Ça y est, nous y sommes. L’ultime série de playoffs, apothéose de la saison 2023/24, va débuter, et ce sera entre les Boston Celtics et les Dallas Mavericks. Une affiche que peu d’observateurs imaginaient à l’entame de la campagne, même si ce sont surtout les Texans qui ont déjoué les pronostics.
À l’Est, Jayson Tatum et sa troupe ont en effet survolé la saison régulière (64 victoires – 18 défaites), avec la meilleure attaque de la saison (122.2 points inscrits sur 100 possessions) et même de l’histoire. Et la deuxième meilleure défense (110.6 points encaissés sur 100 possessions). Une balade qui a continué en playoffs, malgré la blessure rapide de Kristaps Porzingis, l’équipe n’ayant finalement lâché que 2 rencontres en 14 sorties, avec là encore une vraie marge sur ses adversaires, certes affaiblis : le Heat, les Cavaliers et les Pacers.
À l’Ouest, ce fut plus compliqué pour Luka Doncic et compagnie, mais ils ont écarté les Clippers en six matchs, profitant de la blessure de Kawhi Leonard, avant de prendre le meilleur sur le Thunder en demi-finale de conférence, toujours en six matchs, puis sur les Wolves, grâce surtout à leur meilleure gestion du « money-time ».
Entre des Celtics qui ont développé une formule qui leur permet d’écraser leurs adversaires, et des Mavericks devenus maîtres dans l’art d’exploiter les failles adverses, la partie d’échecs peut débuter…
PRÉSENTATION DES BOSTON CELTICS
Les titulaires : Derrick White, Jrue Holiday, Jaylen Brown, Jayson Tatum, Kristaps Porzingis
Les remplaçants : Al Horford, Sam Hauser, Payton Pritchard, Luke Kornet, Oshae Brissett, Jaden Springer, Xavier Tillman, Svi Mykhailiuk
Les absents : –
Le coach : Joe Mazzulla
POINTS FORTS
– Une formule claire et efficace. Une défense physique, avec beaucoup de défenseurs polyvalents, capables de quasiment tout « switcher » et une attaque qui utilise beaucoup le 3-points pour rouer de coups ses adversaires. La formule développée par Joe Mazzulla est claire et précise, puisque son équipe vient de réaliser une saison historique en termes d’efficacité, seuls les Warriors de l’an passé (1 363) ayant notamment inscrit plus de 3-points sur une saison que ces Celtics (1 351). De quoi enchaîner les séquences de domination qui font très mal à l’adversaire, et ainsi devenir un vrai rouleau-compresseur très compliqué à stopper, une fois qu’il est lancé et en rythme…
– Un duo Jaylen Brown – Jayson Tatum plus moteur que jamais. En décrochant le trophée Larry Bird du meilleur joueur de la finale de conférence Est, Jaylen Brown a montré qu’il avait encore passé un cap, permettant aux Celtics d’avoir une double locomotive dans ces playoffs. De son côté, Jayson Tatum ne tourne qu’à 44% de réussite sur cette « postseason », avec seulement 29% à 3-points, mais il a souvent réussi les bons décalages, notamment dans le « money-time » face aux Pacers. La confiance des Jay’s dans leurs coéquipiers est un aspect clé pour garder la défense adverse étirée au maximum, et permettre à cette attaque de s’exprimer à pleine puissance.
POINTS FAIBLES
– La dépendance à l’adresse extérieure ? Deuxième équipe la plus adroite à 3-points (38.8%) en saison régulière, alors que c’était pourtant celle qui prenait le plus de tirs extérieurs (42.5 par match) par rencontre, Boston reste l’équipe qui shoote le plus de loin en playoffs (39.8%) mais son adresse extérieure a chuté, derrière évidemment la maladresse de Jayson Tatum. Face aux Pacers, cette baisse d’efficacité de loin a permis aux Pacers de rester dans les rencontres, les Celtics ayant eu besoin de renverser plusieurs matchs dans le « money-time ». C’est que Joe Mazzulla n’a pas de créateur d’exception dans son effectif, et son équipe attaque donc de façon méthodique et directe, en ciblant les défenseurs faibles et les « matchups » favorables, pour créer des décalages rapides, tout en limitant les redoublements de passes. Ça peut parfois sembler simpliste ou stationnaire, et c’est bien pour ça que la présence de Kristaps Porzingis est essentielle, car elle permet de punir les défenses adverses dans d’autres zones, le Letton pouvant lui sanctionner les « switchs » poste bas, ou y provoquer les prises à deux.
