Comment Nikola Jokic s’est transformé en monstre physique

Actuellement engagé dans une des plus belles chevauchées de l’histoire des playoffs NBA, en triple-double de moyenne, et ce, à plus de 30 points par match (!), Nikola Jokic a encore frappé fort dimanche soir.

Alors, évidemment, il n’y a pas eu la gagne au bout mais le Joker n’a pas déçu avec un match dantesque à 41 points, 11 rebonds et 4 passes en 42 minutes, pour la sixième fois de ces playoffs à 42 minutes ou plus sur les planches.

Nikola Jokic, le marathonien

Après 37 minutes de moyenne au premier tour, puis 38 au second, Nikola Jokic tourne à 40 minutes et plus depuis le stade des finales de conférence. Tout en continuant à dominer son monde !

« C’est un athlète en très bonne condition physique maintenant », explique Mike Malone sur ESPN. « Le gars peut accumuler les minutes, tout en jouant à un très haut niveau. Il a passé ce cap. Son dévouement et son sérieux lui ont permis de devenir un double MVP. » 

Pourtant, à l’instar d’un Marc Gasol qui a longtemps traîné un physique grassouillet au point d’être surnommé « Le gros Burrito », Nikola Jokic a débarqué en NBA avec une bonne poignée de kilos superflus, et des habitudes diététiques loin d’être conformes aux attentes d’un athlète de haut niveau. Sa passion adolescente pour les sodas bien sucrés a notamment été bien documentée…

Mais au fur et à mesure des saisons marathons de la NBA, avec des douleurs au genou et aux chevilles après certains matchs, et en l’occurrence après une cruelle élimination en demi-finale de conférence face à Portland en 2019, au bout de sept manches harassantes, Nikola Jokic va prendre son destin entre ses mains, conscient que son manque d’énergie dans le Game 7 de la série était lié à sa condition physique, encore imparfaite.

Souviens-toi de l’été 2019…

La révolution a lieu à l’été 2019. Car à son retour à Denver à l’automne 2019, il n’est plus le même homme.

Plus élancé, mais plus musclé aussi, avec une douzaine de kilos en moins, le Serbe ne veut plus revivre le scénario des derniers playoffs. Après une discussion avec le préparateur physique des Nuggets, Felipe Eichenberger au coeur de l’hiver, Nikola Jokic prend conscience qu’il n’a plus le choix. Il doit assumer son niveau MVP !

« Je lui ai dit qu’il pouvait être MVP de la Ligue, et il s’est énervé contre moi », se marre Felipe Eichenberger. « Il était même plutôt chaud, en disant qu’il n’était pas ce type de joueur : je passe plus que je ne score, je ne suis pas individualiste… Mais je lui ai répondu de se concentrer sur le travail à faire, pas sur ce que veut dire d’être MVP. Je savais qu’il voulait toujours faire le travail. »

Et Nikola Jokic l’a fait ! Fini les sodas, les bières et les snacks quand il joue au jeux vidéos. Il s’est tenu à sa nouvelle hygiène de vie. Seule entorse à la règle : le jus d’orange et les petits plats de Maman Jokic.

« Je lui ai dit de profiter de la cuisine de sa mère après les matchs. On ne peut quand même pas l’empêcher de manger les petits plats de sa maman ! Mais une fois qu’il s’était mis en tête [de perdre du poids], c’était comme ça et pas autrement ! »

Un appétit vorace… de titres

À côté de son nouveau régime alimentaire allégé, Nikola Jokic s’astreint à des sessions de musculation après chaque match en saison régulière… mais aussi en playoffs. Ce travail de fond paye aujourd’hui, avec un « Joker » toujours plus dominateur individuellement. Mais qui ne veut toujours pas tirer la couverture sur lui.

« Je n’ai jamais coaché Tim Duncan mais je le compare toujours à Duncan », souffle Mike Malone. « C’est simplement une superstar qui n’a pas d’ego et qui est presque gênée d’attirer autant d’attention. Il n’est jamais là à se frapper le torse : regardez moi ! Il parle toujours de nous, il pense d’abord à l’équipe. »

Devenue une véritable machine à gagner des matchs ces trois dernières saisons, et un monstre physique (comme l’a bien récemment résumé Deandre Ayton), Nikola Jokic ne sera visiblement satisfait qu’une fois qu’il aura conquis la montagne sacrée. Son trophée de MVP de l’Ouest n’a été qu’un vulgaire amuse-bouche pour ce compétiteur à l’appétit (sportif) grandissant.

« Honnêtement, je pensais que ça allait me provoquer des émotions plus fortes. Oui, on a gagné le match et j’en suis très content. Oui, on a écrit l’histoire, ceci, cela… Mais l’an prochain, personne ne se souviendra de nous. Si on gagne le titre, là, ce sera différent ! »

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.