Ce n’était plus qu’une question de temps, et comme souvent avec Victor Wembanyama, c’est allé très, très vite. A peine 24 heures après avoir frôlé le five-by-five, en échouant pour une petite passe décisive à Sacramento, le Français a remis le couvert contre les Lakers. A Los Angeles, Wembanyama était partout avec 27 points, 10 rebonds, 8 passes décisives, 5 contres et 5 interceptions. Il succède à un autre Européen, le Bosnien Jusuf Nurkic, dernier joueur à avoir réussi pareille prouesse en NBA, le 1er janvier 2019.
Avec ce match XXL, Wembanyama est devenu le 15e joueur des annales de la ligue à signer un « 5X5 » à savoir cinq unités ou plus dans les cinq grandes catégories statistiques du basket (points, rebonds, passes décisives, interceptions, contres). Après Nicolas Batum, il est le deuxième Tricolore dans ce club quasi exclusif :
- Hakeem Olajuwon (à six reprises)
- Andrei Kirilenko (à trois reprises)
- Julius Erving (à deux reprises)
- George Johnson
- George Gervin
- David Robinson
- Derek Coleman
- Vlade Divac
- Jamaal Tinsley
- Marcus Camby
- Nicolas Batum
- Draymond Green
- Anthony Davis
- Jusuf Nurkic
Seul Jamaal Tinsley avait réussi un 5×5 dans sa saison rookie. Mais à 20 ans et 50 jours, il devient le plus jeune joueur à y parvenir de l’histoire ! « Il n’y a pas de plafond pour Wembanyama« , a réagi LeBron James après le match. Un LeBron déjà conquis depuis des mois par le phénomène « Wemby » mais qui a refusé de s’emballer. « Mais qu’on ne se trompe pas non plus, il n’est pas le premier rookie à avoir un impact : Zion, AD, Blake Griffin, Luka Doncic, Kyrie Irving, Tyreke Evans… » Il n’empêche qu’il a lâché un tweet qui en dit long :
https://twitter.com/KingJames/status/1761283287497196022
« Il a un coach exceptionnel qui va s’assurer qu’il fasse les choses de la bonne manière » a ajouté James, eu égard à Gregg Popovich. Ses jeunes Spurs ne sont pas passés loin de faire tomber le vainqueur du Play-In Tournament, ne cédant que dans le dernier quart-temps et confirmant leurs progrès ces dernières semaines malgré leur bilan. San Antonio a été parfaitement mis sur les rails par un Victor Wembanyama ultra-agressif dans le premier quart-temps, et qui a su montrer plus de justesse dans ses choix offensifs.
Un joueur « génial à coacher »
« Il progresse bien, on saute des étapes avec lui » a admis « Pop ». « C’est un joueur génial à coacher, il adore ça, il reçoit très bien les critiques. On travaille sur tous les fondamentaux, les appuis, l’équilibre… Tout ce dont les joueurs débutants ont besoin. Il est meilleur de mois en mois sur beaucoup de ces aspects. Vous avez pu voir son agressivité ce soir, il a été sur la ligne des lancers parce qu’il est allé vers le cercle au lieu de reculer ou d’éviter le contact. Il comprend comment il faut jouer. » De là à voir Gregg Popovich congratuler sa pépite pour son exploit personnel du soir ? « Five quoi ? Je ne réfléchis pas avec ces termes. Est-ce que c’est spécial pour moi ? Vous ne me connaissez pas très bien je crois. Vous en avez besoin pour votre article ? Je m’en fiche royalement. Je me moque des chiffres tant qu’il joue bien et intelligemment. »
Après un léger coup de mou en fin d’année 2023, Victor Wembanyama semble avoir passé un cap dans la lecture des rencontres, et mieux savoir quand prendre le jeu à son compte, et quand attirer les défenses pour mieux faire circuler le ballon. Ses huit passes décisives du soir en attestent, et elles ne disent pas tout de son bon travail dans la distribution contre les Lakers. Sans une maladresse chronique au tir extérieur de ses coéquipiers, le Français aurait pu ajouter un triple-double à sa prestation déjà fabuleuse.
« Ce gamin… Il a un talent immense, aux multiples facettes, il est très technique, mais je pense que sa plus grande qualité, et c’est quelque chose que vous ne pouvez pas enseigner, c’est son esprit de compétition » lui a rendu hommage le coach des Lakers Darvin Ham. « Il fait des actions positives tout le temps. Il essaie toujours de regarder ses coéquipiers, de faire la bonne action pour lui-même ou pour les autres. Et défensivement, il est là pour les chasedown, à changer les tirs, les contrer, à prendre des gros rebonds. Mais ces deux intangibles, rester avec cet esprit-là et faire les actions qui font gagner des matchs, c’est ce qui m’impressionne le plus. »
Son nom à côté de… Michael Jordan !
Gagner, voilà ce qui préoccupait davantage Victor Wembanyama que sa ligne de statistiques. « Wemby » est devenu le deuxième joueur de toute l’histoire à enchaîner deux matches avec cinq interceptions et cinq contres, après Michael Jordan en février 1987. « Je me demande s’il l’a fait durant des victoires » a soupiré le Tricolore. « Quand c’est dans des défaites, pour moi, c’est secondaire. J’espère qu’à l’avenir, je pourrais regarder en arrière et revoir ces performances. Mais pour aujourd’hui, je ne peux pas être satisfait. »
Wembanyama espère désormais « pouvoir jouer plus, avoir plus de minutes pour aider l’équipe » après avoir été l’auteur du five-by-five le plus rapide de l’histoire en tout juste 31 minutes de jeu. « C’est quelque chose que l’on doit voir en équipe, avec les coachs, le staff médical. »