Il aura fallu attendre une semaine après le sweep des Nuggets en finale de la conférence Ouest face aux Lakers pour connaître les adversaires de Nikola Jokic et consorts lors des NBA Finals 2023. Au terme d’une série complètement folle face à Boston, c’est Miami qui a validé son billet et le Heat effectue son retour en finale pour la première fois depuis celle perdue en 2020, dans la « bulle » de Disneyland contre les Lakers.
Les deux équipes ont connu un parcours inverse pour en arriver là. Meilleure équipe à l’Ouest pendant toute la saison, les Nuggets n’ont fait qu’une bouchée de Minnesota, puis se sont fait un peu peur face au duo Devin Booker – Kevin Durant avant de finir le boulot en six matchs. Ils ont terminé leur marche vers les Finals avec un sweep convaincant des Lakers. Ils n’ont perdu que trois matchs depuis le début des playoffs et espèrent remporter le premier titre de l’histoire de leur franchise.
Le parcours unique du Heat
Après la défaite du Heat à domicile contre Atlanta lors du premier match du play-in et alors qu’ils étaient menés à quelques minutes de la fin d’un match couperet contre les Bulls, peu de gens les pensaient capables de faire quoi que ce soit dans ces playoffs. Mais série après série, ils ont fait taire tous leurs détracteurs. Jimmy Butler les a portés vers une victoire improbable face aux Bucks, favoris pour le titre. Ils ont remis ça face aux Knicks, avant de trembler dans les montagnes russes que furent cette finale de conférence face aux Celtics. Passant de 3-0 à 3-3, avant de gifler Boston sur son parquet lors du Game 7 pour devenir le deuxième huitième de l’histoire (Knicks 1999) à atteindre les NBA Finals.
Première équipe à atteindre les Finals en sortant du « play-in », le Heat est à la recherche de son quatrième titre et comme lors des trois séries précédentes, ils sont dans la peau des outsiders face à des Nuggets sûrs de leur basket, avec l’avantage du terrain en prime. Erik Spoelstra et Miami peuvent-ils créer une quatrième surprise de suite ? Nikola Jokic et Jamal Murray peuvent-ils poser la cerise ultime sur le gâteau des Nuggets? État des lieux des forces en présence dans ce choc des extrêmes, et pas uniquement sur le plan géographique et du climat !
PRÉSENTATION DES NUGGETS
Les titulaires : J. Murray, K. Caldwell-Pope, M. Porter Jr, A. Gordon, N. Jokic
Les remplaçants : R. Jackson, I. Smith, B. Brown, C. Braun, P. Watson, Je. Green, V. Cancar, Z. Nnaji, T. Bryant, D. Jordan
Absents : C. Gillepsie
Le coach : M. Malone
POINTS FORTS
– L’axe Nikola Jokic / Jamal Murray. L’un est un double MVP qui tourne en triple-double de moyenne sur ces playoffs (29.9 points, 13.3 rebonds, 10.3 passes) et l’autre est à près de 28 points de moyenne à 48% de réussite, dont 40% à 3-points, et 6 passes décisives par match. Les Wolves, les Suns, et les Lakers se sont cassé les dents sur le duo Jokic – Murray. Les deux joueurs ont contrôlé ces trois séries, brillant ensemble et chacun leur tour mais toujours au sein du collectif de leur équipe. Si Miami ne parvient pas à les ralentir et à les sortir de leurs zones de confort, les Nuggets soulèveront le trophée Larry O’Brien dans quelques jours.
– La régularité. À l’inverse de Boston, dernier adversaire de Miami, les Nuggets sont un modèle de constance et de régularité. Ils connaissent leur identité de jeu sur le bout des doigts, chaque joueur connaît son rôle et brille dans ce dernier, et c’est toute l’équipe, du coaching staff aux joueurs, qui est obnubilée par le titre. À l’exception d’un passage délicat en mars, Denver a été une machine depuis le début de la saison. Pendant les playoffs, leur gestion des temps faibles a été remarquable, en particulier face aux Lakers. Il est rare de voir Denver passer à côté d’un match. Le défi pour Miami sera de les faire sortir de leur cadre.
