On ignore si J.B. Bickerstaff est un grand connaisseur de l’œuvre d’Alphonse de Lamartine, mais le coach des Cavaliers n’applique pas ses maximes. Son équipe ne s’est ainsi jamais aussi bien portée que depuis deux mois, quand le technicien de Cleveland a dû composer avec les blessures de plusieurs joueurs majeurs, Darius Garland et Evan Mobley en tête. Dans l’Ohio depuis décembre, plusieurs êtres ont manqué, mais les Cavs n’ont pas été dépeuplés : ils ont même trouvé leur nouvel ADN dans la difficulté. Et il fait des ravages.
Le 15 décembre restera sans doute comme le tournant de la saison 2023/24 des Cavaliers. En quelques heures, la franchise annonce que Darius Garland et Evan Mobley doivent passer sur le billard. Avec un bilan déjà passable de 13 victoires et 12 défaites, le pire aurait pu arriver à Cleveland. S’obliger à cravacher pour une place en playoffs après une période sans ? Au lieu de ça, les Cavs ont vu ces absences comme une opportunité de se réinventer.
Le déclic a lieu le 23 décembre, à Chicago. Les Cavs doivent faire sans quatre de leurs leaders puisque Donovan Mitchell et Caris LeVert manquent à l’appel, en plus de Darius Garland et Evan Mobley. Ce soir-là, ils signent un 12/45 à 3-points normalement rédhibitoire pour espérer s’imposer. La réussite n’est pas encore au rendez-vous mais les idées sont là. « Ce match a donné à nos gars une représentation de ce qu’ils étaient capables de faire, et maintenant on a des chiffres sur lesquels on peut s’appuyer et montrer aux joueurs, décrypte JB Bickerstaff. Maintenant, ils jouent en essayant d’atteindre ces objectifs pour nous match après match. Nous avons appris au fur et à mesure de tout ça à quel point nous pouvions être une équipe dangereuse par le tir à 3-points. »
Passer plus pour shooter plus
La victoire par contre au rendez-vous, et les joueurs adhèrent à cette nouvelle philosophie. « On devait trouver quelque chose pour gagner sans trois ou quatre de nos titulaires, on l’a trouvé, et ça continue de fonctionner » estime Jarrett Allen. Le pivot et ses coéquipiers cavalent comme ils ne l’avaient encore jamais fait depuis l’arrivée de Donovan Mitchell. Mais pas comme des Cavaliers sans tête.
C’est là où se situent le paradoxe et la force de la formation de J.B. Bickerstaff. Car Cleveland pointe dans le dernier tiers de la ligue au niveau du nombre de possessions par match (21e). Depuis ce fameux 15 décembre, ce nombre a même légèrement régressé. Mais les Cavs ont changé de logiciel sur demi-terrain : plus de rythme, de mouvement sans ballon et de passes, plus qu’aucune autre équipe en moyenne sur 100 possessions sur la période. Ce danger permanent, moins dépendant des individualités et donc des stars, offre plus d’options et de tirs de qualité.
« On a joué vite, on a tenté plus de layups et de 3-points, et c’est ce que les équipes essaient de vous empêcher de faire » décryptait Georges Niang à CBS Sports. Et la moyenne de points des Cavs a explosé, passant de 110.5 points (22e) à 118.8 points (12e). « Je ne vais pas dire que je ne suis pas un dingue de chiffres, parce que j’en suis un, mais je pense qu’il y a aussi la sensation de jouer de la bonne manière, de prendre et de mettre les bons shoots. »
Les chiffres sont sans équivoque. Sur la période depuis cette date symbolique du 15 décembre, l’attaque de Cleveland est devenue une des plus léchées et productives de toute la ligue :
– Points par match : de 110.5 (21e de NBA) à 118.8 (12e)
– Passes décisives par match : de 24.9 (22e) à 29.4 (6e)
– Tirs à 3-points tentés par match : de 33.1 (16e) à 40.6 (2e)
– Tirs à 3-points réussis par match : de 11.4 (22e) à 15.1 (3e)
Meilleur bilan de la ligue ces deux derniers mois
Et tout le monde en profite, avec huit joueurs à plus de 10 points de moyenne, neuf si on va jusqu’aux 9.5 unités de la révélation Sam Merrill, nouvel artilleur en chef des Cavaliers avec son 44.2% de loin.
