Victor Wembanyama n’aura pas mis longtemps à dissiper les éventuels doutes sur son adaptation à la NBA. Même si les Spurs ont accumulé les défaites à un rythme impressionnant depuis mi-octobre, « Wemby » a su marquer les esprits par son talent, sa polyvalence et quelques coups d’éclat déjà mémorables.
Par séquences, il s’est ainsi affirmé comme une machine de guerre déjà intenable, dotée d’un impact immense des deux côtés du parquet. On se souvient de la première victoire décrochée par San Antonio dès le deuxième match face à Houston, lorsqu’il avait contré Jabari Smith Jr. à deux reprises dans le méga « money time ».
« Il va signer des actions incroyables au moins une fois par match, et sur ce match, il en a probablement réussi trois ou quatre », avait relevé son coéquipier Devin Vassell, qui apprenait encore à le découvrir.
Des duels de prestige
Mais son premier gros coup d’éclat a eu lieu quelques jours plus tard, lors de la double confrontation remportée face aux Suns de son idole Kevin Durant, passant déjà des actions que seul lui peut réellement réaliser. Sur le deuxième match à Phoenix, Victor Wembanyama a signé sa première grosse perf’, à 38 points et 10 rebonds en 34 minutes.
En revanche, le mois de novembre a été collectivement catastrophique, avec une série de 17 défaites à l’arrivée, période durant laquelle Victor Wembanyama a affronté pour la première fois les Wolves de Rudy Gobert (et Karl Anthony Towns) pour un match plus qu’honorable (29 points, 9 rebonds, 4 passes décisives, 4 contres), une sortie à 8 contres contre Memphis, ou un autre match marquant face au champion en titre, Denver, avec 6 interceptions pour accompagner ses 22 points et 11 rebonds. C’est également à ce moment que Gregg Popovich l’a définitivement replacé au poste 5.
C’est finalement lors d’une autre double confrontation à la mi-décembre, face aux Lakers de LeBron James, que les Spurs ont renoué avec la victoire.
Passé tout près deux jours plus tôt (119-122) contre les « Purple & Gold » malgré ses 30 points, 13 rebonds et 6 contres, il avait sonné la révolte lors du deuxième match en signant 13 points et 15 rebonds pour un succès 129-115.
Son début d’année 2024 a été illuminé par son face-à-face avec Giannis Antetokounmpo dans un duel d’anthologie durant lequel les deux avaient multiplié les actions venues d’ailleurs. « Wemby » s’était notamment distingué avec une « T-Mac » en envoyant le ballon sur la planche depuis la ligne à 3-points pour mieux le claquer dans le cercle.
« C’est en quelque sorte arrivé sur le moment. J’ai vu une ouverture, mais j’ai arrêté mon dribble un peu trop tôt. Mais j’ai de la ressource. Même sans dribbler, je peux faire des trucs », avait-il lancé.
« Pas de limite »
Pour son coéquipier Devonte’ Graham, c’est une autre action qui avait ébloui la rencontre. Lors d’une contre-attaque, Victor Wembanyam avait fait passer le ballon autour de sa taille avant d’écrabouiller un dunk sur la tête de l’un des meilleurs défenseurs de la ligue, Brook Lopez.
« Je le vois se préparer pour faire passer le ballon derrière son dos, et je me dis : ‘OK, c’est difficile à faire’. Mais ensuite, je me dis : ‘Zut, est-ce que c’est Brook Lopez qui arrive ?’. Brook arrivait de derrière, et j’ai cru qu’il était sur le point de le contrer. Mais Victor a à peine sauté. Il a juste levé les bras et a dunké », s’est-il remémoré. « Pour moi, c’était clairement le numéro 1 ».
Même si Giannis Antetokounmpo avait lui aussi sorti le grand jeu et que Milwaukee l’avait emporté, le « Greek Freak » ne pouvait que saluer l’incroyable potentiel affiché par Victor Wembanyama ce soir-là.