PRÉSENTATION DES DALLAS MAVERICKS
Titulaires : Luka Doncic, Kyrie Irving, Derrick Jones Jr, PJ Washington, Daniel Gafford
Remplaçants : Tim Hardaway Jr, Josh Green, Dante Exum, Dereck Lively II, Dwight Powell, Jaden Hardy, Maxi Kleber
Absents : Olivier-Maxence Prosper
Coach : Jason Kidd
POINTS FORTS
– Une solidité défensive constante. Face aux Clippers, au Thunder puis aux Wolves, les Mavericks ont réussi à défendre fort, alors que c’était un gros point d’interrogation derrière le duo Luka Doncic – Kyrie Irving. Mais les deux hommes se sont retroussés les manches, et Dallas n’a plus peur car les soldats de Dallas font le travail derrière, Derrick Jones Jr. faisant notamment un gros boulot pour flotter derrière les deux stars afin de limiter les pénétrations adverses, tandis que Daniel Gafford, PJ Washington ou Dereck Lively II ont constamment verrouillé la raquette. Reste que Boston, avec son jeu très au large, représente un défi différent pour la défense de Jason Kidd.
– Les judokas Luka Doncic et Kyrie Irving. Même si on en parle moins, Luka Doncic traîne des blessures depuis le premier tour des playoffs. Le Slovène a toutefois appris à faire avec et même si, à l’instar de Jayson Tatum, son efficacité globale a baissé par rapport à la saison régulière, avec 44% de réussite générale dans ces playoffs, dont 34% à 3-points, c’est sa capacité à exploiter la moindre faiblesse adverse, en maximisant ses coéquipiers, qui est la clé de la réussite de Dallas dans cette « postseason ». D’autant qu’il est bien aidé dans cette tâche par le « joker ultime » Kyrie Irving à ses côtés, capable de faire la différence en un-contre-un contre n’importe qui.
POINTS FAIBLES
– Trop de pression sur Derrick Jones Jr ? Le duo Jaylen Brown – Jayson Tatum représente un défi nouveau pour la défense des Mavericks, avec deux ailiers à contrôler en simultané, tant sur les pénétrations qu’à 3-points. La blessure de Kawhi Leonard au premier tour avait évité ce casse-tête, tandis que le Thunder et les Wolves ne sont pas dans cette configuration. Qui tiendra les duels en un-contre-un face au tandem celte, alors que Derrick Jones Jr. est le seul spécialiste défensif sur les ailes, et qu’il a également un rôle majeur de couverture derrière son propre « backcourt » ? Ce sera une question pour Dallas, qui doit trouver des façons de tenir collectivement.
LES CLÉS DE LA SÉRIE
– L’état de forme de Kristaps Porzingis. L’intérieur letton sera là, dès le Game 1 des Finals. Sauf qu’il n’a pas joué depuis le 29 avril, et qu’il ne peut forcément pas promettre qu’il sera à 100%. Les Celtics auront pourtant besoin de lui face à Dallas, l’adversaire le plus solide qu’ils vont affronter dans ces playoffs. De sa capacité à écarter le jeu, à punir les « switchs » défensifs poste bas et à provoquer les aides depuis cette zone, de sa taille et de son intimidation en défense. S’il est diminué, Boston va devoir beaucoup s’appuyer sur l’éternel Al Horford mais ce dernier a beaucoup été attaqué par les Pacers au tour précédent, et Luka Doncic ne s’en privera pas…
– L’adresse à 3-points de Jayson Tatum et Luka Doncic. Parler de l’adresse extérieure comme d’un point clé est un peu devenu une facilité dans la NBA actuelle mais pour Jayson Tatum et Luka Doncic, c’est une réalité. Si l’ailier des Celtics retrouve la mire, ça risque d’être très compliqué pour Dallas tant il est compliqué de couvrir tout l’espace réclamé par l’attaque de Boston. Pour son homologue des Mavericks, c’est un peu tout ou rien dans ces playoffs à longue distance, puisqu’il shoote soit à moins de 36% de loin, soit à plus de 46% ! Sur les six matchs où il brille de loin, Dallas s’est toujours imposé, alors que l’équipe a un bilan de 6 victoires pour 5 défaites lorsqu’il est à 36% ou moins à 3-points. La bonne nouvelle, pour Dallas, c’est que son leader a réussi cinq de ses six matchs à plus de 46%… sur les sept dernières rencontres. Eviter que Luka Doncic ne chauffe de loin, sans lui laisser d’ouvertures pour ses coéquipiers dans le dos de la défense, dans les airs ou dans les coins, sera essentiel pour Boston.