« Tout le monde est heureux » assure ainsi Georges Niang. « Tout le monde touche le ballon, qui circule. Les gars ont la liberté de créer du jeu, mais ils savent aussi quand c’est le moment de jouer de la bonne façon et de prendre un bon tir. C’est juste génial. »
Le meilleur reste peut-être à venir. Darius Garland et Evan Mobley ont fait leur retour en se fondant jusque-là parfaitement dans ce nouveau moule. Même l’intérieur montre enfin des qualités au tir extérieur, à 8/13 de loin lors des six derniers matchs, lui dont le shoot semblait le faire plafonner ces derniers mois.
« On a trouvé une identité à travers tout ça » résume Donovan Mitchell, toujours aussi scoreur, mais avec encore davantage d’efficacité (29 points à 49.3% au tir la période, contre 28.4 points à 47.3% avant le 15 décembre). « Et maintenant, vous ajoutez ces deux joueurs et on reste les mêmes. Vous ne voulez jamais perdre sur blessure deux gars comme eux, mais cela nous a aidé à voir notre profondeur d’effectif et le style de jeu dans lequel nous voulions pouvoir jouer après leur retour. »
Et la recette fonctionne. Avec une défense étouffante et ce nouveau style offensif, Cleveland a remporté 23 de ses 28 derniers matchs, le meilleur pourcentage de victoires de la ligue depuis le 15 décembre, devançant même les Celtics. De quoi leur permettre de viser très haut en playoffs, après leur déconvenue de la dernière postseason ?
Tirs | Rebonds | |||||||||||||
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Joueurs | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Bp | Int | Ct | Fte | Pts |
Donovan Mitchell | 4 | 30.1 | 50.0 | 37.5 | 72.2 | 0.5 | 2.0 | 2.5 | 4.5 | 3.3 | 1.8 | 0.3 | 2.3 | 23.8 |
Darius Garland | 4 | 28.1 | 54.7 | 50.0 | 100.0 | 0.3 | 1.8 | 2.0 | 5.0 | 3.0 | 1.3 | 0.5 | 3.3 | 19.3 |
Evan Mobley | 4 | 31.7 | 51.0 | 50.0 | 88.2 | 1.5 | 7.5 | 9.0 | 2.8 | 2.0 | 1.5 | 2.5 | 2.8 | 17.8 |
Jarrett Allen | 4 | 28.4 | 80.6 | 0.0 | 79.2 | 2.0 | 7.5 | 9.5 | 1.3 | 1.0 | 1.0 | 1.8 | 1.0 | 17.3 |
Caris Levert | 4 | 21.4 | 66.7 | 62.5 | 60.0 | 0.5 | 1.5 | 2.0 | 3.3 | 0.5 | 1.3 | 0.8 | 1.0 | 10.8 |
Ty Jerome | 4 | 14.2 | 62.5 | 50.0 | 83.3 | 0.8 | 0.8 | 1.5 | 3.3 | 1.3 | 1.5 | 0.0 | 0.8 | 10.8 |
Dean Wade | 4 | 23.4 | 43.5 | 33.3 | 33.3 | 0.5 | 4.8 | 5.3 | 1.8 | 0.0 | 1.3 | 0.0 | 2.3 | 6.8 |
Sam Merrill | 4 | 18.3 | 33.3 | 31.6 | 100.0 | 0.3 | 1.0 | 1.3 | 1.5 | 0.3 | 0.8 | 0.0 | 2.5 | 6.0 |
Georges Niang | 4 | 17.4 | 38.1 | 37.5 | 0.0 | 1.0 | 3.0 | 4.0 | 0.5 | 0.5 | 0.5 | 0.0 | 1.8 | 5.5 |
Isaac Okoro | 4 | 16.3 | 30.0 | 0.0 | 57.1 | 1.0 | 1.3 | 2.3 | 1.8 | 0.5 | 0.8 | 0.8 | 1.5 | 2.5 |
Jaylon Tyson | 3 | 5.3 | 50.0 | 100.0 | 50.0 | 0.0 | 1.0 | 1.0 | 0.3 | 1.0 | 0.0 | 0.0 | 2.3 | 2.3 |
Craig Porter, Jr. | 3 | 4.4 | 40.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.7 | 0.7 | 0.7 | 0.0 | 0.0 | 0.7 | 0.0 | 1.3 |
Tristan Thompson | 2 | 6.9 | 50.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 1.0 | 1.0 | 0.0 | 0.5 | 0.0 | 0.0 | 0.5 | 1.0 |