« Il n’y a pas de limite tant que vous travaillez dur et que vous gardez une attitude positive et de l’énergie pour le jeu. Tout ce dont il rêve va lui arriver. Je l’ai vu jouer. Il a joué avec mon jeune frère (à l’Asvel en 2021/22). Je suis allé voir quelques matchs. Je l’ai vu se battre, et déjà à l’époque, je savais qu’il allait être spécial. Mais maintenant, le voir jouer contre des joueurs NBA et faire les choses qu’il fait, c’est assez incroyable ».
D’autres moments forts ont marqué son début d’année 2024, avec un peu plus de victoires, et aussi son premier affrontement face aux Wizards de son ancien coéquipier Bilal Coulibaly, avec une fin de match monumentale de sa part pour ramener les siens d’un écart de 12 points pour un succès 131-127 à l’arrivée.
C’est également au cours de ce match qu’il s’est distingué par un « no-look block » sur Tyus Jones, le frère de son coéquipier Tre Jones. Un moment improbable, qui avait laissé toute l’assistance médusée.
« C’était fou. Il s’est tourné, il commençait à regarder de l’autre côté, et je me suis dit que mon frère avait réussi à l’avoir avec sa feinte. Puis il s’est retourné à 360 degrés. Je ne crois même pas qu’il l’ait vu entamer son lay-up. Il s’est simplement retourné et il a deviné où il était. C’était un contre fou. Je sais que mon frère a été surpris », avait d’ailleurs confié Tre Jones.
Des actions que seul lui peut réaliser
Dernièrement, Victor Wembanyama a encore surpris tout son monde en passant un « Shammgod » devant Rudy Gobert, dribble habituellement réservé aux arrières les plus vifs, avant de s’offrir un triple-double à Toronto deux semaines plus tard.
Ce qui est ressorti de cette première partie de compétition, même s’il doit encore affiner sa sélection de tirs et limiter ses pertes de balle, c’est la façon dont « Wemby » peut peser sur le jeu de différentes façons.
« Il a fait un peu de tout. Bien sûr, c’est un joueur talentueux qui peut tout faire. Il a un super flair pour le jeu et ça se voit de pas mal de façons, que ce soit la passe, la prise de décision, ses contres », avait souligné Gregg Popovich après son match à Toronto.
À l’issue du dernier match avant le All-Star Break face à Dallas, Jason Kidd a dressé le bilan de la première partie de saison du numéro 1 de la Draft, assurant que le premier pari de Victor Wembanyama pour son entrée en lice en NBA était réussi haut la main.
« Il réalise une année rookie incroyable. Il y avait beaucoup de hautes attentes, et il les a bien gérées. Il est dans une super situation. Voilà une franchise qui a eu des grands joueurs par le passé et qui ont fini par devenir des Hall of Famers. Il fait un boulot incroyable. Il y a certaines actions que seul lui peut faire, offensivement et défensivement », a ainsi glissé l’ancien meneur.
Les débuts ont été brillants, et son avenir s’annonce tout aussi radieux. De quoi ravir les fans de NBA du monde entier… et inquiéter un peu ses futurs adversaires.
« C’est tellement dur d’imaginer ce que ça peut devenir s’il continue comme ça, et il va le faire, d’ici quelques années de travail. Je n’arrive pas à imaginer comment il va évoluer », s’est notamment demandé Rudy Gobert, qui va très vite le retrouver avant la fin du mois, une fois le All-Star week-end terminé.
Victor Wembanyama | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2023-24 | SAN | 71 | 30 | 46.5 | 32.5 | 79.6 | 2.3 | 8.4 | 10.6 | 3.9 | 2.2 | 1.2 | 3.7 | 3.6 | 21.4 |
2024-25 | SAN | 3 | 31 | 42.9 | 22.2 | 87.5 | 2.7 | 9.3 | 12.0 | 2.3 | 2.3 | 0.0 | 3.7 | 2.7 | 20.0 |
Total | 74 | 30 | 46.3 | 32.0 | 79.9 | 2.3 | 8.4 | 10.7 | 3.8 | 2.2 | 1.2 | 3.7 | 3.5 | 21.4 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.