POINTS FAIBLES
– Une défense qui devra s’adapter. Souvent pointée du doigt, la défense de Denver a été solide pendant tous les playoffs. Les Nuggets, qui possèdent de loin la meilleure attaque des playoffs, ont permis à leur défense d’être en place. Les Wolves et les Lakers ne leur ont pas posé beaucoup de problèmes. Les Suns, grâce au talent individuel de Booker et Durant, les ont mis en danger pendant deux ou trois matchs. Miami, la huitième meilleure attaque des playoffs, présente cependant un défi différent. Ils peuvent jouer en isolation et en pick & roll avec Jimmy Butler et Bam Adebayo, mais ils jouent aussi avec beaucoup de mouvement. Jokic, en particulier, est mis en difficulté quand il doit gérer plusieurs mouvements adverses. Les Warriors avaient insisté sur cet aspect la saison dernière lors du premier tour, et la défense de Denver (avec un effectif différent, certes), avait eu du mal. Denver n’a pas eu à défendre ce genre d’attaque depuis plusieurs semaines. Il sera donc intéressant de voir comment ils peuvent s’ajuster et si Miami peut en tirer profit.
PRÉSENTATION DU HEAT
Les titulaires : G. Vincent, M. Strus, J. Butler, K. Love, B. Adebayo.
Les remplaçants : K. Lowry, C. Martin, C. Zeller, D. Robinson.
Les absents : T. Herro (retour potential pour le Game 3), V. Oladipo.
Le coach : E. Spoelstra.
POINTS FORTS
– Simplicité, rigueur, et dureté. À l’instar de Denver, Miami est conscient de ses forces et de ses faiblesses. Leur effectif est rempli de joueurs qui ont dû cravacher pour en arriver là et le style de l’équipe s’en ressent. Dans ses playoffs, le Heat a souvent été la plus rigoureuse et la plus dure. Leurs adversaires ont souvent été plus talentueux mais rarement mieux préparés ou plus agressifs. On peut appeler ça la « Heat Culture » ou simplement du professionnalisme à tous les étages de la franchise. Et puis, il y a la simplicité avec Caleb Martin comme symbole. Contre Boston, il a pris ses tirs quand il était ouvert, il a attaqué les « close out », et a lâché la balle quand rien ne lui était disponible. Le tout en prenant ses décisions rapidement. C’est une des clés de l’identité de Miami. Jouer simple mais avec une intensité décuplée, en limitant les erreurs.
– La détermination de Jimmy Butler. La dernière fois que le Heat et Jimmy Butler ont atteint la finale en 2020, la star de Miami a tout donné pour essayer de battre les Lakers. Comme il l’a encore démontré dans ces playoffs, il est le chef de meute du Heat. Il leur montre la voie, il donne le ton et prouve qu’il fait partie des meilleurs joueurs de la ligue quand la pression atteint son paroxysme. Il n’a pas besoin d’autre chose que de gagner le titre pour se motiver mais les murmures de sa maladresse lorsqu’il est défendu par Aaron Gordon vont sûrement réveiller son instinct de « killer ». Il y a une différence entre le Jimmy Butler de la saison régulière et « Playoffs Jimmy ». Aaron Gordon et les Nuggets vont vite s’en rendre compte.
– Erik Spoelstra. Malgré une rotation amputée d’un titulaire (Tyler Herro) et de son sixième homme (Victor Oladipo), l’entraîneur de Miami a été tout aussi dominateur dans ces playoffs que Jimmy Butler. Face aux Celtics, il a rapidement pris les décisions nécessaires (sortir Love et Zeller de la rotation ; titulariser Martin) pour enrayer le retour de Boston. Il a joué avec la géométrie de ses joueurs sur le terrain pour créer les espaces nécessaires pour Butler et Adebayo, et a su embourber les Celtics dans une défense de zone. Face aux Nuggets, il devra sans doute être encore plus créatif pour mettre Denver en porte à faux.