– La défense dans le « corner ». Les shoots dans le coin ont été une arme extrêmement précieuse pour Dallas dans ces playoffs, en particulier face à Oklahoma City. Les Mavericks sont l’équipe qui a le plus tenté sa chance dans le coin durant cette « postseason », grâce aux décalages de Luka Doncic, avec un superbe 40.3% de réussite dans l’exercice. Mais Boston fait de son côté un gros travail, grâce à sa défense très polyvalente, pour limiter ces opportunités, et y tenir ses adversaires à 23.5% dans ces playoffs.
– Les nerfs. La pression monte graduellement en playoffs, pour atteindre son paroxysme en Finals. En 2022, Jayson Tatum et les Celtics avaient été écrasés par un Stephen Curry stratosphérique et les lumières aveuglantes de la plus grande scène de la NBA. Ils doivent désormais montrer qu’ils savent gérer cet environnement, mais Kyrie Irving et Luka Doncic n’y sont pas forcément immunisés. Le premier a beau avoir mûri, et tenté de calmer les choses avant son retour très attendu devant son ancien public, il va sans aucun doute être chahuté par les bouillants et provocateurs fans du TD Garden, et il va devoir garder la tête froide. Quant à Luka Doncic, s’il est dernièrement parvenu à canaliser sa frustration en la dirigeant contre quelques fans ou adversaires, il doit éviter qu’elle ne déborde à nouveau, car c’est là qu’il sort des matchs, en s’emportant contre tout le monde, même ses coéquipiers.
SAISON RÉGULIÈRE
Boston, 2-0
– 22 janvier : Dallas – Boston (110-119)
– 1er mars : Boston – Dallas (138-110)
VERDICT
Qui sera le sixième champion différent sur les six dernières campagnes en NBA ? La raison fait logiquement pencher vers Boston, avec un groupe qui arrive à maturité et qui peut s’appuyer sur le revers de 2022 pour préparer ces Finals, avec le retour de Kristaps Porzingis en plus.
Mais la beauté de la NBA, et en particulier des playoffs et des Finals, c’est que la « raison » est souvent mise à mal par la vérité brutale du terrain, les « matchups » et l’équilibre entre forces et faiblesses des deux équipes.
Avec Derrick White et Jrue Holiday, les Celtics ont des défenseurs pour freiner Kyrie Irving, mais parviendront-ils aussi à limiter Luka Doncic et toutes les options que celui-ci peut utiliser ? La défense des Mavericks réussira-t-elle de son côté à contenir le jeu au large de Boston, alors que Dallas a jusqu’à présent excellé dans l’art de fermer sa raquette ? Qui seront les facteurs X ? Autant de questions dont on attend les réponses…
CALENDRIER
Game 1 : à Boston, jeudi 6 juin (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi).
Game 2 : à Boston, dimanche 9 juin (02h00, dans la nuit de dimanche à lundi).
Game 3 : à Dallas, mercredi 12 juin (02h30, dans la nuit de mercredi à jeudi).
Game 4 : à Dallas, vendredi 14 juin (02h30, dans la nuit de vendredi à samedi).
Game 5* : à Boston, lundi 17 juin (02h30, dans la nuit de lundi à mardi).
Game 6* : à Dallas, jeudi 20 juin (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi).
Game 7* : à Boston, dimanche 23 juin (02h00, dans la nuit de dimanche à lundi).