Tombés de haut durant cette Coupe du Monde en Asie, les Bleus ne semblent pas prêts à des changements drastiques non plus. Probablement à raison. Le 10 octobre prochain, à la Fédération, les têtes pensantes de l’Equipe de France se réuniront pour tirer les nombreux enseignements de ce raté.
D’ici là, comme on l’a fait pour le Team USA, on s’interroge sur la composition de la meilleure Equipe de France possible pour laver l’affront lors de la prochaine compétition qui n’est, ni plus ni moins, que les Jeux Olympiques à domicile, Paris 2024.
Y a-t-il un meneur dans l’avion ?
Complètement détruite par l’agressivité canadienne dès le tout premier match de la compétition, l’attaque tricolore a été chancelante pendant tout le tournoi (19e avec 81 points de moyenne). Incapables de poser leur jeu, notamment à l’intérieur, les Bleus ont peiné offensivement, errant sur les planches philippines comme des âmes en peine…
En cause, la gestion du ballon, la mise en place des systèmes et ce souci récurrent de l’alternance extérieur/intérieur. Le poste de meneur de jeu en somme. Sur lequel Nando De Colo n’est pas vraiment un « naturel », plus arrière finisseur de métier et d’instinct dont la compatibilité avec Evan Fournier, notamment sur l’impact défensif, pose de plus en plus question. Un poste sur lequel planait également l’ombre de Thomas Heurtel.
Une absence qui a été mise en exergue par plusieurs joueurs cadres, dont Nicolas Batum et Evan Fournier. Mais aussi Vincent Poirier qui a donné son sentiment sur les réseaux : « Vous vouliez punir un joueur, mais vous avez puni tout un groupe ». Un message effacé depuis…
L’ombre de Thomas Heurtel
« Tout le monde doit se remettre en question : joueurs, coachs, fédération, même là-haut. Tout le monde doit se remettre en question sur ce qu’il s’est passé cet été et pourquoi ça n’a pas été bon », avait déclaré Nicolas Batum juste après l’élimination. « On se prive de certains joueurs, on perd des joueurs à cause de certaines conditions. Il faut que tout le monde soit impliqués à fond ».
Un retour de Thomas Heurtel, toujours sous contrat en Russie, à Saint-Pétersbourg est impossible en l’état, alors que la nouvelle génération de jeunes meneurs français tarde à émerger à sa suite.
En 2024, Heurtel aura 35 ans, mais les portes semblent définitivement fermées, et on aura noté son absence lors des célébrations des dix ans du titre européen à Pau. Cette absence laisse le champ libre à Frank Ntilikina (25 ans) qui s’est malheureusement blessé au pire des moments, en pleine reprise de confiance dans un rôle clé de pointe de la défense française à la mène. Pour l’épauler, Killian Hayes semble être le choix le plus logique, d’autant qu’il connaît bien le basket FIBA, et qu’il y sera peut-être plus à l’aise.
« Même avec l’équipe que nous avions, nous aurions dû mieux faire« , constatait ainsi Evan Fournier sur RTL. « En ce qui concerne Victor Wembanyama, tout le monde en parle, mais il n’a jamais fait campagne avec l’équipe de France, donc voilà. Quant à Thomas Heurtel, c’est une décision politique qui contrarie beaucoup de gens. C’est mon ami, mon coéquipier de chambre, donc bien sûr que je souhaite qu’il soit avec nous. »
Enfin du sang neuf
Victor Wembanyama, le nom est lâché ! C’est évidemment lui qui représente la nouvelle génération tricolore, vice champion du monde chez les moins de 19 ans en 2021 notamment, et il ne faut pas oublier qu’il a participé aux dernières fenêtres internationales avec les « grands ».
Plus généralement, Evan Fournier ne veut pas que le schéma de 2016 se reproduise, avec des JO manqués pour la dernière compétition de la génération Parker – Diaw – Pietrus. Après un Euro 2015 à domicile lui aussi un peu gâché par un manque de renouveau. Selon lui, il faut évoluer « sur la façon dont on doit ‘scouter’ les jeunes, qu’on peut amener de plus en plus tôt en équipe de France. Je trouve que c’est un problème qu’on a par rapport à comment on s’organise. 2016 était un très bon exemple où tu gardes tes anciens vraiment jusqu’à la fin, jusqu’à la fin, il n’y a aucun renouvellement… »
Avec Nando De Colo et Nicolas Batum qui vont tirer leur révérence sur la scène internationale avec cette ultime échéance olympique, les Bleus doivent effectivement équilibrer leur effectif avec un peu de sang neuf et de jeunesse. Ne serait-ce que pour raviver une saine concurrence, et éviter, comme à la Coupe du monde de n’avoir aucun joueur âgé de 25 ans et moins !
Si à la mène, on pense donc à Killian Hayes, mais aussi à Théo Maledon, sur les postes extérieurs, il y a beaucoup de candidats, avec des Bilal Coulibaly, Ousmane Dieng, Rayan Rupert, Sidy Cissoko, Juhann Begarin…
Embiid ou un bide ?
À l’intérieur, il y a embouteillage et paradoxalement, ça peut être le gros point fort des Bleus pour 2024. Paradoxalement car le jeu n’a jamais été vraiment axé sur cette domination, et c’est l’une des grosses déceptions de la Coupe du monde. Un Rudy Gobert peu influent. Un Moustapha Fall peu et mal utilisé. Un Mathias Lessort revenu très (trop) tard. Et finalement un Guerschon Yabusele esseulé.
La relève est pour le coup assuré sous les cercles avec Victor Wembanyama, le premier n°1 français de la Draft, qui devrait, selon toute logique, effectuer sa première grande compétition à domicile à Paris, pour des Jeux olympiques, rien de moins !
Si on parle d’effectif idéal, il est évident qu’il faut y inclure Wemby, mais il peut se passer beaucoup de choses durant une saison NBA, d’autant plus la première avec de telles attentes et une hype planétaire autour de lui.
Et puis, quid de Joel Embiid ? Le pivot camerounais naturalisé américain, et français a plusieurs choix pour l’été prochain. Et il ne semble vraiment pas décidé à se décider, encore moins à l’annoncer. Sans mentionner que le MVP 2023 a une dernière option : rester à la maison pour suivre les JO à la télé !
Une chose est sûre, s’il décide de porter le maillot bleu-blanc-rouge, son impact offensif propulserait les Bleus dans une autre dimension. Et c’est bien pour ça que les dirigeants français sont aussi patients avec lui.
Une ébauche d’effectif idéal
Meneurs : Frank Ntilikina, Killian Hayes
Arrières : Evan Fournier, Nando De Colo, Bilal Coulibaly
Ailiers : Nicolas Batum, Ousmane Dieng, Isaia Cordinier
Ailiers forts : Victor Wembanyama, Gueschon Yabusele
Pivots : Joël Embiid, Rudy Gobert
Réservoir : Théo Maledon, Sylvain Francisco, Matthew Strazel, Terry Tarpey, Elie Okobo, Fabien Causeur, Yakuba Ouattara, Yoan Makoundou, Petr Cornelie, Ismaël Kamagate, Mathias Lessort, Vincent Poirier, Moustapha Fall…
Crédit photo : Julien Bacot/FFBB