier Arthur Kaluma. « Même s’il fait une tête de moins que nous ! »
Meneur de jeu pur souche comme son grand frère durant ses quatre années à Florida puis Gonzaga, avant tout gestionnaire mais capable de prendre le jeu à son compte, à l’image de son carton contre Baylor (#3) au second tour avec une sortie à 30 points à 8/13 aux tirs et 10/10 aux lancers-francs, le natif d’Aurora dans l’Ontario est donc cette figure rassurante qui apporte une présence stabilisatrice sur le parquet pour sa troupe.
« Un meneur comme ‘R2’, c’est l’assurance d’une attaque qui va tourner. Il est le coeur de notre attaque, et en tant qu’équipe on opère en fonction de son rythme » ajoutait l’arrière Trey Alexander, son compère dans le « backcourt ». « Dès qu’on le regarde, on le voit prendre de vitesse un adversaire, trouver un joueur ouvert, donner une instruction en attaque. Il fait tout pour gagner. »
Un sentiment évidemment aussi partagé aussi par Greg McDermott, le coach de Creighton.
« [La première fois que je l’ai vu], je me suis dit : ‘Mais qui est ce petit gars venu du Canada ?’. J’étais sous son charme d’emblée » s’amusait à se rappeler le père de Doug. « Son attitude ne flanche jamais. Le genre d’attitude que l’on veut de la part de son meneur de jeu, car cela déteint sur le reste de l’équipe. Il n’est jamais hors de contrôle, jamais trop haut quand tout va bien, jamais trop bas quand tout va mal. »
Et le technicien de finalement résumer très simplement l’importance dans le dispositif des Bluejays du cadet de la fratrie Nembhard, qui pourrait dès l’an prochain rejoindre son frère chez les professionnels.
« Nos gars sont suffisamment altruistes pour comprendre que si nous sommes dans une situation compliquée, il faut trouver un moyen de lui donner le cuir, puis il faut dégager de son chemin » concluait ainsi Greg McDermott.