POINTS FAIBLES
– Une énergie sur la réserve ? Après sept matchs disputés et rugueux face à Boston pour atteindre les Finals, Miami avait l’air sur les rotules. Jimmy Butler, en particulier, après avoir commencé fort, a eu du mal à enchaîner lors des quatre derniers matchs. Il a trouvé les ressources pour rebondir et aider le Heat à valider son billet pour les Finals mais on peut se demander comment Miami va pouvoir enchaîner avec seulement deux jours de repos face à un adversaire aux jambes fraîches.
– La rotation intérieure. Bam Adebayo aura fort à faire face à Nikola Jokic pendant toute la série. Il devra non seulement essayer de faire travailler le double MVP mais il devra le faire en évitant les fautes. Car derrière Bam Adebayo, c’est très léger pour Miami. Kevin Love a joué en poste 5 par moment mais il était trop limité défensivement pour tenir sa place lors des Games 6 et 7 face à Boston. Cody Zeller a eu quelques bonnes minutes face aux Celtics avant lui aussi de rejoindre le banc, incapable de défendre les pick & roll de Boston. Miami n’a pas encore eu à défendre un pivot dominant dans ces playoffs, et leur premier test n’est autre que le MVP des playoffs à l’Ouest. Bonne chance !
LES CLÉS DE LA SÉRIE
– L’avantage du terrain, l’altitude, et la fraîcheur des Nuggets. Denver est invaincu à domicile depuis le début des playoffs (8-0) et n’avait perdu que sept matchs à la Ball Arena pendant la saison régulière (2e meilleur bilan à domicile de la NBA). L’altitude de Denver ajoute un autre élément à cet avantage du terrain. Miami a non seulement dû prendre un vol de cinq heures pour arriver dans le Colorado après sept matchs intenses, mais ils ont atterri dans un environnement hostile avant même de mettre un pied sur le parquet des Nuggets. Enfin, les hommes de Mike Malone ont pu recharger leurs batteries en attendant le Heat. Il y a certainement un déficit de rythme en début de Game 1 mais les Nuggets partent avec un avantage non négligeable avant d’entamer ces Finals.
– La taille de Denver. De Jamal Murray à Nikola Jokic, les Nuggets sont plus grands que le Heat à toutes les positions. Miami a par moment eu du mal face à l’envergure des Celtics, ils vont faire face à une équipe encore plus imposante. Michael Porter Jr et Aaron Gordon en particulier sont deux ailiers imposants, rapides et athlétiques. Les coéquipiers de Jimmy Butler sont prévenus et devront attaquer cette taille, des deux côtés du terrain, collectivement pour contrôler le rebond.
– La bataille des seconds couteaux. Derrière les deux duos de stars du Heat et des Nuggets, les joueurs complémentaires ont systématiquement répondu présent pendant ces playoffs. Caleb Martin, Duncan Robinson, Gabe Vincent ont été essentiels pour Miami et en feu depuis plusieurs semaines. Michael Porter Jr, Aaron Gordon, Kentavious Caldwell-Pope, Bruce Brown ont fait de même pour faire payer les défenses forcément concentrées sur Jokic et Murray. Lequel de ces deux groupes redescendra sur terre pendant les Finals ? L’équipe qui gagnera la bataille des seconds couteaux prendra un avantage conséquent.
– Le tempo de la série. À l’image de la finale de la conférence Est, Miami essaiera de ralentir le tempo de la rencontre pour ne pas donner du rythme aux Nuggets. Denver veut pousser la balle car leur attaque se régale en transition. Limiter ces opportunités sera important pour Miami, tout comme ralentir Denver sur demi-terrain comme ils ont réussi à le faire avec les Celtics, en aidant tôt sur les drives et en étant actifs.
