« Je pense simplement que les joueurs européens sont plus doués. On leur apprend à jouer comme il faut dès leur plus jeune âge ». Il y a plus de huit ans déjà, Kobe Bryant avait déjà noté les disparités grandissantes entre les formations américaine et européenne, cette dernière offrant davantage de « bases ».
Le nombre de joueurs étrangers augmente ainsi chaque année et la ligue a entamé sa mue. Pour preuve, aucun joueur américain n’a remporté le titre de MVP depuis 2018, tandis que les joueurs « étrangers » ont fait main basse sur le meilleur cinq de l’année avec Luka Doncic, Shai Gilgeous-Alexander, Joel Embiid et Giannis Antetokounmpo en 2023, ou les trophées de MVP des Finals avec le « Greek Freak » en 2021 et Nikola Jokic en 2023.
Trop de matches, pas assez d’entraînements
Cette semaine, c’est Doc Rivers qui monte au créneau pour réclamer que les États-Unis revoient leurs méthodes de formation, sans quoi la NBA sera de moins en moins dominée par les joueurs américains !
« Ces jeunes joueurs américains feraient bien de faire attention, parce que les joueurs européens sont de meilleurs joueurs en arrivant dans la ligue. Ils sont mieux préparés à intégrer la ligue, et ce sont déjà des compétiteurs. L’été, les lycéens jouent six matchs par semaine et ils ont un seul entraînement. Les joueurs européens eux, ont un match par semaine, mais ils ont six entraînements. Et l’autre chose, c’est qu’à cause de tous ces matchs, tu perds ton esprit de compétitivité », a-t-il déclaré dans le podcast de Bill Simmons.
Il y a quatre ans, c’est LeBron James qui avait pointé du doigt le nombre de matches imposés dans le circuit AAU. Et il ne parlait pas de six matches par semaine, mais plutôt par jour !
« Ces tournois ne vont pas dans le meilleur intérêt des enfants », avait-il expliqué. « Une fois, il a fallu jouer le quart de finale à partir de 9h, puis la demi-finale, et la finale était programmée à 12h30. Mes gamins étaient crevés. Ce n’est pas normal. Ils disent que les enfants ne sont pas fatigués, qu’ils n’ont que 12 ans, et qu’ils ne savent pas ce que c’est d’être épuisé : ce sont des conneries ! Ils sont fatigués. Et ils ne mangent pas bien. On ne mange pas correctement à 14, 15 ou 16 ans. Ils mangent du McDo en jouant cinq ou six fois par jour. »
Prendre exemple sur la formation européenne
Comme Kobe Bryant et LeBron James, Doc Rivers a eu une mauvaise expérience avec le basket AAU, notamment lorsqu’il y suivait son fils Austin. Le style de jeu prôné dans ces tournois ne forme pas suffisamment les joueurs à évoluer en équipe, à développer un jeu cohérent.
« J’allais voir Austin jouer quand il était plus jeune. Ça lui faisait du mal, parce que ça avait le don de me rendre fou. Parfois à la mi-temps, Austin n’avait pas pris le moindre tir. Et il allait s’assoir. Un jour, je me souviens avoir traversé le terrain, alors que je ne suis pas ce genre de parent, pour lui demander : ‘Tu vas quand même t’entraîner aux lancers-francs, tu vas quand même aller t’échauffer ?’. Il me répondait : ‘Mais Papa, j’ai encore cinq matchs à jouer aujourd’hui, je vais encore jouer au moins 48 minutes !’. Mais les stars qui sortent d’AAU, eux, ne sortent jamais du terrain. Tu peux être à +40, ils ne vont jamais sortir. Donc ça me rendait fou de voir ça ».
Le technicien réclame l’état d’urgence sur la formation des jeunes américains, sans quoi la différence va continuer de s’accentuer avec les jeunes joueurs issus du reste du monde. Et l’exemple à suivre est tout trouvé.
« C’est pire encore aujourd’hui, et il faut que ce soit corrigé. Parce que le talent, on l’a, mais les joueurs ne savent plus comment jouer, ils ne savent plus jouer au basket en équipe. Chacun a son coach individuel. En Europe, ils ont des coachs collectifs, ils font du trois-contre-trois, ce genre de choses, et il faut qu’on revienne à ça aussi. Sinon, je vous le dis, les joueurs américains, ils vont perdre encore des jobs », a-t-il conclu.