Le Soudan du Sud a fait trembler Team USA samedi, ratant simplement le panier de la gagne. L’équipe sud-soudanaise s’est ainsi inclinée d’un petit point (101-100), la faute à un LeBron James en mode sauveur et peut-être à une faute non sifflée d’Anthony Edwards sur l’ultime rebond offensif de Wenyen Gabriel.
Avant de participer à leur première compétition olympique, ce match face aux USA était l’occasion de se tester face à la plus grande nation du basket, mais aussi l’occasion de représenter la plus jeune nation du monde.
« Je suis heureux que nous ayons pu représenter notre pays. Beaucoup de gens dans le monde ne connaissaient pas le Soudan du Sud, mais aujourd’hui, nous avons pu représenter notre pays avec fierté, mener un bon combat et leur montrer le potentiel de notre pays, » estime Wenyen Gabriel. « Ce fut un moment de fierté pour beaucoup de gens. Évidemment, nous voulions gagner, nous avons très bien joué et je suis vraiment fier de mes coéquipiers, du cœur dont nous avons fait preuve, du dévouement et du fait d’essayer de faire respecter notre nom et de faire respecter notre pays. »
« Un groupe de réfugiés »
Le pays, qui est indépendant depuis 2011, n’est ainsi sur le circuit FIBA que depuis 2013, mais Luol Deng, à la tête de la Fédération, a assemblé une équipe qui dépasse le cadre du basket.
« Nous n’avons pas de terrains de basket couverts dans notre pays. Nous sommes un groupe de réfugiés qui se réunissent quelques semaines par an, en faisant de notre mieux et jouant contre certains des meilleurs joueurs de tous les temps, » ajoute Wenyen Gabriel. « Pour nous, c’est plus grand que le basket. Nous voulons montrer aux gens que nous pouvons rivaliser et faire comprendre que le basket en Afrique a de l’avenir. Ce n’est qu’une question de temps avant que la prochaine génération ne soit formée. »
Lui-même réfugié, l’ancien des Lakers a rejoint les Etats-Unis pour fuir la guerre civile, lorsqu’il n’avait que trois ans. C’est l’histoire de cette équipe, qui attend d’ailleurs la décision de la FIBA au sujet de la dérogation de Thon Maker, qui a déjà joué avec le maillot australien.
« Il y a un milliard de personnes dans le pays qui ne sont pas différents de nous. Nous avons pu nous montrer et arriver à ce niveau, grâce à toutes ces opportunités. En ayant accès à des installations, j’ai de mon côté grandi aux États-Unis mais beaucoup d’entre nous en Australie, certains au Canada, » continue Wenyen Gabriel.
Un symbole d’unité
Briller aux premiers Jeux Olympiques de l’équipe serait parfait, pour montrer la fierté de représenter le pays dans lequel beaucoup n’ont pas pu grandir et permettre à la population de se rassembler.
« Beaucoup n’ont pas la possibilité de jouer au basket pour gagner leur vie, de mettre des paniers, ils doivent aller pêcher pour se nourrir, ou faire différentes choses pour survivre. Aujourd’hui, c’était un exemple et quelque chose qui nous rassemble. Nous avons été un pays déchiré par la guerre, qui a connu beaucoup d’effusions de sang chaque année. C’est le moment de partager quelque chose ensemble, qu’on arrête de se regarder différemment. C’est un petit pays, 11 millions d’habitants, mais aujourd’hui nous avons pu être unis. Nous espérons pouvoir continuer à faire des choses différentes à l’avenir, être unis, continuer à construire notre pays, afin que nous puissions tous être fiers de dire que nous sommes originaires du Soudan du Sud, » conclut Wenyen Gabriel.