– Cibler Jamal Murray. Comme on l’a vu depuis un mois et demi, ralentir Nikola Jokic est un casse-tête insoluble. Jamal Murray est lui aussi bouillant depuis le début des playoffs mais il est théoriquement une cible plus « facile » pour la défense de Miami. Gabe Vincent commencera sûrement sur le meneur mais gardons un œil sur Jimmy Butler et Caleb Martin pour venir prendre le relais. Erik Spoelstra alternera sûrement ses schémas défensifs sur le meneur des Nuggets pour le garder sous pression. Si Jokic rend la défense de zone quasi injouable par sa qualité de passes et sa taille poste bas, le Heat pourrait sortir leur zone quand le géant serbe souffle sur le banc pour ralentir Jamal Murray. Miami a réussi à tenir Jaylen Brown lors de la finale de la conférence Est, peuvent-ils faire la même chose avec Jamal Murray ?
– Le facteur X : Bam Adebayo. Le pivot du Heat n’a jamais vraiment gêné Nikola Jokic, et c’est une des raisons pour laquelle les Nuggets ont gagné 10 de leurs 11 derniers matchs face au Heat. Jokic est beaucoup trop imposant et peut shooter au-dessus d’Adebayo. Miami ne peut toutefois pas espérer faire un grand « boom » dans cette série sans un grand Bam. Adebayo est plus rapide que Jokic et peut switcher sur les écrans face aux arrières des Nuggets. Il aura aussi un rôle important à jouer en attaque face au « drop », la couverture préférée de Jokic sur pick & roll, de Jokic. Il aura l’espace pour créer pour ses partenaires et pour prendre des floaters à trois mètres. Bam Adebayo devra punir les Nuggets sur ce genre d’action. S’il répond présent, limite ses fautes et force Denver à s’ajuster, Miami aura une chance de gagner. Si ce n’est pas le cas, les Finals seront vite terminées.
SAISON RÉGULIÈRE
Denver, 2-0
– 29 décembre : Denver – Miami (124-119)
– 28 février : Miami – Denver (108-112)
VERDICT
Les Nuggets partent favoris des ces NBA Finals et c’est compréhensible. Ils ont l’avantage du terrain et sont invaincus à Denver dans ces playoffs. C’est l’équipe la plus dominatrice et régulière des playoffs.
Ils tiennent dans leurs rangs le meilleur joueur de la ligue qui est capable de tout faire pour mener son équipe à la victoire. Ils possèdent une deuxième star qui joue son meilleur basket et des seconds couteaux qui brillent dans leurs rôles. Si leur défense est leur talon d’Achille, leur attaque est tellement performante qu’elle leur donne une marge de manœuvre considérable. Pour toutes ces raisons, Denver a tout pour gagner son premier titre de champion dans les prochains jours.
Le Heat ne va pour autant pas leur rendre la tâche facile. Ils sont dans un rôle d’outsider depuis le début des playoffs, et ils apprécient ça. Pour atteindre les Finals, ils ont fait tomber les deux meilleures équipes de l’Est, Milwaukee et Boston. Ils ont une confiance et une foi en eux indestructibles, et tout part de Jimmy Butler, Erik Spoelstra et Bam Adebayo. Mais les Nuggets ont simplement trop d’atouts à faire valoir alors que Miami doit être presque parfait pour remporter le quatrième titre de son histoire.
Denver 4-2
CALENDRIER
Game 1 : à Denver, jeudi 1er juin (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi).
Game 2 : à Denver, dimanche 4 juin (02h00, dans la nuit de dimanche à lundi).
Game 3 : à Miami, mercredi 7 juin (02h30, dans la nuit de mercredi à jeudi).
Game 4 : à Miami, vendredi 9 juin (02h30, dans la nuit de vendredi à samedi).
Game 5* : à Denver, lundi 12 juin (02h30, dans la nuit de lundi à mardi).
Game 6* : à Miami, jeudi 15 juin (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi).
Game 7* : à Denver, dimanche 18 juin (02h00, dans la nuit de dimanche à lundi).
* Si nécessaire.